Oui, je le sais, à chaque film coréen je me pose la même question : pourquoi si peu de films dans nos salles qui nous provienne de ce merveilleux pays du matin calme ? Avant de voir ce « Sunhi », je m’interrogeais encore sur les causes d’une telle rareté et j’hésitais entre une probable baisse de production ou une éventuelle frilosité des distributeurs hexagonaux. Avec « Sunhi », j’ai ma réponse. Maintenant que j’ai vu ce film il est EVIDENT que le problème vient des distributeurs. Comment peut-on décemment choisir ce film là au milieu de tant d’autres pour une diffusion dans les salles françaises ? Ce film, c’est le dernier film que je choisirais quelque soit son origine, quel que soit son auteur, tant il est la quintessence même de l’absence totale d’inspiration, aussi bien dans le fond que dans la forme. Parce que oui : accrochez-vous – « Sunhi » raconte l’histoire d’une jeune étudiante coréenne qui veut aller faire du cinéma aux Etats-Unis et donc elle décide d’en parler à son prof de cinéma, mais aussi à son ancien petit copain qui s’est risqué à faire un film, puis de réfléchir aux démarches à faire… et… c’est tout. Oui oui, c’est tout. En fait le gars n’a déjà tellement pas d’imagination qu’il parle de son quotidien et de son univers, sans plus d’idée que cela. Mais bon, je suis le premier à dire qu’au cinéma comme ailleurs, ce qui va me faire vibrer ce n’est pas forcément le sujet d’une histoire mais plutôt la manière avec laquelle on va me la raconter. Cependant, le gros problème avec ce « Sunhi », c’est que la forme est à la hauteur du fond ! Niveau inspiration : c’est zéro ! La narration est découpée en séquences d’une linéarité affligeante durant laquelle les pauvres acteurs sont contraints de débiter des lignes de texte incroyablement creuses et d’une didactique hallucinante : « je bois parce que je suis triste » ; « je parle un peu plus fort que d’habitude parce que je t’aime », « je te repousse parce que je suis insatisfaite », etc… Franchement, j’ai vraiment plaint les acteurs car avec si peu, on ne peut vraiment rien faire de convainquant à part chercher à limiter les dégâts. Manque de pot, vu qu’aucun ne semble disposer d’une réelle expérience ou d’un réel talent, ils sombrent tous dans un jeu rigide où ils se contentent de débiter leur texte, droits comme des piquets, en haussant la voix de temps en temps et en plissant les yeux pour faire genre qu’ils ne sont pas contents. De toute façon, si on en arrive là dans « Sunhi », c’est qu’on a derrière la caméra un mec qui ne sait même pas diriger des acteurs. Le pire, c’est que le pauvre Hong Sang-Soo a dû se rendre compte quelques fois que ses plans étaient atrocement chiants et qu’ils manquaient de vie, alors la blague a voulu que dans une logique désespérée pour animer l’ensemble, il se risque durant tout le film a un ensemble de zooms et de dézooms menés de manière totalement aléatoire. A ce niveau là, pour moi, on dépasse clairement l’amateurisme. On atteint carrément une forme de néant de créativité et d’esprit autocritique. C’était mon premier Hong Sang-Soo, ce sera clairement mon dernier. Qu’on ne me fasse pas croire après ça qu’il n’y a pas autre chose en Corée du Sud qui mérite d’être vu…

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le 1 oct. 2017

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