L'épisode III est l'ultime de saga, la pierre angulaire de l'oeuvre de Lucas qui nous apprend enfin ce qui a conduit à la chute des Jedi et au basculement d'Anakin vers le côté obscur, sa transformation en Dark Vador, le méchant le plus charismatique du cinéma. Tandis que la trilogie faisait le récit épique de Luke Skywalker triomphant du mal, la prélogie se concentre sur l'histoire d'Anakin Skywalker et de sa tragédie ou comment un héros qui, promis à un destin exceptionnel, va connaitre la déchéance par l'attachement au Bien et courir à sa perte, pour connaitre par la suite la rédemption par la filiation et ainsi ramener l'équilibre dans la force.


A l'époque il fallait attendre trois ans avant de découvrir les nouveaux films. Je n'ai réellement connu l'attente qu'entre l'épisode II et III et je me souviens de l'exaltation à la moindre découverte d'une bande-annonce de l'épisode III à la télévision. A l'époque je n'avais pas encore internet et je patientais en revisionnant mes veilles cassettes vidéo, qui n'étaient pas si vielles que ça pour l'époque, j'explorais le rayon presse de carrefour en quête de nouvelles informations et photos sur le film, en plus du traditionnel Lucasfilm magazine, alors même que Lucas n'avait pas encore statué sur le titre du film, je jouais avec mon sabre hasbro, mes figurines et mon vaisseau chasseur d'Obi-wan Kenobi dans l'épisode II. Je crois que j'ai rarement vécu un événement qui suscitait autant d'engouement. Le festival de Cannes de 2005 a d'ailleurs marqué mes esprits notamment l'interview qu'avait donnée Lucas et Hayden Christensen au JT de France 2.


C'est avec enthousiasme et tristesse que j'ai appréhendé la sortie du dernier épisode car je savais que le ton du film serait résolument plus sombre et ça représentait également pour moi la fin d'un mythe, l'idée que je ne reverrai plus jamais Star Wars dans une salle de cinéma. Cet épisode est aussi le premier film qui m'a ému aux larmes, a l'époque j'avais 12 ans et cette capacité à ressentir une telle émotion en regardant un film marque aussi pour moi la transition de l'enfance vers l'adolescence. Depuis je me suis émue devant bien d'autres films mais Star Wars: Episode III-La revanche des Sith fut le premier.


Cet épisode marque donc l'accomplissement de l'oeuvre de Georges Lucas, l'achèvement d'années de travail acharné et la consécration du progrès technique dans le cinéma. Georges Lucas a révolutionné le cinéma et pour cette raison on ne peut rester indifférent devant Star Wars. Avec l'épisode III, nous assistons à la chute des Jedi et l'avènement de l'Empire, froid et austère qui a tant fasciné dans la première trilogie. Tandis que l'épisode I et II montraient une République forte et prospère, dans cet épisode III, la corruption règne en maître et gangrène la République. Tout est remis en question et devient incertain: le destin d'Anakin, la toute-puissance des Jedi, Dans cet épisode, on tombe les masques pour le meilleur....et pour le pire .


Ce qui est fascinant avec Star Wars est cette figure du Mal absolu, Dark Vador, qui est à la fois le bourreau et la victime. C'est là toute la tragédie d'Anakin Skywalker, et l'idée que Dark Vador était autrefois un héros, promis à l'accomplissement de grandes choses, incarnant l'espoir, et qui, se sentant trahi par les siens tomba sous le joug d'un homme machiavélique, et se détourna de sa voie, déchu. En effet, depuis le décès de sa mère, Anakin est rongé par la culpabilité et vit dans la peur de l'échec et de la perte d'êtres qui lui sont chers. Il se sent impuissant d'autant que le Conseil Jedi se méfie de lui et le met à l'écart de toutes les décisions, ce qu'il vit très mal. Désormais hanté par des visions de sa femme en train de mourir en donnant la vie, Anakin se tourne vers son indéfectible ami et père de substitution Palpatine, qui lui avoue être le seul à pouvoir empêcher ce drame. Abusé par cet homme en qui il avait confiance, Anakin va croire à un mensonge et sombrer dans le désespoir, consumé par le côté obscur. Anakin est aveuglé et finit par commettre ce qu'il a tant redouté. Son attachement au Bien va finalement le conduire à sa chute.


