Ah un nouvel épisode de Star Wars ! Ca faisait longtemps; au moins 12 mois depuis le très dispensable Rogue One et pas moins de 24 depuis le tant controversé Réveil de la Force ! Pfiou, je ne sais même plus comment on faisait avant pour se passer de notre épisode annuel. Ah si, on regardait en boucle la première trilogie tout en mobilisant la Force pour oublier la seconde. Mais ça c'était avant que Disney ne s'en mêle et ne lance en grande pompe un nouveau triptyque faisant office de catalyseur pour tous les fans. En effet, si certains y voient une (autre) trilogie à haïr car baignant dans le coté obscur, d'autres dont je fais partie y perçoivent un Nouvel Espoir.


Star Wars oblige, je pars du principe que pour en parler dans de bonnes conditions il faut l'avoir visionné. De facto, cette critique est garantie 100% Spoiler.



Le Réveil de la force



Qu'est-ce que j'attendais de cet épisode VIII ? Honnêtement, après le visionnage du dernier trailer; pas grand chose. Non seulement je l'ai trouvé beaucoup trop hollywoodien et mon coté prude vis-à-vis des "spoilers" a été un peu malmené, mais a fortiori il ne m'a pas procuré la dose de frissons de la hype que j'escomptais. Reste que l'épisode VII m'avait diverti, procurait un bon gros shot de nostalgie et surtout fait voyager dans une galaxie lointaine, très lointaine. De ce fait, c'est tout de même les impondérables que j'attendais de ce visionnage car ça reste tout de même un Star Wars.


Et au final ? Eh bien je suis sorti de la salle le sourire aux lèvres. Bien que perfectible, cet épisode est de très loin celui qui prend le plus de risques depuis l'épisode VI sorti il y a 35ans !



Snoke weed everyday



Ce qui sacralise le mieux ce sentiment c'est tout simplement la place qu'occupe les Méchants. L'Ordre est à la fois tout puissant et semble inarrêtable, tout en étant pourtant dépourvu de leader. Je n'écris pas nécessairement cela en faisant référence au traitement réservé à Voldemort, la copie de l'Empereur réchappée d'Harry Potter, mais bien pour l'absence de réelle personnification du coté Obscur. Que sait-on de Snoke à part que la varicelle contractée enfant l'a fortement démangé ? Rien sur son maître, ni sur son rôle durant le règne de l'Empereur, et encore moins de ses motivations autres que celles inscrites dans le prisme du manichéisme.



Kylo Reine des Neiges



Peut-on alors vraiment parler de grosse perte lorsque l'antagoniste le plus haï et méprisé de la saga tue le père pour la seconde fois en autant de films ? Non. Au contraire, il prend enfin ses responsabilités et amorce le plus gros bouleversement de l'histoire de la Force : la fin du Mal comme on le connaissait. D'ailleurs il le dit très bien lui-même : il est temps de faire table rase du passé et de repartir sur de nouvelles bases. Et c'est ça qui a mon sens est audacieux. Pour la première fois dans un épisode de Star Wars nous nous retrouvons dépourvu d'un Empire(/Ordre) incarné par un antagoniste fort et craint.



Arrête de faire l'Hanfant et Vad(e)or.



Le fils Solo n'est pas Vador. Il n'en a ni la classe, ni la force, et encore moins les moyens de ses ambitions. A l'instar de la guerre de tranchées qui oppose fans de la trilogie originelle et ceux de la prélogie, la nouvelle Ren de l'Empire coupe court aux débats et s'émancipe de ses glorieux modèles. Sauf qu'il n'a pas les épaules pour et cela est rappelé à plusieurs moments du film : incapable d'exécuter sa mère, d'affronter en homme son Maître Sith, de remporter la bataille idéologique contre Rey, de se faire respecter par Poil de Carotte, de déceler le subterfuge de Luke et enfin d'en finir avec la poignée de rebelles survivants. Oui, le nouveau leader de l'Ordre est un loser, Mais...



....Human after all.



Si c'est donc un jeune adulte se laissant submergé par ses émotions qui est à la tête de la plus grande puissance militaire de tous les temps, c'est également le cas du coté des autres castes de l'univers puisque Rebelles et Jedi sont désormais sous le commandement de jeunes gens plein de fougue et de rêves plein la tête. Concrètement, ce film est consacré au passage de flambeau entre l'ancienne et la nouvelle génération et c'est d'ailleurs lui qui aurait dû être intitulé Le Réveil de la Force tant il ancre les nouveaux protagonistes comme les nouveaux Héros de l'univers Star Wars.



C'est dans les vieux Poe qu'on fait les meilleures soupes.



