La nostalgie, c'est quelque chose d'assez paradoxal en soi, à tous les degrés.


On sait tous que c'est un sentiment qui ne connaît pas de frontières, et quelque soit vos origines, votre rang, votre situation sociale, on en sera jamais vraiment a l'abri.
Pourtant, c'est aussi une émotion que l'on ressent avec une certaine timidité, voir une forme de honte.


En étant nostalgique, on est oblige d'admettre que nous faisons partie d'un terreau temporel, et que ce dernier, tous comme nos pauvres corps vieillit.


Ainsi tel que j'ai pu me moquer de mes aïeuls qui croyaient sincèrement que Téléphone était un vrai groupe de punk rock, la génération actuelle pourra se moquer de moi pour avoir mis du Kylie Minogue sur mon smartphone.
Et eux a leur tour feront certainement l'objet des moqueries de leur progéniture, quand ils sauront qu'ils écoutent toujours Taylor Swift, qui en sera sans doute a son 45eme divorce, et un trentième album nous expliquant qu'elle a encore une fois le cœur brisé.


Comme le chantait Shirley Bassey en 1998, "It's just history repeating".


Et quelle plus probante démonstration de l'histoire se répétant inlassablement, que de voir sur nos écrans arriver un nouveau Terminator.


Mais quelle belle idée géniale que voila !


Un peu la même qu'avait eu Sony en 2003, en faisant un Terminator, ou le plan diabolique de Skynet pour piéger John Connor était de lui envoyer un fembot capable de gonfler ses nichons.


Un peu la même aussi qu'aura eu Sony ET Warner Bros en 2009, en faisant un Terminator pile au moment de la grève des scénaristes d'Hollywood.
Ce qui donna lieu a une histoire aux accents très rigolos, dont un Skynet qui cette fois ci fait prisonniers des humains... pour leur chatouiller les pieds, sans doute.


Un peu la même aussi qu'aura eu Paramount en 2015, en se disant que ce que le public voulait en fait avec un Terminator, c’était plus de Arnold Schwarzengger, quand en réalité, peut être que juste un bon film aurait suffit ?


Nous voici donc en 2019, ou cette fois ci, il faudra les efforts d'une demi douzaine de scénaristes pour refaire encore un Terminator, en embarquant cette fois ci 20th Century Fox/Disney dans la joyeuse aventure.


Et tel le cadre classique de ma vie sexuelle, Dark Fate nous vient en sommer d'oublier les précédentes fois, c’était pas bon, mais promis cette fois tu t'emmerderas pas en regardant le plafond, et je te ferais même un massage avant.


Mais attention vous allez voir ce que vous allez voir car cette fois ci, on a engagé Tim Miller le réalisateur de Deadpool !
"Woah Tim Miller, en voila une bonne raison d'aller voir Terminator Dark Fate" phrase que ne dira jamais personne dans l'histoire de l’humanité.


Comme Paramount/Fox/Disney n’étaient pas dupes, ils ont sortis de leur poche Linda Hamilton pour reprendre le rôle de Sarah Connor.
Tout comme la nouvelle trilogie Star Wars, on refait appel aux vieux pour vendre le neuf.
"Woah un nouveau Terminator avec Linda Hamilton ! Ça fait une décennie que j'attendais cela !" phrase que ne dira jamais personne dans l'histoire de l’humanité.


Car en réalité, ce qu'on attendait d'une éventuelle suite de Terminator, c’était justement le futur.
L'affiche, extrêmement mensongère de Dark Fate annonce fièrement "Welcome to the day after Judgment Day".


Sauf que... non.


On est encore dans un cadre contemporain, ou Skynet, qui ne s'appelle plus Skynet, mais pas non plus Genysis, a encore envoyé un robot increvable, sauf si on trouve une Deus Ex Machina adéquat, pour tuer une figure humaine qu'il arrive pas a buter dans le futur, alors qu'il a les mêmes robots increvables en plus grand nombre.


Et la résistance humaine envoie encore une fois un protecteur pour sauver la cible des griffes du vilain Terminator, et accoucher d'un épisode de course poursuite a la Tom et Jerry, mais malheureusement les gags en moins.