L'ouverture reste mémorable avec ce plan séquence qui débute sur la vue d'un croiseur dans le ciel de Coruscant et ce silence inquiétant jusqu'à la plongée brutale dans la beauté visuelle et sonore de la bataille spatiale où nous sommes transportés aux côtés d'Anakin et d'Obi-Wan dans leur intercepteur Jedi en pleine guerre des clones. Les Jedi auparavant gardiens de la paix et diplomates, sont relégués au rang de chefs des armées à la tête de la Grande armée de la République avant que celle ci ne soit au service de l'Empire. La première scène est juste époustouflante et nous colle littéralement au siège. L'action est à son comble et nous sommes propulsés dans la mission de sauvetage du chancelier Palpatine, garant de la République et de la démocratie, détenu par le comte Dooku. Cette mission périlleuse ne nous laisse pas le temps de reprendre notre souffle, enchaînant les explosions de vaisseaux, les combats au sabre, un ascenseur fou et un atterrissage risqué. C'est également à travers cette mission que l'on fait la rencontre du fameux général Grievous, biomécanique à l'accent atypique. Pas d'entrée remarquée pour ce personnage qui aurait mérité d'être un peu plus approfondi. On retiendra surtout de lui le duel contre Obi-Wan sur Utapau où celui-ci se donnera en spectacle exhibant sa collection de sabres.


Dans cet opus, la présence de scènes émotionnellement intenses en alternance avec l'action participent à la cadence effrénée du film, qui ne présente aucune longueur. Certaines scènes sont particulièrement émouvante, la première étant la grande purge Jedi.


Ensuite l'issue du duel sur Mustafar m'a profondément émue et marquée, notamment lorsqu' Anakin git sur le sol gravement mutilé. Les regards qu'échangent Anakin et Obi-Wan sont déchirants, l'un consumé par la haine ayant tout perdu, l'autre désemparé.


La première fois que je l'ai vu au cinéma, la scène était presque insoutenable à regarder tellement la souffrance d'Anakin était palpable. Bien sûr le grand moment du film reste la transformation d'Anakin en Dark Vador par la pose de l'armure qui permet de le maintenir en vie et qui signe la déshumanisation totale du personnage, devenu mi-homme, mi-machine. La lente descente du casque sur le visage mutilé d'Anakin, ses yeux écarquillés et la mise en marche de l’inhalateur reste le moment que tout le monde attendait. Cette scène intense et mémorable a toujours exercé un pouvoir de fascination, Anakin étant devenu prisonnier de son armure, qui s'apparente à la fois à un tombeau et à une capsule de survie, dont s'échappe ce souffle glaçant, ce soupir de mort qui est pourtant le signe qu'il s'agit bien d'un homme et non d'un droïde.


L'intensité de cette scène est accentué par un montage alterné avec la mise en parallèle de l’accouchement de Padmé qui aboutit à sa mort.


L'émotion est bien évidemment amplifiée par la bande originale, bien plus sombre et tragique que les précédents épisodes. Alors que dans les précédents épisodes chaque personnage avait droit à son thème, il en est autre chose ici, avec des musiques qui s'enracinent totalement dans l'action et qui définissent le ton de la situation, notamment "Battle of the heroes" lors du duel sur Mustafar.


Les acteurs sont bons particulièrement Hayden qui a amélioré son jeu, gagné en consistance et en crédibilité et qui a su amener une profondeur plus intense dans cet épisode. Ewan Mc Gregor est toujours parfait et juste dans son interprétation, fidèle à celle d'Alec Guiness. Ian Mc Diarmid en terrifiant Dark Sidious est plus machiavélique que jamais, laissant sa fureur et sa folie éclater, notamment lors de son duel contre Maître Yoda, où les nacelles du Sénat virevoltent à gogo sous les rires délirants du nouvel Empereur. En revanche, je regrette un peu la place donnée à Natalie Portman, un peu plus effacée et moins concernée par l'intrigue politique dans cet épisode.


En conclusion, cet épisode est juste épique, époustouflant, magistral aussi bien dans la mise en scène que dans l'interprétation. Du grand spectacle, une véritable claque visuelle qui mêle tragédie, guerre épique et épopée lyrique. Et oui c'est bien mon préféré, le plus abouti visuellement également parce qu'on se laisse envahir par les ténèbres jusqu'à la dernière minute où l'on retrouve un regain d'espoir à la vue du ciel de Tatooine.

LisvCstldi
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le 24 nov. 2016

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