Gloubi Boulga : l'attaque des clones

Si la note (miséricordieuse) et le titre (infantile) ne vous ont pas encore arrêté, je tiens, dans cet épigraphe, à le préciser sans ambages : cette franchise, sans l'oeil embué d'un fan de la première heure, je regarde.
J’ai cependant vu tous les films et en attends à chaque fois, à défaut d’un émerveillement sans mesure, tout au moins un plaisir sympathique ; le dernier opus ne faisant pas exception.

Je passerai outre le fait que pour apprécier (ou non) ce film, j’ai dû affronter des éléments démoniques : une pluie battante, un vent tempétueux, ainsi qu’un public parisien, bestial à son habitude.

Et j'en viendrai donc, le plus naturellement du monde, à un petit compte rendu sans prétentions de mes impressions sur ce film, quant à lui, peu marquant.
Pauvre de moi cependant, j'avais eu l'idée, saugrenue, d'aller voir la veille "Jumanji", un film où l'humour, disons-le obligeamment, semble avoir peu d'accointances avec la finesse, et qui pourtant m'a plu (je sais, c'est extraordinaire). Quel mal m'en a pris, le Star Wars du lendemain a péri de la comparaison, avec un scénario éminemment paresseux, de (trop) nombreux mauvais effets numériques, et une réalisation anodine voire un peu feignante.

Oh, certes, tout n'est pas noir, il y a aussi du blanc (restons banalement binaires, telle la saga) :
- pour ses 8 heures, le film m'a paru n'en durer que 6, ce qui semble être une bonne chose !
- les petits Porgs sont drôles, eh oui, je reste un humain, et suppose qu'il faudrait être "un sacré gros méchant" pour être insensible à ces petites bêtes aux yeux énormes.
- je pense me souvenir avoir apprécié (sans être tombé en pâmoison devant) un ou deux plans.

Mais diantre, par je ne sais quel mécanisme de réflexion, j'y ai vu du gris ; "horreur", me diront les fans, "qu'est-ce donc que ce "nuancement" ?" (lisons-le sur un ton hautement péjoratif).
Je concède ainsi que les dociles écartements finaux des trames ultra balisées et classiques de narration font assez plaisir et promettent un avenir scénaristique, sinon radieux, à tout le moins blafard, ce qui n'est pas si mal !
Je concède aussi que l'humour de manière générale, est assez drôle en soi, mais m'a ici semblé un tantinet déplacé : désacraliser ces héros d'antan (comme cela nous est répété très finement environ 678 fois), pourquoi pas, ils font ce qu'ils veulent, pour ce que j'ai à en faire, mais il ne faudrait pas que cela aboutisse à les extraire de la narration, pour en faire des personnages qui sortent de leur rôle, de manière sporadique, afin de "lâcher" une vanne : pourquoi Luke s'époussette l'épaule de cette manière ? Pourquoi Leïa regarde-t-elle ainsi derrière elle ? Cela fait sourire, oui, mais cela fait aussi lever un sourcil et accessoirement sortir du film.

Il est cependant temps d'aborder maintenant quelques points critiques (dans tous les sens du terme) : il se fait en effet tard, et je souhaiterais boire mon verre de lait avant d'aller au lit.

1) De la paresse
Le scénario de ce nouvel opus est paresseux en plusieurs points : tel un chantre du modernisme, il opte pour une solution recyclée à 99% d'un texte déjà relativement facile, et afin d'être absolument certain que le moindre idiot de la planète comprenne ce qui se passe, les situations sont expliquées d'une manière aussi appuyée qu'un compacteur industriel. Pire encore, le scénario semble emprunter à la myriade de blockbuster sortis avant lui, mais peut-être est-ce simplement dû à la banalité affligeante d'icelui qui ne nous surprendra à aucun moment et qui pour se sortir de situations pas si compliquées que cela (scénaristiquement parlant), va nous hélitreuiller une résolution encore plus facile.
En effet, assisté de leur massive aide à la compréhension, chaque moment où l'on souhaite nous faire percevoir un semblant de retournement de situation (bien qu'il soit extrêmement classique et habituel) sera annoncé environ 15 minutes avant (quand on vous dit que le film est long) par des réactions absolument exagérées de la part des protagonistes ; et pour vous en convaincre, voici des répliques qui pourraient presque être tirées du film :

