Stand by Me Doraemon
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Stand by Me Doraemon

Long-métrage d'animation de Ryuichi Yagi, Takashi Yamazaki et Tony Oliver (2014)

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Plus de quarante ans d’existence. Un manga en 45 volumes vendu à plus de cent millions d’exemplaires à travers le monde, au gré d’une prépublication étalée sur vingt ans. Plusieurs séries cumulant plus de deux mille épisodes. Des dizaines de jeux vidéo…. Au Japon, la franchise Doraemon est un mastodonte d’une exceptionnelle longévité. Une marque d’une popularité telle qu’elle a encore placé ses deux longs-métrages sortis l’an dernier dans le top 10 du box-office japonais de 2014. Stand by me Doraemon est même le second plus gros succès de cette année là, derrière l’inaccessible Reine des neiges.
36ème film de la saga, dont la tradition de sortir un long-métrage d’animation par an remonte à 1980, il est surtout le premier en images de synthèse. Une volonté ouverte d’atteindre un nouveau public qui se double logiquement d’un reboot, dans la mesure où l’histoire qui nous est narrée est celle de la rencontre entre le chat-robot éponyme et Nobita, un jeune garçon qu’il va aider à devenir heureux. Réalisé par Takashi Yamazaki (réalisateur du diptyque live Parasite) et Ryûichi Yagi, Stand by me Doraemon fête en outre le 80e anniversaire du créateur de cet univers, l’immortel Fujiko Fujio. Voilà pour les présentations.


Lorsque Michihiko Umezawa, producteur exécutif du film (rencontré au dernier festival d'Annecy) nous précise avant la projection que l’histoire est très simple, on le croit volontiers. Parce qu’il investit pour la première fois le marché des images de synthèse, on se doute que les risques pris par Stand by me Doraemon (budget à la hausse, public habitué à l’animation traditionnelle depuis plusieurs décennies) iront de mise avec un scénario qui ne se risquerait pas à déstabiliser son auditoire, profanes comme familiers de la franchise. Par sa compilation et son adaptation de sept des épisodes préférés des japonais, le film va même jusqu’à afficher ouvertement sa prudence en titillant la fibre nostalgique des habitués. Un parti-pris sans aucun doute critiquable mais que la présence du film dans la sélection officielle du festival d’Annecy valide avec succès certain : déjà présenté dans plusieurs pays européens, Stand by me Doraemon est en train de réussir son pari, celui de s’accaparer un nouveau public, ici international.


Basé sur l’amitié naissante entre Doraemon et Nobita, le long-métrage réussit en partie sa mission. Car avec sa mascotte terriblement attachante (outre sa bouille réclamant les câlins, Doraemon se révèle plutôt drôle), sa galerie de gadgets farfelus et inventifs, son protagoniste doué en rien, ses voyages dans le temps et sa panoplie de morales encourageant les enfants à se prendre en main et à garder confiance en eux malgré les circonstances, le film de Yagi et Yamazaki est un divertissement tout à fait recommandable et mignon comme tout. Une sucrerie qui parvient même à surprendre agréablement dans sa gestion des poncifs. Ainsi le montage intègre-t-il progressivement Doraemon dans le quotidien de Nobita, sans que l’on ait à s’attarder sur les réactions évidentes de son entourage. De même, les habituelles considérations liées aux voyages dans le temps (théorie du chaos et compagnie) n’ont pour la plupart pas leur place ici, le scénario allant jusqu’à confronter Nobita et son arrière-arrière petit-fils au bout de dix minutes de film. Bref, Stand by me Doraemon a les atouts nécessaires pour séduire les nouveaux venus.


Hélas, il a aussi ses limites qu’un reboot ne pourrait justifier. Si l’utilisation des images de synthèse trouve tout son intérêt lors de ponctuelles et réjouissantes séquences de vols ou dans son usage des ralentis et de la stéréoscopie, le film ne cherche jamais à s’émanciper de son illustre héritage. La faute à une mise en scène trop respectueuse du manga d’origine, qui gagne en déférence ce qu’elle perd en ampleur. Filmage à hauteur d’enfant, nombreux plans fixes ou découpage caractéristiques des cases du manga ou de l’animation télévisuelle japonaise 2D, Stand by me Doraemon n’a jamais l’ambition que ses moyens lui autorisent. Dommage, quand ce parti-pris aurait très bien pu s’avérer cohérent à l’aune d’un récit liant présent et futur. Hélas, le film privilégie clairement une mise en scène pensée en 2D, empêchant en cela d’y voir une sorte de pont visuel dressé entre deux générations de spectateurs. Le film accuse même un certain retard dans la qualité de ses CGI, une habitude au Japon, au moins contrebalancée par une attention bienvenue portée à la lumière.


Malgré tout, il est un film un peu vain qui ne devrait pas supporter plus d’une seconde vision. Au moins restera-t-il tout de même une sympathique porte d’entrée vers un univers qui dissimule peut-être quelques très bonnes surprises.

Créée

le 18 sept. 2015

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