Le gâchis suicidaire de la pas si Distinguée Concurrence (avec spoilers sinon c'est moins drole)

Après un Batman v Superman : Dawn of Justice rentrant pas mal dans ses frais au Box Office mais divisant énormément les fans, la Warner était censée nous proposer quelque chose de plus novateur avec un Suicide Squad soi disant à budget plus modeste... Alors certes ils sont loins des 250 millions de BvS (gaspillés entre autre avec une bouillie d'effets spéciaux dans un final pas du tout épique) mais leurs 175 millions demeurent bien au-dessus des 150 millions estimés pour Wonder Woman !

Si encore ils avaient proposé quelque chose d'une qualité équivalente à Deadpool et son budget de rigolo (58 millions) mais ils n'arrivent même pas à faire ça, ils nous pondent un ersatz de film super-héroïque faussement dark dans lequel de supposés vilains combattent finalement ensemble pour une bonne cause, je rentrerai dans les détails du pourquoi du comment après.

Parlons déjà marketing parce que c'est l'une des rares choses réussies autour de cette production. S'inspirer de deux des derniers Marvel ayant le mieux marché, à savoir Guardians of the Galaxy concernant la musique (par rapport au Awesome Mix rassemblant de grands tubes des années 70) ainsi que Deadpool pour le côté anti-héros foufou et vulgaire, c'était un bon pari mais tenu que dans les trailers.

Dans le film en lui-même on a un sentiment de forcing pour ces scènes qui sont accompagnées d'une musique parfois rétro (Bohemian Rhapsody de Queen) et parfois plus contemporaine (Without Me d'Eminem), à tel point qu'on passe un meilleur moment à chantonner ou faire de la danse sur siège rouge qu'à suivre l'histoire or on a payé une place de ciné pas une station radio de luxe... Sans même évoquer le fait que ça nuit aux dialogues qu'on finit par ne plus entendre à certains moments.

Le surplus de personnages tue le développement des quelques uns dignes d'intérêt, on pouvait largement se passer du Joker - du moins dans les scènes du présent puisque les flashbacks apportent à l'origin story d'Harley Quinn - et de Killer Croc sans lesquels le film pouvait tout à fait fonctionner !

En parlant de Mister J, la prestation de Jared Leto est charcutée par le montage au passage bien trop cut (c'est-à-dire une succession de plans qui durent même pas une seconde et dont on n'a humainement pas la capacité d'apprécier le visuel artistique et coloré ni le jeu d'acteur, dommage) du coup l'aspect clownesque et gangsta bling-bling ressort plus que le côté malade mental pourtant esquissé.

Le film est porté par sa tête d'affiche, un Will Smith égal à lui-même sans plus si ce n'est un zest de punchlines sympathiques (mais toutes déjà montrées dans les trailers) et une scène slow-motion clichée au possible, c'en est risible... C'est à mon sens Margot Robbie qui sauve le film, malgré ce que certains adeptes du bashing peuvent affirmer elle nous a confectionné une Harley Quinn très fidèle, c'est à la fois le cachet coquin/sexy du film tout en sortant la plupart des lignes de dialogue marantes. Quant à sa relation avec le Joker bien que déviant un peu de la version dessin-animé ça reste cohérent au sein de l'adaptation.

Sinon petit message perso à DC/Warner : tant qu'à être censurés en Chine à cause de la présence d'un personnage japonais, profitez en pour le développer proprement et pas vous cantonner (cantonais, jeu de mot, lol) au minimum syndical ou alors soyez intelligents et virez aussi Katana ça fera de la place pour les autres encore une fois, genre Jai Courtney. El Diablo un peu moins de vannes sur le fait qu'il soit latino et ça pourrait passer.

Bon je reviens sur le problème principal que j'exposais au début de la critique, c'est-à-dire que les studios nous vendent un groupe de super-vilains contraints par le gouvernement de partir en mission suicide afin de sauver le monde. SAUF QUE ce ne sont pas réellement des vilains :
- Katana est dépeinte comme une héroïne/agent employé par ce même gouvernement ;
- le Colonel Rick Flag est genre le nec plus ultra du militaire américain ;
- Deadshot est un papa divorcé qui ne tue pas de femme ou d'enfants mais que des criminels ;
- Diablo a des sautes d'humeur et a brulé vif sa famille par mégarde, il s'est rendu de lui-même ;
- Killer Croc n'est juste pas gâté par la nature, il a lui aussi émis le souhait de se retrouver en zonzon ;
- Harley Quinn est une psychiatre tombée amoureuse de son patient sociopathe en mode syndrome de Stockholm ;
- Boomerang okay il braque des banques mais c'est un alcoolo pathétique fétichiste de poupée de licorne ;
- le Dr. Moone est une archéologue ou paléontologue je sais plus qui est possédée par l'Enchantress

De plus, entre le twist qui révèle que depuis le départ leur mission est de sauver Amanda Waller donc leur boss et puis le fait que c'est la faute de cette dernière si l'Enchantress a ressuscité son frère ultra puissant et a mis en branle un plan pour détruire les humains (parce qu'ils ne le vénèrent plus, c'est encore dommage d'ailleurs de ne pas avoir plus exploré la mythologie autour de ces deux personnages mystiques) eh bien on se rend compte que l'histoire créé son propre vilain et fait une boucle sur lui-même, il n'a aucun intérêt si ce n'est le fait de dire "hé coucou j'existe, venez me voir".

Ajoutons à ça une promotion trompeuse qu'on pourrait qualifier de "pute à cliques" - terme que j'emploie généralement à propos des articles du type AlloCiné avec un titre bien racoleur et pas du tout représentatif de la réalité juste pour faire de l'audience - et des éléments ni justifiés ni expliqués comme par exemple la scène durant laquelle le Joker pousse Harley dans une cuve de produits chimiques, genre si tu connais pas son histoire à lui tu peux aller demander des oeufs au plat chez les elfes de maison à Poudlard x)

Bon, quelques points positifs parce qu'il en faut pour une note de 4 sur 10 quand même :
- c'est le troisième opus du DC Cinematic Universe et les références à BvS sont légères, on aperçoit Batman et Flash seulement à deux ou trois reprises (+ la scène cachée annonçant Justice League) juste ce qu'il faut c'est bien équilibré
- les scènes d'action bien bourrines, grand classique du genre
- Cara Delevingne bien qu'on la voit trop peu, visuellement les transformations et pouvoirs de l'Enchantress sont très réussies
- Viola Davis alias Amanda Waller puisque c'est finalement l'une des rares méchants du film (elle tue ses employés dans le plus grand des calmes sous prétextes qu'ils auraient pas du voir certaines choses)
- pas de etc.

Donc ouais si vous voulez vous amuser et que vous avez 2h à perdre ou si vous voulez simplement le voir par principe parce que c'est trendy ou hype allez-y mais ayez peu d'attentes histoire de maximiser vos chances d'apprécier un truc dans le film (soyez juste conscients que ce ne sera pas son scénario).

PS: non il ne s'agit pas d'acharnement anti-DC (j'apprécie certaines de leurs séries et qu'ils tentent des choses au ciné, je suis simplement un peu déçu) et encore moins anti-super-héros (même si j'aurai deux trois choses à dire sur le reboot des Fantastic Four évidemment) loin de là ^^