"mon dieu tout puissant, nous allons tous mourir"

"mais oui, tu as raison, c'est la fin"

"affirmatif, je pense comme vous, on est totalement cuit, rien ne pourrait venir changer cela"

"oh que ouiii, kaput, finito, il n'y a pas de saga à continuer, c'est fini, on remballe tout, c'est joué d'avance"

ou encore

"hahahaha, je suis le méchant, et mon plan machiavélique fonctionne parfaitement comme prévu, vous êtes cuits, finis, je vais vous tuer et vous faire souffrir en plus, et rien ni personne ne sera là pour vous sauver, car après avoir fait naitre un conflit de personnalité chez mon apprenti, je sais qu'il a choisi ma décision, à coup sur, forcément, car je suis tellement intelligent, sisi, puisque je vous le dit"

Horrifiés en lisant ces lignes, vous vous direz certainement que le film était beaucoup moins fin que cela, et vous aurez probablement raison.

Enfin, revenons quelques instants sur le recyclage, je sais que les défenseurs de la saga évoqueront des différences, car ce film en comporte bon nombre, et c'est normal. Cependant, peut-on pour autant dire que la trame principale est éminemment différente d'autres épisodes ? Il est évident qu'en prenant une certaine hauteur, toutes les choses se ressemblent, je pense cependant qu'il ne faut pas escalader bien plus d'une marche devant cette saga pour percevoir les similitudes scénaristiques, ceci étant d'autant plus marquant que nous sommes au sein d'une franchise, avec donc le même univers, le même type de personnages, ...

2) Des incohérences
Je serai très bref ensuite sur les deux derniers points, même si en sortant de la salle, j'avais pu référencer un nombre intéressant de scènes totalement loufoques qui dénotent à mes yeux, au choix, encore une fois une paresse scénaristique honteuse, ou bien la mollesse du réalisateur dans une quelconque envie d'unité et de cohérence.
En un seul exemple, lorsque deux héros sont sur le point d'être tués (ce qui clairement n'arrivera pas), arrive une explosion majeure, nos héros étaient entourés d'une armée de stormtrooper, qui a priori semble disparaitre dans l'espace le temps du plan suivant l'explosion où tout au plus trois cadavres sont disposés ça et là.
Je comprends que partant d'une situation tellement énorme, allant probablement un peu trop loin, pour "épater la galerie", l'on ne peut s'en sortir que par un retournement un chouia abracadabrantesque. Il est pourtant dommage que cela ne soit crédible à aucun moment.

3) De la banalité
Autant l'épisode VII m'avait offert quelques plans magnifiques ou/et spectaculaires, autant celui-ci est resté relativement fade à mes yeux.
Cela étant dû à des effets numériques, soit en augmentation, soit parfaitement repérables : prenons au hasard les vues des vaisseaux avec le pilote visible dans le cockpit, assemblées, au moins dans la version 3D, avec un manque de parallélisme relativement important, ou bien encore le plan hideux d'une Leïa se mouvant dans l'espace (au niveau des effets de Dune). Nous penserions presque aux pires heures du cinéma, avec notamment l'épisode 3 de la même série, ressemblant plus à un mauvais dessin animé sans créativité stylistique qu'à un film.
Cela étant dû enfin à une réalisation un peu molle, sans personnalité forte, qui ne reproduit que des images de catalogue, que l'on a déjà vu mille fois, et que l'on verra probablement encore mille fois dans cette franchise. À la hauteur des ambitions de la saga je suppose ?