"Spring Break" est une poésie de désillusion, une représentation fantasmée et saturée de la réalité!
"Spring Breakers" est une poésie de désillusion, une représentation fantasmée et saturée d’une réalité vulgaire et naïve portant sur la jeunesse d’aujourd’hui. Harmony Korine réunit tous les artifices visuels et sonores de la pop-culture actuelle et nous livre un clip volontairement lassant d’une heure et demie, une fresque boostée à l’hallucinogène mais totalement vide de l’intérieur, à l’image de la société que Korine dénonce ici avec subtilité...
"Spring Break... Spring Break... Spring Break Forever". S'il y a bien une phrase à retenir de ce film, c'est bien ce texte déclamé à maintes et maintes reprises par James Franco. Une phrase nous invitant à prendre part à la fête mais prononcée sur un ton morne, répétitif et lassant à force de l'avoir entendu. Cette phrase est exactement à l'image du film, un teen-movie totalement boostée à l'hallucinogène qui tourne en rond, nous ébloui volontairement avec rien et nous lasse avec le temps. "Spring Break" est une poésie de désillusion, un portrait saturé mais sans jugement direct de la jeunesse d'aujourd'hui.
Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Ashley Benson et Rachel Korine incarnent 4 filles partant en vacances pendant la période dite "Spring Break". Enchaînant fêtes, se livrant à la drogue, aux boissons et au sexe sans retenue, elles finissent par croiser la route de Alien (James Franco), un dealer de drogue et d'armes au look rapeur pour qui la période de "Spring Break" n'a jamais de fin... L'histoire de "Spring Break" n'a pas vraiment d'intérêt en soi, car elle ne porte que sur des éléments anectodiques et sans grand intérêt. Ses effets visuels et sonores ainsi que son côté répétif par contre constituent l'élément majeur et, en quelques sortes, le discours du film...
Le réalisateur Harmony Korine utilise tous les artifices la pop-culture des jeunes d'aujourd'hui pour mieux la dénoncer : un style visuel aux couleurs saturées, du mouvement, un montage cut, des effets ralentis et des musiques très "dance" de Skrillez rendent le film très proche des clips musicaux pop-dance et sont balancées à la tête du spectateur pendant plus d'une heure et demie. Si le début commence par nous attirer, peu à peu le film s'allonge et se répète, transformant notre intérêt en plaisir coupable, puis en ennui, avant de finir par nous déranger et nous poser définitivement problème. Vous voulez la voir, cette jeunesse dépravée, envieuse de sexe, de boissons et de fêtes ? La voilà pendant 1h34, et maintenant supportez-là aussi longtemps que possible ! Plutôt que de les dénoncer, Korine nous laisse en réalité observer les comportements de ces quatre jeunes filles pendant suffisamment longtemps de manière à éveiller notre esprit critique.
Ainsi donc, si la mise en scène d'Harmony Korine est saturée, mouvementée et over-boostée, tout n'est en réalité qu'apparence... une représentation fantasmée du monde réel, de sa vulgarité, de sa naïveté et de sa basesse... Si l'histoire suit le parcours de 4 filles, Korine ne fait pratiquement jamais de distinction entre celles-ci, si bien que le spectateur lui-même en vient parfois à les confondre entre elles. Mais au fond, cela n'a aucune importance, car le véritable protagoniste du film est Alien, car c'est celui qui ne connaît aucune limite, un être vivant d'une apparente et séduisante liberté, mais dont le fond et la personnalité sont dénuées de sens et d'intérêt, au même titre que ce "Spring Break" infini et saturé est vide de l'intérieur, et au même titre qu'une partie de notre société actuelle... Celle-là même que Korine nous dénonce indirectement à travers sa mise-en-scène fantasmée.