Y a pas à dire, Duncan Jones est un réalisateur prometteur, après un premier film (Moon) incroyable et un énorme succès critique, il revient avec un second long-métrage au budget 8 fois plus important pour nous resservir de la science fiction. Mais avec Duncan Jones, ce genre ne rime jamais avec spectaculaire, ses 2 films sont au final assez proches avec pour thème l'exploration de l'intérieur d'un héros qui se retrouve seul. Une thématique qui semble lui être chère. Mais ne vous y trompez pas, Source Code n'est pas une copie de Moon et le réalisateur nous propose des scénarios totalement différents.

La réalisation est bonne. Colter Stevens (Jake Gyllenhaal), le personnage principal, est au cœur d'une conspiration. Le script laisse beaucoup d'interrogations dont les réponses seront apportées au fil de l'histoire. Le premier quart d'heure est très orienté action mais au fil des minutes, il se recentre sur la personnalité de notre héros militaire et son histoire personnelle. Grâce à des images très dynamiques, un montage nerveux, des plans très serrés et une mise en scène qui privilégie l'intime au spectaculaire, Duncan Jones prouve à nouveau son talent et son savoir-faire, il sait manier la narration et jouer avec le spectateur en l'embarquant dans de fausses pistes.

Le scénario de Source Code, au-delà le fait de montrer comment notre héros va débusquer le terroriste au milieu de dizaines de personnages potentiellement suspects (ce qui est déjà intéressant), va davantage se concentrer sur la recherche d'identité de ce militaire qui se retrouve dans une mission étrange sans savoir pourquoi et sans se souvenir de comment il est arrivé là. C'est bien là le point fort du film, une double lecture qui relance l'attention du spectateur et qui est savamment orchestrée par des indices apportés au compte goutte qui ne révèlent jamais l'ensemble de la machination.

Mais le scénario de Source Code souffre tout de même de répétitions inéluctables à ce genre de film. En effet, l'histoire se répète indéfiniment et à la longue on se lasse du recommencement de la mission de notre héros. Ce qui nous donne un film qui tire en longueur et qui peut perdre de nombreux spectateurs. Autre point négatif : un final gâché par une morale sur l'amour et le bonheur qui ne colle pas du tout avec un scénario de science fiction. On aurait aimé un peu plus d'originalité et de profondeur dans cette fin.

Jake Gyllenhaal (Donny Darko, Love et autres drogues) propose un rôle intéressant mais il faut bien admettre qu'il manque de charisme dans un film entièrement centré sur son personnage. Pour lui donner la réplique, Michelle Monaghan (Somewhere) est tout bonnement mauvaise, elle propose un rôle sans fond qui ne convainc jamais. Enfin Vera Farmiga (Esther) s'en sort magistralement avec le rôle le moins évident, un double jeux constant qui ne laisse rien transparaître.

Bilan : Duncan Jones pour son second film confirme les espoirs qu'il avait suscités avec Moon. Un nouveau prince de la science fiction qui sait manier la caméra et qui propose toujours une alternative au spectaculaire. Dommage que le scénario manque de fond.
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le 23 déc. 2011

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