Une co-production HK/Chine de la fin des années 80, avec Zhang Yimou et Gong Li dans les rôles titres, et produite parTsui Hark... voilà qui ne peut manquer d'attirer l'attention ! Toutefois, l'influence du barbichu sur le métrage est relativement faible, ce dernier s'étant contenté de participer au scénario et de superviser les SFX. C'est son fidèle lieutenant, l'inégal réalisateur/chorégraphe Ching Siu Tung qui peut pleinement revendiquer la paternité de l'œuvre... et se targuer de son incontestable réussite.

Si les grandes lignes du scénario de Terracotta Warriors font nécessairement penser aux Visiteurs de Jean Marie Poiré, l'inspiration des scénariste est à chercher du coté d'une autre oeuvre, le Iceman Cometh de Clarence Fok.
Le concept de départ est identique dans les deux films. Par contre, le traitement qui en est fait diffère complètement. Là ou Iceman Cometh joue la carte du cocktail action/humour, Terracotta Warrior choisit une approche plus ambitieuse, celle du grand spectacle et de la pure histoire d'amour.

La facette spectaculaire du métrage ne réside pas, comme souvent avec les films Hong Kongais, dans ses scènes d'action. Peu nombreuses,elles sont tout à fait classiques. Non, le grand spectacle se fonde sur la reconstitution qui est faite des deux époques, celle de la dynastie Qing tout particulièrement. La toute première scène du film est à ce titre emblématique. On y voit une gigantesque carrière exploitée par une armée d'ouvriers. Une exploitation destinée à permettre la construction du mausolée de l'Empereur. Toutes proportions gardées, cette séquence évoque certains passages des Dix commandements et autres peplums à l'Hollywoodienne. Le reste du film est à l'avenant, exploitant au mieux les paysages Chinois et autres palais.
Comparativement, la reconstitution des années 20 ne démérite pas mais elle ne peut se targuer de la même grandeur que celle consacrée à la dynastie Qing.
Époque médiévale ou années folles, Ching Siu Tung fait honneur à cette direction artistique soignée. Il nous gratifie d'une réalisation ample et ambitieuse, lui rendant parfaitement justice. Ching réussit d'ailleurs quelques plans visuellement sublimes : celui d'ouverture, déjà évoqué, ou encore l'arrivée des mages au palais de l'Empereur pour ne citer que ceux là.

Mais le cœur du film réside dans l'histoire d'amour qui lie Mong Tienfong à Tong Yi. Son traitement diffère selon l'époque temporelle choisie.
Dans la première partie, leur relation est traitée avec un sérieux inébranlable, oscillant entre romantisme exacerbé et drame poignant. Une scène, parmi les plus belles du film, l'illustre brillamment. On y voit Tong Yi jouer de la musique avec quelques bols et Mong Tienfong exécuté un tao au rythme de sa mélodie. Le drame n'est, hélas, pas loin et, quand la belle finit par casser le bol, on comprend immédiatement que leur idylle ne pourra que se terminer tragiquement.
A contrario, les moments situés dans années 20 voient le ton changer. En grande partie à cause de la personnalité plus excentrique de Lyly, le drame est ramené au second plan et l'humour vient prendre le devant de la scène. Cette rupture de ton n'est que passagère puisque, inévitablement, Lyly finira par se rendre compte de son existence antérieure et le drame reprendra ses droits. Bien mise en valeur, cette jolie histoire d'amour impossible est un véritable enchantement.

Le casting du film est un autre élément notable qui fonde sa réussite. Alors que le couple Zhang Yimou/Gong Li personnifie le cinéma de Chine Continentale tendance sociale, les deux acteurs ont plusieurs fois joué dans des productions Hong Kongaises. L'occasion pour eux de changer de registre et de se frotter à des styles de cinéma différents. Bien leur en avait pris car leurs prestations dans Terracotta Warrior sont à ce titre excellentes. Zhang Yimou est un amoureux transi faisant montre d'une belle intensité, quand à Gong Li, rarement l'actrice n'aura été aussi bien mise en valeur. La présence du charismatique Yu Rong Guang en chef de gangster achève de convaincre de l'excellence de ce mésestimé Terracotta Warriors.

Créée

le 12 janv. 2011

Critique lue 946 fois

4 j'aime

Palplathune

Écrit par

Critique lue 946 fois

4

D'autres avis sur Terracotta Warrior

Terracotta Warrior
Libellool
8

L'amour plus fort que le temps

Terracotta Warriors fleure bon les années 80 à travers l'atmosphère qu'il dégage et les musiques utilisées, mais aussi pour sa dimension aventureuse qui s'inspire beaucoup de ce que faisait le cinéma...

le 14 févr. 2015

2 j'aime

3

Du même critique

Dune
Palplathune
8

Dune vision à l'autre

Minute introspective : J'ai découvert Dune (le film) ado. Étant sevré aux Star Wars, j'espérais voir un spectacle du même acabit. Évidemment, avec de telles attentes, le visionnage ne fut pas une...

le 18 avr. 2012

99 j'aime

13

Inferno
Palplathune
9

L'enfer du miroir

Dario Argento qualifie lui même Inferno de son film le plus pur. On ne peut que lui donner raison au vu du métrage, un véritable cauchemar éveillé, l'impression sur pellicule des obsessions les plus...

le 3 déc. 2010

56 j'aime

8