Les noms changent, mais la trame reste la même.
"It's just history repeating"


Du re-branding en somme; procédé marketing qui s’avère d'autant plus criant que Dark Fate tente de se donner des apparences de film féministe.
Terminator Dark Fate le crie haut et fort: OUI une femme racisée peut bel et bien devenir leader et espoir de l’humanité dans un futur post apocalyptique.
Par contre, on ne peut toujours pas en confier le scenario et les commandes de la réalisation a d'autres personnes que des hommes blancs.
C'est quand même sacrément ballot.


Du coup quand Dani Ramos intervient dans le futur, c'est pour dire "Arrêtons d’être méchants entre nous parce que sinon ça va rendre service aux vrais méchants !".


Donc message pour toi Franck Ribery: quand les machines prendront le pouvoir, toi aussi tu as une chance de devenir chef des humains.


Rendons a César ce qui est a César, ce n'est certainement pas la faute de Natalia Reyes, ni même du casting d'avoir des lignes de dialogues ayant pour but de rendre chacun de leurs personnages insupportable.


Le cas de Mackenzie Davis, comédienne autrement plus douée, qui en est réduit a sortir réplique passive-agressive après réplique passive-agressive en est un excellent exemple.
On pourrait presque voir James Cameron menaçant son public, en disant "Hé venez pas chouiner, parce que si vous n’êtes pas contents, on vous remet Emilia Clarke !".


C'est a se demander si la tripotée de scénaristes ne se faisait pas la guerre par page de scripte interposée, bousillant ligne après ligne un script qui devait tenir a la base en un tweet.


Ce qui expliquerait Arnold Schwarzenneger, jouant un robot repenti du temps ou il faisait un cosplay de Duke Nukem, puisque même la morale judéo-chrétienne arrive a toucher des circuits imprimés qui réfléchissent en 0 et en 1.
Le film est tellement conscient de sa connerie, qu'il fait les blagues s'en moquant avant que le spectateur n'ait le temps dégainer le premier.


Le tout pour le plaisir visuel du spectateur qui verra ainsi deux silhouettes de pixels se cogner dans un avion, dans l'eau (peut être bientôt DANS L'ESPACE qui sait ?) a peine discernables dans des scènes sous exposées avec des plans haches menus, vous faisant regretter n'importe quel Fast & Furious au pif.


Dark Fate ne peut pas miser sur son sens du spectacle aussi brouillon qu'une collection vestimentaire Desigual.
Il ne peut pas non plus décemment miser sur des acteurs plombes par des dialogues écrits par des créatifs de NRJ 12.


Que reste il alors ?


Eh bien, la nostalgie précisément.


Ce vague souvenir, ancre dans nos mémoires, de la cassette ou DVD de Terminator 2, qu'on regardait le soir quand nos parents étaient endormis.
Cette maigre flamme qui demeure tapissée au fond du noir cynisme de nos cœurs, et qui prend chacun de ses films comme un nouvel espoir de pouvoir embraser notre être entier de nouveau.


Mais comme chacun le sait, la nostalgie c'est pas un truc rationnel.
C'est de la fuite en avant vers le passe, ou de la fuite en arrière si vous préférez.


Et si Dark Fate pense simplement demander a regarder le passe avec les lunettes du présent, il ne se rend pas compte qu'en réalité il demande a voir surtout le futur avec les lunettes du passé.


Une pirouette qui est tout simplement impossible.


Oui, on le sait qu'on va au devant de l'apocalypse, mais la différence c'est qu'on sait qu'elle ne viendra pas de robots avec des pisto lasers qui font piou piou.


Elle vient de notre mode de production, de notre destruction maladive de notre éco système pour en arracher des centièmes de points de croissance gavant des fortunes planquées aux îles Caïmans.


Et ainsi quand Dark Fate, montre ses héros pilotant un avion cargo et grimpant a bord d'un placement de produit Jeep, il attend de nous de trembler pour eux.
Alors qu'on est juste en train de se morfondre devant l’étendue de leur bilan carbone.


C'est ça tout le problème de la nostalgie.
Elle n'est pas juste irrationnelle, elle sert a fuir la réalité froide de notre époque.


Alors que pourtant, on peut regarder le présent avec les lunettes du présent.


Edgar Wright l'a fait il y'a six ans avec un beaucoup trop sous estime World's End.


Ou même Cyril Dion et Mélanie Laurent avec Demain.


C'est peut être eux les vrais héros.


C'est peut être ceux qui arriveront a nous faire regarder aujourd'hui qui retarderont le jour du jugement dernier.

HugoShapiro
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le 29 oct. 2019

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HugoShapiro

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