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Spetters
7.3
Spetters

Film de Paul Verhoeven (1980)

Lisa me rejoint pour le dernier film de la journée, projeté dans le cadre du Cabinet de Curiosités, Spetters de Paul Verhoeven est le portrait cru et sans concession d’une certaine jeunesse néerlandaise dans les années 80, entre les potes, les amours, les conneries et les rêves brisés. Les quelques notes de la mélodie synthétique lors du générique de début nous font rentrer dans le film avec une sorte de souffle épique électrisant, et quasiment instantanément, on s’attache à cette jeunesse populaire. Le film, à sa sortie, fut vilipendé par la critique, qui traita le cinéaste de réalisateur vulgaire. Des associations féministes, homosexuels, religieuses et les syndicats de police et de commentateurs sportifs manifestaient devant les cinémas pour faire interdire la diffusion du long-métrage. Le film, cru et frontal, ne prend pas de pincettes pour aborder la jeunesse de ces quelques losers, jeunesse sous éduqué, qui n’aspire qu’à une vie meilleure et qui ne gère l’altérité que dans le conflit. La grandeur du film de Verhoeven est qu’il n’analyse jamais la situation à travers le prisme d’une morale bourgeoise bien pensante, mais donne l’impression de filmer des humains dans toutes leurs contradictions et leurs frustrations. La photographie naturaliste donne au long-métrage un ton encore plus réaliste, mais grâce à un ton toujours optimiste, le long-métrage ne s’apitoie jamais sur le sort de ces protagonistes, mais porte et avance avec eux, dans ce même souffle épique qui ouvre l’œuvre. Verhoeven est un des rares cinéaste à avoir toujours su se moquer de la critique sérieuse, ne rentrant jamais dans ce cercle d’une bien-pensance auteurisante et pseudo psychologique. En voyant un film comme Spetters, je ne peux m’empêcher de penser aux cinéastes du Free Cinema, qui avant de faire de la fiction, allait filmer les jeunes ouvriers, immigrés, lycéens, prolétaires des banlieues industrielles de l’Angleterre d’après-guerre, avec toutes ces scènes de rues, dans lesquelles, enfants jouent dans les ruines d’un Londres dévasté par les bombardements, et qui n’aspiraient qu’à une vie meilleure, celle qui nous ai promis dans les pubs à la télé, celle d’une classe moyenne agonisante qui pense que le bonheur s’achète comme on achète une cocotte minute. C’est là tout le drame social de Spetters, c’est d’avoir réussi à faire un film d’auteur populaire et non populiste, dans laquelle la quête du bonheur et de la réussite peut prendre des chemins parfois incongrus, parfois tragiques, parfois heureux, mais à chaque fois humain.


Tiré du journal du festival des Hallucinations Collectives 2016 : lire l'article entier sur mon site...

VictorTsaconas
8
Écrit par

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Créée

le 9 avr. 2016

Critique lue 251 fois

Victor Tsaconas

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