Si le personnage d'Oscar Isaac ne m'avait pas plus interpelé que cela durant l’épisode précédent, force est d'admettre qu'il gagne ici en épaisseur et caractérise le mieux la transition évoquée un peu plus haut. De jeune pilote fougueux et indomptable il va apprendre les rouages de la guerre et surtout du commandement aux cotés de Leia et du vice Amiral Holdo - campée par Laura Dern qui se paie luxe de bénéficier pour son introduction dans la saga d'une des scènes les plus réussies du film à travers son sacrifice - pour finalement gagner la légitimité de mener la Résistance dans son ultime quête de survie.



Leia la Baleine



Juste un petit mot sur Carrie Fisher échouée dans le vide intersidéral et qui arrive tout de même à rejoindre un vaisseau en utilisant la Force de sa volonté. A posteriori, quand on connaît la tragique fin de l'actrice, on peut se dire qu'il est dommage de ne pas avoir dit au-revoir à la Princesse à ce moment là. D'autant plus qu'avec la disparition de Luke, on aurait définitivement pu tourner la page des anciens Héros.



Girl Power



Si les deux précédentes trilogies ne comportaient à chaque fois qu'un seul personnage féminin fort - Respectivement l'inoubliable Princesse Leia et la beaucoup plus oubliable Reine Amidala de Nathalie Portman - Disney a le mérite de mettre un petit coup de polish sur la question de la parité en nous proposant autant si ce n'est pas plus de femmes au rôle important que d'hommes. Si comme je l'ai écrit les Rebelles ont leurs meneuses d'hommes en plus de pouvoir compter sur les conseils de Maz Kanata, les Jedi avaient déjà Rey depuis l'épisode VII et c'est donc tout naturellement que le 1er stormtrooper black de l'histoire se voit attribuer un binôme féminin.



La Finn équipe.



Rose Tico est peut-être le personnage qui m'a le plus déçu. A mon sens sa seule utilité est de jeter les prémices d'une nouveauté dans la saga; un triangle amoureux avec Riley et Finn. Car force est d'admettre que les aventures qu'elle vit avec ce dernier symbolisent le ventre mou du film. "La planète Casino" bien que réussie visuellement ne sert pas à grand chose du point de vue de l'histoire et n'est là que pour offrir une scène d'action certes lisible mais dépourvue du moindre enjeu dramatique. Au final Finn n'a pour seule fonction dans le film que d'assurer le liant entre Rebelles et Jedi.



Un a Rey au stand nostalgie.



D'ailleurs, transition ! Et la nana del Rey dans tout ça ? Eh bien comme tout le monde s'en doutait, elle apprend les rudiments de la force en compagnie du seul et unique Héros de la saga; Luke "j'ai vraiment pris un gros coup de vieux" Skywalker. Les scènes sur l'île sont un vibrant hommage à l'apprentissage de Luke aux cotés de Yoda sur la planète Dagobah puisque Mark Hamill reproduit ici exactement le même schéma que celui de feu son bondissant maître. L'hommage est peut-être même trop appuyé puisque la Référence du verlan philosophique va même jusqu'à affoler les compteurs du fan service en venant faire un petit coucou...qui a certes ému le grand enfant que je suis mais qui du même coup se révèle être le passage de flambeau le moins subtil du film.



La flore intestinale.



Au début de cette bafouille j'écrivais que j'attendais d'un nouveau film Star Wars qu'il me fasse voyager et me dépayse. Malheureusement, c'est bien là que se situe ma place grosse déception avec Les derniers Jedi puisque on dénombre uniquement 3 environnements uniques : l'île, la planète avec le Casino et enfin le désert de sel qui offre certes un cadre absolument époustouflant pour le final, mais qui peine toutefois à atténuer la pointe de déception de ne pas avoir parcouru plus de lieux aux couleurs chatoyantes ou à l'aura envoutante.



Le téléfaune pleure



Malgré ce que ce titre laisse supposer, la faune, elle, m'a bien plus convaincu. Sans être à crier au génie, ni pouvoir prétendre à des éloges de créativité et d'imagination, je dois admettre qu'à mon sens elle remplit parfaitement son office en nous introduisant son lot de bestioles apte à étoffer l'univers Star Wars. Que ce soit les simili antilopes du Casino, le poivrot accro aux machines à sou de cette même planète, les lointains cousins éloignés des Jawa sur l'île de Luke ou encore les renards de cristal à la fin; j'ai personnellement eu ma petite dose d'Imaginaire avec ce 8e opus.



Chewie, mets la gomme ! Et fonce sur les produits dérivés !!



