Spectre
5.9
Spectre

Téléfilm de Mateo Gil (2006)

Ultime segment de la saga Películas para no dormir, c’est Mateo Gil, réputé pour être le scénariste de trois films de Alejandro Amenábar (dont l’excellent Abre los Ojos), qui prend les choses en main avec la lourde tâche de conclure de la plus belle des manières le programme espagnol, seulement encore un fois c’est discutable, c’est dommage car certains aspects de l’histoire sont plutôt intéressants.


Tomás, un homme endeuillé suite au suicide de sa femme retourne dans son village d’enfance 40 ans après s’être exilé de l’Espagne, la cause : une carte de tarot représentant l’amour reçu par courrier, un signe de son passé passionné et mystérieux. Là bas il retrouve ses amis et va se souvenir d’un temps où il fut littéralement tombé sous le charme de Moira, une très belle femme retirée dans une maison isolée, en raison de sa solitude et son célibat elle est considérée par les villageois, majoritairement fanatiques religieux, comme étant une sorcière et une putain.


Ce film ne m’a au final que très peu inspiré globalement, je dirais surtout qu’il se dégage une belle atmosphère de nostalgie torturée, de douceur, de sensualité et quelques parcelles horrifiques, mais je pense qu’il aurait surement mérité de faire l’objet d’un long métrage pour davantage développer les personnages et certaines séquences, par exemple l’introduction qui est censée nous présenter la détresse de Tomás est un peu trop brève et survolée, ce qui fait que l’assimilation est faiblarde, et ça ne sera pas forcément appuyé par la suite, c’est assez bizarre. Gil s’intéresse avant tout aux souvenirs avec de nombreux flashbacks très bien montés, il y a une certaine fluidité dans le rythme, ce qui rend le visionnage agréable, la réalisation montre des qualités sans forcément transcender son sujet. Le côté épouvante n’est que peu présent étrangement, enfin dans le sens où il n’est pas gratuit, il doit y avoir deux-trois scènes sur 1h15, dont une dans la salle de bain qui est franchement terrifiante, le fantôme de Moira reste une figure gravée au fer rouge dans la mémoire de Tomás, enveloppée d’un drap taché des cendres d’un sinistre incendie, depuis son retour dans son petit village natal elle le hante, la maison de cette prétendue sorcière reste le théâtre de fantasmes envoutants, il va s’y rendre pour les faire ressurgir.


Contre toutes attentes le thème de la sorcellerie n’est pas nécessairement présent en tant qu’élément central, du moins pas la sorcellerie clichesque que l’on connait au cinéma ou dans la culture populaire, Moira en est limite une antithèse, elle est vêtue de blanc de la tête aux pieds, légère, naturelle et bienveillante, une sorte de nymphe angélique, paradoxalement se sont les villageoises qui apparaissent comme des mégères diaboliques, celles qui montrent du doigt cette femme marginale et n’hésitant pas à nourrir les pires rumeurs. C’est le charme attractif de Moira qui agit comme un ensorcellement auprès de Tomás, le faisant perdre pied, il prend l’habitude de venir l’espionner la nuit, et un soir il l’aperçoit au lit avec le diable selon ses dires, il prévient sa mère et cette trahison engendrera un assaut vengeur sur la maison de la pauvre femme. Les dernières 20 minutes sont sans doute les meilleures du film, il y a un petit lot de révélations et certaines énigmes se dénouent, dont la plus cruciale qui trouvera une issue paranormale assez bien écrite, même si je n’ai pas vraiment saisi le final, soi il y a une symbolique sous-jacente qui m’a échappé soi c’est une preuve de laxisme scénaristique pour conclure l’affaire au plus vite, le dernier plan est déconcertant.


Cet ultime épisode vient tout de même clôturer convenablement une saga assez enrichissante en matière d’épouvante à l’espagnole, il est en quelque sorte sa synthèse, avec des éléments attrayants, une dramaturgie, des références, mais qui peu parfois tomber dans des raccourcis d’écriture sans doute dus au format moyen métrage ou à la qualité intrinsèque du réalisateur.

JimBo_Lebowski
6
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le 3 avr. 2015

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JimBo Lebowski

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