La presse française, celle de la connivence, s'évertue régulièrement à porter aux nues un film de genre. L'union parfait de cette tendance hexagonale se trouvant au point de ralliement entre film de genre réalisé par un Français et film à portée internationale. Là c'est le pied pour nos commentateurs: formules toutes faites, mots valises mille fois égrainés, remerciements universels, acceptation à titre exceptionnel d'un populisme intellectuel.
Splice, sans rien demander, a répondu à cette attente, qui finalement, n'aura pas été si longue depuis le terrifiant Piranha, 3D s'il vous plaît. Parce que s'il y a bien une troisième dimension sur ces écrans 2D plats, c'est bien la religion du consensus mou à louanger un film d'un genre dont on est détenteur d'une culture bâtarde et incomplète.Splice donc, est issu du cerveau du faiseur de l'excellent Cube, de Cypher et de Nothing. Fort de ces expériences mi-scientifiques mi-philosophiques, Natali propose ici de réfléchir sur les manipulations génétiques. Mais pas que cela, et c'est précisément là le souci. Loin de se contenter de la droiture sans concession émotionnelle et commerciale d'un sublime Gattaca, Natali se fourvoie dans un inconcevable mélo disons hollywoodien digne du bas-de-gamme des séries télévisées.
Ne possédant de toute façon pas la moindre véracité scientifique, Splice porte finalement très mal son nom (raccord en somme en Français), en s'enfermant d'abord aussitôt dans le crétinisme de personnages supposés intelligents mais aux réactions d'ados à peine post-boutonneux. Mais il ne s'arrête pas en si mauvais chemin...
Déjà donc, on ne croit plus à la teneur intellectuelle questionnant l'humain, décrit par les détenteurs de la vérité. L'entreprise apparaît fausse. Le film abandonne dès lors toute consistance scientifique. Mais vous lirez les mots dérangeant, troublant et émotion dans la presse... Ok, on en prend note, on passe à la suite.
A-t-il alors les prétentions d'un film d'horreur ou de fantastique..? Non ou très peu. Sans rythme, sans variété, dénué de toute expérience formelle, Splice ennuie profondément et se contente réellement de mettre en avant ses effets spéciaux pour le moins réussis. Soyons clairs, Natali a posé sa caméra et a oublié de tourner un film de cinéma, montrant un raccord homme-chose couinant pour émouvoir. On en est à ce stade de non-cinéma. Un soupçon de curiosité d'abord, s'efface ensuite devant le manque d'aboutissement du sujet. Tant pis. On balance un couple de gamins handicapés et mentaux et sentimentaux, et on prie pour que les gens n'y voient aucune incohérence... Enfin, on place des éléments choquants censés poser des questions, comme le transfert émotionnel vers cette création monstrueuse, l'attirance sexuelle, le viol, etc... Frankenstein version débilité ambiante...
Au final, Splice se laisse regarder un moment, puis on s'ennuie et on râle d'être pris pour des cons décérébrés et des ados clients du mythe du vampire sauce paillettes... Mais ça marche, puisqu'on ne donne que ce type de recettes régime sec aux gens toute l'année! Les gastronomes eux se tourneront vers autre chose, espérant toutefois que ce succès relatif de Natali lui permettra d'engranger pour ensuite créer.