Le film qui tue les cons... de l'intérieur !

On m'a souvent posé la question qui agace : «qu'est-ce que tu trouves à ce film ?» (répétez cette phrase à haute voix en prenant l'air condescendant... ou mieux qu'ça, prenez la voix canardeuse d'une pouf ado-éternelle. Oui, voilà, ça vous est déjà arrivé d'entendre ou de lire ça quelque part en ce bas monde. Non ? Vous avez de la chance !)
A leurs yeux Starship Troopers n'est rien d'autre qu'un gros nanar aux expressions rebattues et puantes.

"PUTAIN VOUS ÊTES A L'OUEST BANDE D'IGNORANTS MANGEZ VOS #%@!!"

Ce que dirait mon moi intérieur à mes proches. Enfin, ce serait risqué pour ma vie.
Et puis s'ils devaient être amené à entendre ça, ils me diraient que "ce n'est qu'un film"... "ce n'est qu'un film"... "ce-n'est-qu'un-film" "CE-N'EST-QU'UN-FILMMM"... AH BON ? ET QUAND ON VOUS DOUBLE AU MCDO ET QUE VOUS PÊTEZ UNE DURITE, C'EST QUOI ? Dans les métros, sur la route, dans la vie quotidienne au travail, au lycée, y'a des milliers d'occasions de s'énerver débilement et vous succombez ! ALORS VENEZ PAS ME DIRE QUE "CE N'EST QU'UN FILMMM".

C'est pas faux, on fait les malins sur internet à partir en croisade pour du cinéma.
Mais dans la "vraie" vie, quand on entend des horreurs verbales, on la joue plus zen.

Alors pour répondre une bonne fois pour toutes à la pique «qu'est-ce que tu trouves à ce film ?» (toujours en prenant la voix d'une pouf), ou plus simplement «pourquoi j'aime ce film ?», plutôt que d'y répondre banalement et sans apporter un fond de pensées qui vous ferait peut-être réviser sur votre propre perception métaphysique (reprend son souffle) : je vais prendre la ou les questions à l'envers. Pourquoi je n'aimerais pas ce film ?

Pour ce traitement manichéen des personnages ? Qu'on pourrait d'ailleurs considérer comme volontaire pour mieux les ridiculiser : mais on préfère ne pas voir la chose telle qu'elle, sinon ce serait trop marrant. Pour ce second degré aussi subtil qu'un mammouth qui tenterait de se déplacer incognitos sur la place publique de Faubourg ? Qu'on pourrait d'ailleurs traduire par ce désir d'accentuer sur la médiatisation occidentale dont sont victimes les peuples... les peup... les quoi ? VICTIMES... MON CUL!! Hein, quoi ? Comment ça ? Les peuples sont aussi coupables ? Pour ma putain de gouverne ce film, dans sa dénonciation des codes médiatiques et télévisuels, s'en prend autant à ceux qui les font que ceux qui les regardent. Et à chaque fois que je revois Starship Troopers, j'me fais avoir par ce détail qui a son importance. Preuve que l'œuvre de Verhoeven a tout pour elle.

Starship Troopers, quoi que vous en pensiez (Modèle de satire? Série B ultime ? Ou comédie kitsch ?) est un film pour ceux qui aiment les SPOOORTS EXTRÊMES!!! AVEC DES TIRS, PLEIN DE TIRS PARTOUUUT!! ET AUSSI DES BOUCHES OUVERTES QUI FONT "AAAAAH, ON EST DANS LA MERDE LES GAAAARS" OU QUI APPÂTENT L'ENNEMI "AAAAAH MON BRAS, FOUTUS ARACHNIDES, J'T'EN CHIERAIS MOI DES ARACHNIDES!!" (techniquement son bras ressortirait par son anus) (j'ai épuisé mon crédit de CAPS LOCK pour cette année)

A chaque fois que je revois Starship Troopers, j'me fais avoir par un autre détail : la leçon de Verhoeven. Bah oui, c'est bien beau de féliciter l'exercice satirique, mais il faut également faire sa part de boulot et appliquer cette leçon (si on est d'accord avec ses principes, cela va de soi...), sinon ça vaudrait pas mieux que ces boloss qui s'attristent sur la faim dans le monde seulement quand on leur met des images atroces en face de leur visage ou qu'on en parle à la télé, mais une fois que c'est passé ils oublient et refont l'erreur de se plaindre de ce qu'ils ont dans leur assiette...

Starship Troopers c'est la blague qui fait pas rire. Ou le rire qui blague pas.
Il y a autant de niveaux de lecture et de degrés d'humour qu'il y a d'arachnides.