Si, du côté des déceptions, il y a bien un film qui peut prétendre tenir la première place de ce top, c'est bien malheureusement Star Wars.
Pourtant, tout semblait être réuni pour que cette suite directe, au-delà de toute considération, nous fasse simplement passer en cette fin d'année un ultime et dernier bon moment de cinéma.
Durant les trente premières minutes, la magie Star Wars opère. Séquence après séquence, on se dit qu'effectivement, il y a qu'une telle saga pour réussir à nous procurer cet émerveillement unique. Malheureusement, et ce dès les premières révélations de l'intrigue dévoilées, on prend littéralement peur. Mais vraiment. Et plus les minutes défilent, plus on continue à se dire qu'il y a là un véritable problème qui ne fait que grossir encore et encore jusqu'à ce que l'on se retrouve limite embarrassé, c'est dire !
Le problème n'est pas tant que J.J Abrams nous resserve sur un plateau des éléments directement tirés du passé de la saga, jouant par là à fond la carte de la nostalgie. D'ailleurs, des œuvres inspirées directement d'autres (que ce soit par le biais de la réalisation ou du scénario), tout sauf originales, il y en a un sacré paquet. Et pourtant, lorsque celles-ci sont maîtrisées de bout en bout, principalement grâce à une bonne histoire, cela ne les empêche jamais d'exister et de réussir à trouver leur place.
Non, la raison est toute simple. Le problème vient de la façon dont Abrams construit et met en place ses histoires notamment depuis qu'il est passé du petit au grand écran. Car, la « touche Abrams » (si certains la cherchent encore), c'est de toujours inscrire sa narration dans un perpétuel mouvement. Dans Mission Impossible 3, il a cette idée judicieuse de transformer Tom Cruise en une sorte de particule hyperactive et constamment en surrégime dès que celle-ci finissait par rentrer en contact, au sens littéral, avec les éléments qui viennent composer son intrigue. À l'arrivée, cette première tentative d'Abrams sur grand écran est l'occasion pour lui de tester cette formule induisant un rythme effréné, l’intérêt final pour le spectateur étant de voir comment et quand ce flux constant va finir par prendre fin. Dans Star Trek, c'est avec la ligne du temps qu'Abrams décide de jouer. Quoi de mieux comme « matière » pour articuler une fois de plus sa narration autour du mouvement ? Toute la séquence de l'embarquement en urgence de Kirk sur l'Enterprise jusqu'à son débarquement sur le foret des Romuliens est un modèle dans le genre. Elle est d'ailleurs, à l'image près, similaire à la séquence du Vatican de Mission Impossible 3 où la splendide composition de Michael Giacchino finissait d'orchestrer un ballet de mouvements mémorables.
Et si cette formule marchait si bien avec Mission Impossible et Star Trek, c'est tout simplement parce que leur base était soit complètement nouvelle, soit relancée pour repartir de zéro, et Abrams de pouvoir modeler sa narration en mouvement autour de celle-ci, sans connaître de véritable accroc. Le problème avec ce Réveil de la Force, c'est que sa base fait directement suite aux événements de l'épisode VI et que la formule d'Abrams ne peut venir s'appliquer ici de manière naturelle. Du coup, technique à part (puisque globalement sur ce point-là il n’y a rien à redire) c'est la narration qui en prend un sacré coup. Certaines révélations de poids (qui ne sont pourtant pas de mauvaises idées), finissent par être jetés au visage du spectateur « comme ça », sans que celles-ci ne puissent avoir un minimum de temps pour être correctement amorcés et à l'arrivée, c'est bien l'émotion qui en pâti. L'un des rares moments où la fameuse formule d'Abrams fonctionne dans Star Wars reste celui où il réintroduit le Faucon Millénium (séquence très similaire aux autres citées plus haut sur Mission Impossible et Star Trek), tout comme ces toutes dernières minutes vraiment très belles où deux regards se croisent à la fin du film, baignant dans ce fameux flux (ici mis en scène via un long traveling circulaire) avant que le générique de fin n'apparaisse pour le couper. Mais hélas, on ne cesse de se dire qu'il est trop tard, que le mal est déjà fait et que ce mouvement auquel a voulu nous convier Abrams n'a cette fois-ci pas su nous emporter.
Enfin, tout n'est pas à jeter dans Le Réveil de la Force car on sent (malgré les défauts) la sincérité qui émane de l'entreprise. Alors c'est peut-être fait de manière maladroite, ou peut-être que J.J Abrams aurait été un choix plus judicieux pour le troisième volet de cette nouvelle trilogie...


Quoi qu'il en soit, c'est assurément LA déception de l'année 2015 !

madealone
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le 22 janv. 2016

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Vincent N.Van

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