Terreur dans l'espace
Terreur dans l'espace

Film DTV (direct-to-video) de Ricardo Jacques Gale (1993)

Titré 2022 Terreur dans l’espace sur mon édition, c’est bien dans l’optique de découvrir ce que l’année 2022 réservait que le visionnage s’est décidé.


Ne croyant plus dans l’astrologie, la numérologie ou la rumpologie, mon angoisse à l’idée de découvrir une nouvelle année potentiellement aussi terrifiante que les précédentes devait être contenue par une nouvelle forme de divination, la cinématologie.


Dans Alien Intruder, de son petit nom palot en VO, le réalisateur Ricardo Jacques Gale nous a ainsi offert dès 1993 ce qu’allait être 2022.


Ainsi, en 2022, nous boirons toujours du Coca-Cola, même dans l’espace.


En 2022, le vinyle ne sera plus à la mode, ce sera le mini-CD qui permettra d’écouter de la musique.


En 2022, il y aura toujours des prisons, les lasers remplaceront les barreaux mais sinon ce sera la même ambiance, bastons entre prisonniers et évasions.


En 2022, il y aura toujours des hommes pour proposer à des condamnés qui n'ont plus rien à perdre des missions suicides. Dans le cas présent, il s’agit d’une équipe composé de quatre personnes, dont un navigateur rétif à l’autorité, une forte tête fan d’explosifs ou un petit génie informatique.


En 2022, d’ailleurs, on continuera toujours à utiliser les interfaces graphiques DOS.


On ne s’habillera d’ailleurs pas très différemment des années 1990, démontrant que la prochaine vague de nostalgie à nous enquiquiner cette année là sera donc celle des années 1990.


Par contre, enfin, on ira dans l’espace, avec des vaisseaux et des décors assez sommaires et très ressemblants, mais il s’agit probablement d’économies d’échelles dans la fabrication de navettes spatiales. C’est d’ailleurs pour aller secourir un vaisseau qui ne donne plus de signes de vie qu’a été fondé cet équipage suicide, à qui on a promis la libération, le Code pénal ayant été visiblement assoupli en 2022.


En 2022, il y a aussi des formes de vie extra-terrestre, qui ont compris que pour mettre la pagaille dans un équipage masculin et plein de testostérone aux répliques légères en subtilité (à l’artificier du groupe : « tu aimes te faire sauter ? », après une rapide présentation du chemin « à ce que je vois nous nous glissons dans un trou noir sans poils ») il fallait utiliser le seul point faible de la masculinité : la femme.


Heureusement, en 2022, la réalité virtuelle a fait beaucoup de progrès, et les condamnés ont droit comme récompense à passer leurs week-ends dans des caissons de réalités virtuelles, où chacun vit sa petite aventure fantasmée.


Oui, mais qui est cette jeune femme qui semble errer dans le vaisseau et qui se retrouve dans chacun des programmes de ces messieurs ?


Les quelques présentations de 2022 faites, enchanté, il faut bien reconnaître à Alien Intruder, son titre dans la langue de Coca-Cola, son statut de petite série B assez anecdotique, mais pas déplaisante.


Il a d’ailleurs son ton très série B de ces années, qui sent le poil d’aisselle bien viril, avec une franche camaraderie dans l’équipe, entre petits jeux et échanges de coups sur le nez pour mieux se réconcilier. Dans leurs programmes informatiques chacun a droit à sa petite poule, dont les actrices impliquées donnent souvent de leur physique. Après tout ce sont des condamnés à de longues peines, ils ont bien droit à un peu de plans boobs, comme le spectateur.


Mais c’est aussi leur intérêt pour le féminin qui sera l’instrument de leur perte, à l’image de cette énigmatique Ariel, qui semble pouvoir être présente partout, physiquement ou virtuellement, et qui joue avec eux. Incarnée par la belle Tracy Scoggins (vue dans plusieurs séries américaines, comme Loïs et Clark : Les nouvelles aventures de Super-Man ou Babylon 5), la sirène semble pouvoir apparaître là où elle le souhaite, pour mieux monter les uns contre les autres. Malheureusement sa présence est un peu trop disséminée pendant la majeure partie du film, alors qu’il est bien un de ses atouts majeurs, bien que cela permette de créer la curiosité autour de sa personne.


Le film s’amuse d’ailleurs avec une autre de ses idées, ses programmes de réalités virtuelles, à travers plusieurs scènes qui reprennent certains décors mais aussi codes cinématographiques, un Westworld en VR donc. Entre le western, le film noir à la Casablanca, le film de loubards des années 1950 ou la scène dans un présent caricatural (beau gosse, plage superbe, belle nana), les costumes ne sont pas les mêmes, les décors aussi. Le programme « à la Casablanca » se paye même quelques plans de caméra assez typiques et un noir et blanc pour se présenter dans le jus de l’époque ou imaginé comme tel. Ce seront d’ailleurs les seuls moments avec une mise en scène un peu plus développée, une légère liberté dans la réalité d’une production imposée pour le marché de la télévision et des vidéoclubs, sans grands efforts de réalisation.


Ces moments virtuels permettent de casser la monotonie d’un décor de science-fiction assez plat, tout en les reliant à l’intrigue générale, avec cette Ariel amicale, taquine ou aguicheuse, toujours présente dans ces scènes virtuelles, encore difficile à cerner.


Bien que produit par PM Entertainment, compagnie alors surtout connue pour ses (télé)films de série B dans les années 1990, le film compte tout de même au casting quelques célébrités, aux implications diverses. Billy Dee Williams, 10 ans après le Retour du Jedi reprend donc les étoiles mais son Lando était plus convaincant que ce capitaine qui cache un lourd secret, houlala. D’autres acteurs ont eu leur petit carrière, à l’image de Maxwell Caulfield, héros de Grease 2. Un autre membre de Grease, Jeff Conaway, fait d’ailleurs une apparition. Il retrouvera plus tard Tracy Scroogins dans Babylon 5, comme quoi la SF ça rapproche. C’est le plus souvent joué avec une intensité minimale, mais bon, ça paie les factures et finalement ça n’empêche pas certains d’avoir une personnalité suffisamment marquée (pour ne pas dire caricaturale mais dans le bon sens) pour se distinguer.


Alien Intruder reste une production pour le marché de la télévision et des vidéoclubs, il n’est pas sorti dans les cinémas. Il ne peut donc pas concourir face aux mêmes représentants. Il serait tout de même vain de lui offrir une reconnaissance supérieure à celle qu’il mérite : son thriller vaguement paranoïaque dans l’espace à la recherche d’une femme qui cause la discorde est un peu mou. Mais son équipe de bras cassé, sa décontraction ou ses intermèdes virtuels lui permettent de se dégager d’une courte tête du tout venant.


Pour ses prédictions sur 2022, on va lui laisser le bénéfice du doute…

SimplySmackkk
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le 4 janv. 2022

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SimplySmackkk

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