Tenue de Soirée de Bertrand Blier (Les Valseuses) nous jouit de moments hilarants et de dialogues savoureux. Une jouissance remarquable animée par les prestations bandantes de notre grand Gérard, de Michel Blanc, mais aussi de la resplendissante Miou-Miou.
Antoine (Michel Blanc) et sa petite amie (Miou-Miou) vivent dans la misère : ils ne se lavent pas, ils puent, se logent dans une caravane et leurs habits méritent un bon lavage. C'est alors, après un coup de tête entre ces deux personnes à ce sujet lors d'une soirée dansante, Bob (Gérard Depardieu) entre en scène afin de les aider. Un grand homme qui dégaine tout aussi bien de beaux et longs dialogues que son pénis pour y satisfaire ses désirs... moralisateur, cambrioleur, amoureux, libertin et bon samaritain. Voici ce qui qualifierait notre chère Bob. Il sera la destiné de ce couple, serait-il alors un ange ou un démon ?
Tenue de soirée est un peu comme Les Valseuses dans son développement (esprit libre, triangle amoureux, vivre au jour le jour), sauf qu'au lieu de voyager dans moult voitures, ici on pénétrera dans diverses habitats.
Les vingt première minutes sont exceptionnelles, nous avons ici le début d'un grand film. Tout s’enchaîne: les situations cocasses, des dialogues riches, directs et drôles, une bonne réalisation... nous sommes scotchés, on rentre dans le film comme une bite dans un vagin tellement que ça fait du bien ! Comme dirait Sergent Pepper dans sa critique « On croirait voir un Cyrano punk dans les rues nocturnes », c'est exactement ça qui m'a fait salivé dans cette première partie.
Mais on en ressort vite fait car parfois, si on là met dans le cul, bah ça peut faire mal quand on ne connaît pas. La suite du film nous plonge dans cette merde qu'on aurait aimé éviter/dévier. Enfin tout n'est pas non plus à jeter dans cette demi heure qui succède les vingt première minutes (de 20 à 50 minutes). Un (gros?) coup de mou, on débande assez vite devant cette niaiserie, ces musiques (signées Serge Gainsbourg) souhaitant nous noyer dans la pathos avec une histoire d'amour un peu cucul. Bon je ne vais pas me mentir, malgré que cette grosse demi-heure (sur 1h20, ce qui fait quand même beaucoup) on y trouve toujours de bons moments et des répliques cultes. En effet on a beau être dans la merde, mais au fond on y trouve du plaisir. Peut-être aussi étais-je déçu du fait que j'ignorais ce revirement dramatique ?
C'est donc après le milieu du film, à sa dernière demi-heure que le l’œuvre regagne en couleur. On se remet donc à rire à cœur joie et à espérer que le générique n'arrivera pas de si tôt.
Dans la mise en scène et la réalisation, le film vieilli très bien (mieux que Les Valseuses). Cependant l'esprit du film se veut provocateur en mentionnant le libertinage, la bissexualité et la polygamie que cela soit par des gestuels que par des dialogues crus. A vrai dire, de nos jours ce n'est plus tout à fait pareil. La provocation n'étant plus la même. Aujourd'hui on aurait tendance à foutre des scènes de sexe explicites (qui dans ce film n'en contient aucunes) pour vouloir « choquer » le bourgeois et ainsi faire le buzz. Dans cet optique, le film n’émet plus la même chose, pour un film provocateur de l'époque, il donne aujourd'hui un air plutôt « familial » et ne surprendra aucunement la population française (à pars les plus coincés d'entre eux). Mise à part les répliques ça reste relativement calme et pas vraiment osé, ça manque peut-être un peu de chaire.
Pour finir on peut souligner quelques autres défauts que regorge l’œuvre de Bertrand Blier. Primo le cadrage n'est pas parfait, on se retrouve parfois avec des têtes coupés en deux à la vertical. C'est dommage. Deuzio la scène finale qui tombe brusquement sans qu'il y ait un lien directeur avec la scène qui la précède. On ne comprend pas trop le pourquoi du comment, c'est tristement bâclé, Blier ne savait pas comment conclure son film.
Quel est le lien entre la fuite de Miou-Miou après avoir tiré sur Michel Blanc et le fait qu'il sont tous ensemble (avec Gérard) à la fin comme des amis ? Quel est le lien entre la folie de Michel Blanc au moment où il prenait Depardieu en otage et cette scène où ils deviennent tous des catins ? Pourquoi ? Comment ? La scène finale n'est pas mauvaise, mais il manque cruellement des scènes pour lier tout ça !
Une œuvre à voir par ses dialogues efficaces, pertinents et drôles, mais aussi par l'excellente prestation de nos protagonistes principaux. Je reste tout de même frustrer par la demi-heure qui plombe le film au point d'en faire un joli trou de balle, mais comme tout orifice on peut y trouver son plaisir. Un film que j'aimerais quand même revoir, et pourquoi pas mieux l'apprécier.