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Sweet Virginia
5.9
Sweet Virginia

Film de Jamie M. Dagg (2017)

Baigné par une ambiance nocturne, moite, inquiétante dans un univers où la tromperie, la dualité des caractères règnent derrière les apparences morales (le discours religieux à la radio alors que le crime vénal se prépare le met clairement en valeur), Sweet Virginia prétend, en renversant par un oxymore ironique le titre, dépeindre une certaine Amérique dont le vernis craque implacablement.


Peinture d'une Amérique profonde donc, où une violence génétiquement transmise se perpétue. Cette violence est d'abord physique (les crimes bien sûr mais aussi les violences conjugales du voisin de chambre, la scène de sexe avec le travesti, le rodéo où resurgit l'indomptable sauvagerie de la nature animale et également humaine), mais également morale (sentiment de culpabilité assez vite effacé, infidélités conjugales, l'argent comme valeur première pour laquelle tout est sacrifiable, absence de foi).


Le montage participe à créer un sentiment d'angoisse latent, en jouant volontairement de (fausses) lenteurs au milieu de ce coin perdu où rien ne se passe, puis en laissant soudainement exploser l'implacable Mal. Relevons aussi le thème du miroir bien exploité avec le personnage fêlé, double de Elwood (l'assassin) qui finalement court à son auto-destruction en voulant se sauver. La photo insiste surtout sur la pénombre inquiétante, traversée de quelques néons et autres lumières de la ville peu rassurantes.


Au final, dans ce thriller bien construit dans l'ensemble, il faut tout de même regretter quelques scènes attendues, trop annoncées où l'innocence des personnages trahit la vraisemblance du sujet (le téléphone de Lila écrit sur un papier et fourni de sa propre main par celle-ci; la révélation assez surprenante de l'emplacement du coffre-fort). Par ailleurs, l'image d'une Amérique faussement puritaine et violente à souhaits, bien que placée dans un discours singulier, traduit une volonté dénonciatrice assez facile et convenue.

Marlon_B
7
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le 6 oct. 2018

Critique lue 815 fois

2 j'aime

Marlon_B

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