Piégé dans la toile de la genèse
Après la trilogie de Sam Raimi, Marc Webb s'est vu confier la responsabilité de réaliser le relaunch de Spider-Man. L'auteur de « 500 jours ensemble » devait redonner un souffle à une série Marvel sur le déclin (Spider-Man 3 en témoigne). Pourtant, à vouloir raconter les débuts des super-héros Marvel inlassablement, la redite n'est jamais loin tant les thèmes de « la naissance des super-héros » sont toujours les mêmes : un adolescent méprisé, grâce à ses nouveaux pouvoirs, va s'affirmer, prendre sa vengeance personnelle face à ses camarades qui se moquent de lui, battre un méchant pour sauver sa ville et enfin devenir un adulte plus ou moins responsable.
A ce niveau-là, Marc Webb n'apporte rien de neuf et utilise des ficelles scénaristiques assez grosses, multipliant les clichés (la découverte des pouvoirs, les scènes avec Gwen, la vengeance contre la petite frappe du lycée, les scènes patriotiques avec le père de Gwen ou les grues...). Long à démarrer, long à finir, « The Amazing Spider-Man » souffre aussi d'un problème de rythme pénalisant pour un tel film.
Qu'en est-il alors des effets spéciaux et de l'aspect visuel du film ? Si certaines scènes sont assez jolies (quoi qu'on en dise, j'ai trouvé Le Lézard réussi), d'autres sont franchement déçevantes et trahissent un certain manque d'imagination de la part du réalisateur. Les scènes en vue subjective (comme dans un jeu vidéo) lorsque Spider-Man vole dans les rues de New-York sont à la limite de l'indigestion (au sens propre, elles donnent la nausée). Je me demande ce que cela aurait pu donner avec Joss Whedon dans « The Avengers » s'il eut prit la peine d'inclure Spider-Man dans son film. Il n'en reste pas moins que globalement, le film tient visuellement son cahier des charges.
Le gros point fort du film est sans doute la performance d'Andrew Garfield, déjà remarqué dans plusieurs films dont « The Social Network » et « Lions et Agneaux », bien plus crédible en ado timide qui s'affirme que Tobey Maguire, l'erreur de casting de Sam Raimi. Le reste de la distribution tient très bien la baraque comme Emma Stone, Rhys Ifans ou encore Martin Sheen, que je n'avais pas revu depuis longtemps (« Les Infiltrés » de Scorsese en 2006) et quel plaisir de le revoir ! Il ne faudrait pas non plus oublier la bande-originale de James Horner qui avait la lourde tâche de réinventer un thème pour Spider-Man après Danny Elfman. Le pari est réussi et l'intégralité de la bande-originale mérite, presque au contraire du film, d'être écoutée et réécoutée.
Finalement, « The Amazing Spider-Man », alors que ce titre laissait espérer un rapprochement plaisant avec la série phare de Marvel, tire bien plus son inspiration de la série « Ultimate Spider-Man ». Par conséquent, le film s'éloigne, comme pour attirer plus de spectacteurs comme « Ultimate Spider-Man » devait attirer plus de lecteurs, de l'univers Marvel et de sa mythologie. A part deux ou trois mentions au personnage de Norman Osborn et le personnage du Lézard, peu ou pas de plongée véritable dans l'univers Marvel au contraire de « The Avengers » par exemple. Si cela est appréciable pour les novices, les amateurs marvelliens resteront sur leur faim tant le scénario et la réalisation ne viennent pas relever la qualité générale du film. Une petite déception en somme !