TED : Trash Et Déjanté

C’est bien simple, lorsque j’ai vu que Seth – Dieu – MacFarlane allait sortir son premier long métrage, avec un ours en peluche vivant et dépravé comme personnage principal, je n’ai pu qu’être impatient de voir le produit fini. C’est chose faite, c’est donc l’heure de la critique.

À 8 ans, le petit John Bennett fit le voeu que son ours en peluche de Noël s’anime et devienne son meilleur ami pour la vie, et il vit son voeu exaucé. Presque 30 ans plus tard, l’histoire n’a plus vraiment les allures d’un conte de Noël. L’omniprésence de Ted aux côtés de John pèse lourdement sur sa relation amoureuse avec Lori. Bien que patiente, Lori voit en cette amitié exclusive, consistant principalement à boire des bières et fumer de l’herbe devant des programmes télé plus ringards les uns que les autres, un handicap pour John qui le confine à l’enfance, l’empêche de réussir professionnellement et de réellement s’investir dans leur couple. Déchiré entre son amour pour Lori et sa loyauté envers Ted, John lutte pour devenir enfin un homme, un vrai !

Pour les deux du fond qui dorment (oui, vous), Seth MacFarlane est le génie (cette critique va comporter autant de subjectivité que de parenthèses) derrière les excellentes séries d’animation Les Griffin (Family Guy en VO), American Dad et The Cleveland Show. Pour son premier film, il réalise, écrit, produit et prête même sa voix à Ted en VO. Rien que ça. Bref, le synopsis n’est pas bien épais vous en conviendrez, mais est-ce bien là ce que l’on demande en priorité à une comédie ? Le film reprend beaucoup des ingrédients connus dans les autres réalisations de Dieu. À savoir de l’humour pas toujours fin et souvent insolent et assez osé (n’emmenez pas vos enfants), des attaques gratuites envers des stars et moult situations et dialogues improbables répartis de manière ponctuelle dans les 1h45 que dur le film.

Rien n’est aussi puissant qu’un voeu de petit garçon. Sauf un hélicoptère Apache.

Si je dis ponctuel c’est parce que globalement, malgré mon fanboyisme assumé (j’assume aussi l’invention de ce mot), j’ai trouvé TED assez monotone. Malgré quelques scènes vraiment épiques (que l’on soit fan ou non du style de MacFarlane), je m’attendais réellement à plus de sa part. Quelques temps morts gâchent un peu le plaisir et certains gags sont prévisibles quand on connaît le bonhomme. De plus, pour avoir regardé quasi l’intégralité des séries du même réalisateur, j’ai trouvé que TED était au final assez sage et pas si trash qu’il aurait pu/dû être (n’emmenez quand même pas vos enfants). Grosse comédie américaine oblige, je pense que Dieu a dû lisser son film pour ne pas trop choquer l’Amérique puritaine (lol) et rentrer dans le moule de ce type d’oeuvre. Néanmoins on rigole bien devant la toile, notamment grâce à beaucoup de clins d’oeil et de passages de guests qui compensent quelques passages un peu cul-cul.

En ce qui concerne la musique, le jeu d’acteur ou encore le montage, rien à signaler. Rien de mauvais ni d’exceptionnel non plus. Je pense par contre que le film est à voir en VO. Si la voix de Joey Starr en VF colle plutôt bien à un Ted gros buveur et fumeur, on sent que doubleur n’est pas son métier et certaines répliques sonnent moyen. Surtout lorsqu’on connait le talent de MacFarlane dans cette discipline (promis j’arrête avec les compliments). Mark Wahlberg qui incarne John est plutôt convaincant dans son personnage d’adulte/gamin, tandis que la zolie Mila Kunis remplit bien son rôle de bimbo troisième roue du carrosse (oui, cette expression ne veut rien dire, et ?). Ted est quant à lui très bien animé et intégré à l’image et on s’attache rapidement à l’ours.

« Fu** you thunder, you can suck my di** ! »

Je suis sorti mitigé de cette séance de TED. Probablement en partie à cause du fait qu’une trentaine d’ados wesh dans la salle ont hurlé toute la séance et pourri une blague sur deux (rétablissons la punition corporelle à l’école). Je ne peux néanmoins que conseiller – surtout aux fans de MacFarlane – d’aller voir TED ou tout du moins de le regarder lors de sa sortie en DVD (vous savez, le truc rond bourré de pubs et qui se raye). Malgré quelques longueurs et ficelles un peu grossières typiques des comédies US, plusieurs scènes et dialogues cultes et décalés méritent vraiment le détour. J’espère sincèrement une suite qui permettra à l’ours en peluche de développer pleinement son potentiel et pourquoi pas d’égaler Roger d’American Dad. Ce sera donc un 7/10 pour ma part sur senscritique, une note moyenne/bonne pour une comédie globalement moyenne/bonne que je re-regarderai avec plaisir en VO dès la sortie sur galette. Malgré ce premier essai, l’insolence et le talent de Seth MacFarlane fonctionnent presque aussi bien en format long qu’en épisodes de 20 minutes et il rafraîchit ainsi un peu cet exercice vu et revu qu’est la comédie américaine.