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Mervin van Peebles, auteur complet du film et premier rôle y compris, a signé un film singulier et dérangeant. Avec le recul, on peut lui donner mille interprétations, mais en remettant ce film dans son contexte -les sixties finissantes et tout ce qui va avec d'utopies qui fout l'camp- il m'apparaît moins comme une oeuvre militante ou engagée que comme l'expression immédiate d'un sacré raz-le-bol, un choc viscéral brut.


Sweet Sweetback multiplie les séquences glauques, désespérées, à l'image de cette scène de cul entre une prostituée et un gamin qui ne doit pas avoir l'âge d'avoir du poil pubien. Et ça n'est pas fini, puisqu'on verra un "brother" se faire exploser les tympans par une savante torture au pistolet, des flics se faire empaler par une queue de billard ou tabasser à coups de menottes, un fugitif épuisé mordre dans un lézard vivant pour regagner des forces... Dans le ghetto, on livre son prochain à la police pour éviter l'émeute, on défèque devant tout la maisonnée faute de porte de cabinet, et on baise à tout va comme pour oublier l'oppression policière. Van Peebles a posé ses bollocks sur la table, assume ses positions les plus radicales, et filme avec ironie les gimmicks trash des acteurs de ce film borderline. Emballé à la va-vite avec un budget de porno, le film est dans un style mi-amateur mi-documentaire, mais se lance sans filet dans des expérimentations de folie à chaque plan, dont il ue et abuse. Le montage est épileptique et l'action souvent illisible, les règles de la narration dynamitées, les filtres de couleurs acides se multiplient ainsi qu'effets de surexposition, shaky-cam, zooms foireux, split-screen et surimpressions... Et pour les fans de Earth Wind and Fire (oui il y en a deux trois encore sur cette terre) visionner ce film est faire oeuvre d'archéologue, puisqu'ils signent avec cette bande-son leur première oeuvre, du funk mat et poisseux bien différent de leur musique disco-funk calibrée qu'ils feront ensuite.


Avec toute sa verve visuelle et sa radicalité politique, Peebles donne tout de suite de l'ampleur à son film au scénario ridicule par ailleurs. Dépassé par le succès de ce brûlot, Hollywood s'empressa donc de récupérer la tendance pour lui en l'ayant au préalable purgée de toute subversion... La blaxpoitation qui s'en suivra, bien que sympathique, ne retiendra de l'univers de Sweetback que le décor, le vernis et le superflu, à savoir les gros blacks forniqueurs qui butent à tout va sur fond de musique funky et de réalisation approximative. Ceci dit j'aime beaucoup la blaxploitaion hein.

Biggus-Dickus
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le 24 août 2014

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Biggus Dickus

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