La fratrie Wachowski , après cinq ans d'absence du point de vue de la réalisation avec le calamiteux Matrix Revolutions, décide d'adapter l'oeuvre éponyme de Tetsuo Yoshida, dont je n'ai aucune connaissance.
Le film réunit un casting d'enfer: John Goodman déguisé en Super Mario Bros, Susan Sarandon, plus MILF que jamais, une Christina Ricci plus que pimpée, un Matthew Fox trop classe et un Emile Hirsch transparent (aussi le très grossier Melvil Poupaud - l'insupportable gamin de Conte D'été de mon Rohmer chéri). Bref, l'histoire est convenue, un gars qui fait la course de sa vie pour venger son frère et qui éblouira le monde entier, blablabla!
Cependant, le film innove dans sa manière de narrer cette histoire, les Wachowski nous montrent au combien ils savent manipuler une caméra avec l'un des montages peut-être les plus insupportables vus jusque-là. On pourra certes leur reprocher un montage qui donnera la nausée, mais merde quand même, quel montage, quel rythme, ça part dans tous les sens, une vrille constante, une expérience sous acides sucrés. La clef du film, c'est le mouvement, c'est son seul but, des scènes brillantes le montreront, comme la discussion en voiture partagée entre les trois pilotes par des ultra zooms, trippants et intéressants.
La synthèse du mouvement, la résolution de Speed Racer se trouve certainement dans cette ultime course, explosive, qui cependant semble trouver un calme sans précédent, lorsque les bolides dans une vitesse inconsidérable cotoîe des images fixes montrant la décomposition du galop d'un zèbre. Cela a pour effet d'animer le zèbre, de le faire galoper avec les pilotes, réelle idée du film qui synthétise la découverte-même du mouvement avec l'expérience de Muybridge. Un hommage intelligent et référencé, qui me fait regretter ce qu'aurait pu être Speed Racer, une révolution cinématographique.
Il se contente seulement d'être un film entre deux rives, pas assez populaire, pas assez expérimental, en gros inachevé. À l'image de cette scène où le personnage central atteignant la ligne d'arrivée, rentre dans un trip hallucinatoire, bien trop court pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur (comme si Kubrick nous coupait la superbe séquence du voyage de Jupiter de 2001). On tenait une putain d'idée, dommage.