Tamala 2010
6.3
Tamala 2010

Long-métrage d'animation de t.o.L (2002)

Y a de l'idée mais faut être très très motivé pour le manger

Premier point primordial, la musique. Le secteur où le groupe de création T.O.L. aka Trees Of Life a le plus d'expérience. La musique de Tamala est une force énorme qui plonge à elle seule dans 70% de l'ambiance minimum. De l'ambient experimental Nippone à l'excellent morceau final chanté un brin typé Cibo Matto, en passant par les bribes rythmiques façon electro britannique, les blim bips à la Ken Ishii ou les nappes cosmiques en reverse, la bande musicale pas toujours novatrice mais très travaillée de Tamala possède une forte personnalité qui complète parfaitement le simplisme graphique ambiant, plus encore au début et à la fin du métrage qui en profitent énormément. Une musique explicitement recherchée qui appelle implicitement un fond à la même virtuosité. Et là, c'est autre chose.

D'emblée, une plongée dans un univers vectoriel minimaliste flash ultra naïf, enfantin et singulier ponctué de passages 3D de ville rêvée presque fixes décroche Tamala de l'animation traditionnelle. On nage en plein design conceptuel indépendant tellement minimaliste qu'il en devient attirant par son audace. La 3D jolie est uniquement présente pour créer un monde "concept" qui se soustrait à son objectif de toujours plutôt qu'il ne donne à voir et à nourrir. Le style rétro futuriste très Métropolis des décors et de Tamala, croisement autre, aussi bien défini que nébuleux, entre Astroboy et Hello Kitty, dénote d'un savoir faire créatif et publicitaire gonflé, assez pour convaincre les chasseurs d'images nouvelles en tout cas.
Les petits sons electro qui accompagnent les pas et les moindres clignements de paupières de la chatte intergalactique ajoutent encore à cette ambiance de coton rêveur où l'apesanteur n'est définitivement pas un vain mot.
La fin ensuite, cet excellent passage caléïdoscopique notamment, avec musique en reverse, et ce dialogue pivot avec le vieux savant chat décrépi dévoilent enfin les clefs d'un scénario qui semblait jusque là opaque voire secondaire.

Alors oui, on a droit à une "subtile" dénonciation volontairement intrigante sur la société de consommation où le chat Michaelangelo par exemple, représente une sorte de parfait alter ego du bouffeur de médias aveugle, une certaine idée de la normalité. Geek à mort de Eastwood, charmé par l'étrangeté de la toute mignonne Tamala, il est aussi peu ouvert et saoulé dans un premier temps par un propos très éloigné de son monde, et pourquoi pas aussi par une expérience de spectateur aussi singulière que difficile à digérer rapidement. Tamala ensuite, incarnation virtuelle de la liberté, qui file des roustes au gamin et jure à sa guise, véhicule sur son passage insouciant une somme de détails importants. Les métaphores et autres représentations graphiques sont très nombreuses, et pourtant en opposition totale avec le vide qui remplit l'ensemble et la lenteur infernale du coeur du métrage. L'enchaînement caléïdoscopique qui débute la dernière demi heure apporte un sens premier (désolé mais pour moi c'est proche de) "Matrixien" à tout ceci, mais il aura quand même fallu se taper une bonne montagne de scènes ultra minimalistes qui s'étirent désespérément dans le temps pour aboutir au message intrinsèque de l'oeuvre pas franchement transcendant après tout. Un processus expérimental douloureux, sans aucun doute voulu comme une anti-commercialisation de l'objet Tamala 2010, qui appuie par la même occasion son propre scénario dénonciateur, mais qui a bien du mal à accrocher le simple spectateur, terme surtout pas péjoratif.

Ainsi la chatte logo, objet publicitaire conceptuel par excellence, se retire du coeur du film pour mieux créer le manque, le vide, et remplir sa mission avec une efficacité redoutable du trio "besoin / création / manque".

Reste que même le plus ouvert des amateurs de fantaisie bizarre ne sera pas forcément aussi convaincu que tous les conquis. C'est plutôt mon cas après cette première vision et le haut quotient de cultissime immédiat n'empêche pas Tamala 2010 d'être tout autant un objet contemplatif profondément chiant pris à brûle-pourpoint.
drélium
5
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le 21 oct. 2010

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