Je ne peux décemment pas parler de créatures fantastiques sans aborder ma créature fantasmagorique préférée - néanmoins à la lutte affective avec Totoro - en la personne de Chewbacca. Orphelin de son partenaire, Chewie se voit désormais confier les commandes du Faucon qu'il est le seul à pouvoir piloter convenablement. Toutefois son utilisation ne se limite malheureusement pas qu'à celle de support des héros. Non, il est contraint et forcé de jouer la babysitter des mascottes du film, les Porgs. Si le design de ces pingouins-loutres vivants sur l'île de Luke est incontestablement mignon tout plein, le matraquage marketing dont ils font l'objet depuis plusieurs mois a tout de même déteint sur la cohérence visuelle du film puisque plus d'une fois on sent que les bestioles ont été ajoutées au forceps en post prod' pour se faire rappeler au bon souvenir des enfants...et de leurs parents. Et à titre purement personnel, voir mon Chewie adoré forcé de devenir végétarien à cause d'eux, ça a tendance à franchement m'agacer. Déjà que je le trouvais amaigri par rapport à avant, maintenant qu'il ne mangera plus de viande j'ai peur que son poil ne soit plus aussi soyeux. Bref, ça m'inquiète pour la suite #BalancetonPorgs



La Guerre des Etoiles



Plus haut j'expliquais regretter le manque d'environnements variés dans le film mais il y a une explication à ce manque; le gros de l'action se passe dans l'espace où on assiste à quelques batailles plutôt pêchues, toujours lisibles, et incroyablement réussies sur le plan visuel. Les battleships et autres croiseurs sont donc à l'honneur et leur présence éclipse donc les duels au sabre qui ont rendu la série si célèbre. Ainsi nous n'avons droit qu'à un seul affrontement aux sabres et bien qu'il soit original dans sa forme en ouvrant le champs des possibles en terme d'armement, je ne vous cache pas que je suis un peu resté sur ma faim à ce niveau.



Le Retour du Jedi.



Mais heureusement le dernier acte est arrivé et a définitivement déployé ses ambitions de film de la rupture. Non content de proposer un cadre absolument magnifique, il offre également un hommage à la première trilogie à travers la présence des TX de l'épisode V et du sacrifice de Luke à l'image de celui de Obi Wan Kenobi en son temps, assoie Poe et Rey comme les nouveaux Noms de l'univers Star Wars et enfin confirme pour ceux qui en doutaient encore que Kylo Ren mène l'Ordre à sa perte en enchaînant les mauvaises décisions. Ce final est donc excellent; rythmé, haletant, visuellement bluffant et porteur de symboliques fortes, il permet aux spectateurs de sortir de la salle sur une note positive.



Conclusion : Vers l'infini et au-delà.



Il y a encore beaucoup de choses dont j'aurais voulu parler - comme du fait que Benicio del Toro soit probablement le nouveau Lando Calrissian, que Brienne de Torth ait fait honneur à Game of Thrones en mourant (ou pas) en deux coups de cuillère à Poe, que R2D2, que les rares nouvelles musiques de Williams ne sont pas mémorables et n'égalent pas les thèmes d'antan, ou encore du troublant lien entre Rey et Kylo qui cache assurément son lot de révélations - mais cela atteste que le film est tout de même riche. Et il l'est, incontestablement. C'est même un épisode fondateur à mon sens puisqu'il ouvre la voie vers l'inconnu. Dorénavant, hormis Chewbacca, il n'y aura plus d'Anciens pour guider les petits nouveaux. Les modèles du passé sont révolus à l'instar des Jedi qui feront fi des testaments et créeront leur propre code ou de Kylo Ren qui a décidé de forger sa propre légende et son propre Empire en suivant son instinct. C'est d'ailleurs cela qui condamne dors et déjà l'Ordre a disparaître dans le IXe film. Il est peu probable qu'un antagoniste en bonne et due forme fasse son apparition et c'est donc un être instable et perfectible qui mènera un Goliath colérique aux yeux bandés contre David.


On pouvait à juste titre reprocher au 7e film de n'être qu'un décalque d'Un Nouvel Espoir - et par extension de la Menace Fantôme - et craindre qu'il en soit de même avec cet opus vis-vis de l'Empire contre-attaque, mais il n'en est rien. Les Derniers Jedi n'est pas exempt de défauts comme en atteste un réel ventre mou lors de certains passages avec Finn ou une trop faible variété d'environnements nouveaux, mais au-delà de cela le film prend le risque de briser de nombreux codes de la saga et s'en sort plutôt convenablement bien sur l'échelle du fan service pour un film aussi populaire que peut l'être un Star Wars. Maintenant que les Rey, Finn et autres Poe sont bien introduits et adoubés par leurs pairs, charge à J.J. Abrams de conclure en beauté puisqu'il a le champs libre. Que la Force soit avec lui. Quant à moi, c'est avec fébrilité, espoir mais également envie que j'attends impatiemment ma prochaine séance Star Wars.

MarlBourreau
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le 2 janv. 2018

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