« Stoker « c'est le genre de film que l'on attend pas vraiment au départ, et qui après visionnage nous laisse pourtant une trace indélébile.
Park Chan-Wook, que je ne connais absolument pas, signe ici une œuvre très dense tant elle est maîtrisée. Alliant une mise en scène toute en contrastes et nuances, à un scénario intelligent et déstabilisant, le réalisateur nous immisce dans ce drame familial, car oui, contre toutes attentes s'en est bien un à la base. Puis de ce pitch basique, presque sans saveur, il nous dévoile une histoire fichtrement bien fichue, avec son lot de rebondissements et de mise en abîme. Sans cesse en interrogation sur ces personnages, le spectateur se sentira parfois frustré de ne pas savoir où tout cela pourra bien aller, et c'est lorsque le dénouement arrive, que tout devient clair et précis. « Stoker » n'est pas un film ambitieux et pourtant il demeure tellement bien pensé qu'on en oublierait presque le peu d'intérêt qu'on lui portait au départ. Avoir la sensation de regarder le film d'un maître du cinéma, alors que le réalisateur en question commence tout juste à faire ses preuves, c'est tout de même atypique. Très malsain dans la forme, mais bizarrement assez tendre dans le fond, « Stoker » risque de déranger autant qu'il fascinera.
Techniquement le film est bon, la photographie et la lumière sont travaillées, les décors sont très beaux, le film est de toutes manières très esthétique, sans pour autant tomber dans le pur clean. Pour ce qui est de la construction des personnages, le constat s'avère très satisfaisant, même si dans le fond le film utilise quelques clichés. Matthew Goode incarne un homme dangereux mais fascinant, réellement terrifiant. Face à lui la jeune Mia Wasikowska campe avec conviction le rôle de cette jeune fille perdue après la mort de son père, toute en nuance, l'actrice prouve qu'elle possède des qualités certaines. La relation entre Charles et India, provoque parfois l'incompréhension la plus totale, et donne également lieu à des scènes magnifiques et pourtant très glauques. C'est à mon sens toute la qualité de ce film, les nuances et les contrastes. Nicole Kidman quant à elle, n'excelle pas forcément, mais demeure pleine de grâce, elle illumine l'écran à chacune de ses apparitions, cette veuve très déstabilisante ne laisse pas pantois.
Quant à la bande-originale elle se fait absente quand il le faut, et marque les moments importants, je l'ai déjà oublié, mais elle convient parfaitement.
« Stoker » est donc une bonne surprise, un film totalement malsain, mais également fascinant, je le conseille en raison de ses nombreuses qualités évidentes.