Film iconique, représentation dans l'imagerie collective et sociétale d'un De Niro grimaçant devant un miroir tout en baragouinant quelques mots qui seront repris en boucle par des générations de personnes, d'acteurs et d'humoristes, résumant ainsi à tort et de travers un film aux qualités se trouvant bien au delà d'une scène qui n'a finalement rien de mythique et d'iconique ; Taxi Driver est un long-métrage au final assez simple, pas extraordinairement profond, sans que cela soit un défaut.
Le personnage le dit lui-même, il ne sait pas réellement ce qui ne va pas, ne sait en tout cas pas vraiment comment l'exprimer et l'on hésite dans un premier temps à mettre la dégradation de son état mental sur le compte du rejet qu'il subit de la part d'une jeune militante politique, avant de considérer le reste : ses insomnies (dues aux conséquences de la guerre ?), son métier qui l'amène à côtoyer des personnes parfois dangereuses, parfois écœurantes, sa solitude qui l'envahit dans un appartement si petit et misérable qui l'étouffe sans pour autant la contenir, ces séances de cinéma dégueulasses et incompréhensiblement hypnotiques ?
Pourtant la réponse viendra un peu plus clairement ; c'est l'absence de but dans la vie, ce sentiment de vide et de néant dans son existence qui semblent le rendre fou. Payer le loyer et survivre n'est pas un motif d'existence mais juste un mécanisme presque physique. C'est pourquoi le personnage principal semble enfin apaisé lorsqu'il a délivre la jeune fille, l'a rendue à ses parents et l'a extirpée d'un monde atroce dans lequel elle semblait avoir trouvé routine. Il avait déjà trouvé ses galons de justicier en arrêtant (brutalement) un voleur dans un magasin mais voilà qu'il semble avoir trouvé sa voie, pourquoi il existe, et il peut maintenant vivre sans se préoccuper du pourquoi de son existence, sans se ronger intérieurement indéfiniment.
Taxi Driver semble peu profond dans son message, sa fin peut étonner tant elle semble heureuse et en décalage mais l'on se rend compte que, malgré tout, les interprétations se font au fur et à mesure, démontrant une construction intelligente, d'une rare finesse et progressive. Scorcese filme avec brio les déambulations de son "héros" et nous entraîne avec lui dans ses recherches sur son être intérieur, dans sa quête existentielle. Le spectateur, bercé par le blues, n'est pas mis de côté mais est impliqué comme rarement aux côtés d'une âme en peine.
Comme un passager de taxi auquel un chauffeur se confierait...