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Le retour (again) du Chevalier Noir sur grand écran

Déjà passé de multiples fois sur grand écran, Batman revient au cinéma sous les traits de Robert Pattinson dans un film qui se place dans sa propre chronologie, loin des films « connectés » de DC. Mais à force de l’avoir déjà vu et revu, le Chevalier Noir peut-il nous surprendre à nouveau ?


La critique complète avec spoilers


Présentation


Depuis 2 ans, Bruce Wayne (Robert Pattinson) a endossé le costume du Batman pour essayer de faire de Gotham City une ville plus sûre, le vieux rêve de son père. Craint autant par les criminels que par les civils qu’il sauve, il est à peine toléré par la police qui ne voit en lui qu’un justicier dangereux. Ses rares alliés sont Alfred Pennyworth (Andy Serkis), vieux majordome de la famille et seule personne a connaître sa double identité ainsi que James Gordon (Jeffrey Wright), unique officier de la police qui semble lui faire confiance.


Mais lors de la nuit d’Halloween, alors que les élections pour élire le nouveau maire approchent, le maire sortant et candidat à sa réélection est assassiné chez lui par un criminel se faisant appeler The Riddler. Commence alors une série de meurtres qui semblent avoir pour but de nettoyer la ville de ses dirigeants corrompus où l’assassin laisse systématiquement un message codé pour Batman. Le Chevalier Noir va alors commencer son enquête qui le verra croiser le chemin, entre autres, de Selina « Catwoman » Kyle (Zoë Kravitz), du « Pingouin » Oswald Cobblepot (Colin Farrell) et du mafieux Carmine Falcone (John Turturro).


Critique


« Jesus ! » (à prononcer à l’anglaise) … que ce film est beau ! La première chose qui frappe le spectateur, c’est le style visuel véritablement sublime de bout en bout. Que ça soit au niveau des décors, des lumières, de l’ambiance générale et de la mise en scène, c’est une réussite totale à part à de rares occasions. Comme généralement dans les histoires de l’homme chauve-souris, l’intrigue se passe majoritairement de nuit, mais les jeux de lumières proposés par Matt Reeves et Greig Fraser (ce dernier étant également à la direction de la photographie du Dune de Denis Villeneuve … coïncidence ?) permettent de systématiquement mettre en valeur les personnages, leurs actions et ce qu’il se passe autour d’eux.


Mais au delà de la lumière, c’est aussi son absence qui permet de mettre en avant la menace invisible qui arrive. Car c’est de cette manière que nous est introduit Batman dans cet opus : une forme menaçante sortant des ombres pour fondre sur ses ennemis. Et c’est ensuite que le jeu des clairs et obscurs est utilisé, parfois de manière brutale, comme lorsque le phare d’une moto remplit le cadre entier du film et ébloui la salle mais parfois aussi de manière plus subtile comme lors du sublime combat où les seules lumières sont celles qui émanent des coups de feu des criminels.


Batman est un délice pour les yeux … et les oreilles. La bande son de Michael Giacchino sonne toujours juste. Le thème joué à chaque arrivée de Batman pose l’ambiance lourde voulue pour mettre en avant la menace qui arrive (D’ailleurs certains passages me font un peu penser à une Imperial March de Star Wars ralentie… mais ce n’est peut-être que moi). Le reste de la bande originale est du même niveau en offrant à la fois des envolées pour les scènes les plus mouvementées et des rythmes plus calmes lors des échanges ou des moments d’enquête.


Car il est temps de parler un peu de Batman lui-même et la première fois chose qui le différence de pas mal de ses version précédentes, c’est son côté « détective ». S’il dispose de quelques gadgets ici aussi, on n’a pas de Bat-Ordinateur « magique » permettant de décoder immédiatement les indices reçus. Non, ici Batman va sur le lieu d’un crime, il l’observe, il l’analyse, regarde ses enregistrements plusieurs fois à la recherche de subtils indices, il résout des énigmes et si tout n’est pas parfait sur ce point, c’est un retour vers son époque « grand détective du monde » très souvent mise un peu de côté dans les adaptations précédentes.


Et si l’on garde un Batman avec une personnalité très sombre, il est tout de même très différent de ces prédécesseurs. Il est encore en « apprentissage ». On voit ses doutes lors des combats, lors de ses interactions, on sent qu’il veut être un nouvel élan pour Gotham mais sans être sûr de l’image qu’il veut renvoyer. Et s’il dit être « la vengeance », c’est clairement la manière dont il est vu par la société de Gotham actuellement : une menace dangereuse à laquelle personne n’ose réellement se fier de peur d’être dans son viseur ensuite. La scène d’introduction est parfaite pour illustrer ce propos : une fois le Bat-Signal allumé, la peur s’instille chez tous les criminels, effrayés à l’idée de le voir sortir des ombres pour rendre sa justice.


Car si cette critique parle depuis le début beaucoup du Batman lui-même et assez peu de son alter-ego, c’est parce que le film fait aussi le choix de ne laisser qu’une petite place à Bruce Wayne. Il s’efface complètement pour se consacrer complètement à sa quête personnelle, reclus chez lui, ne sortant « en civil » que pour aider sa mission de justicier car au fond Bruce Wayne n’est presqu’un déguisement que met Batman si c’est vraiment nécessaire. Le film fait le (bon) choix de ne pas raconter une nouvelle fois les origines du personnage, bien sûr il est fait référence au meurtre des parents Wayne mais ici point d’entraînement, point de création de son repaire ou de ses gadgets, Batman n’est pas encore sûr de lui mais il est déjà en place et il a fait le choix de laisser Bruce Wayne de côté. Et l’interprétation de Robert Pattinson est à la hauteur et est l’une des grandes réussites du film, réussissant à transmettre les doutes et les fissures de son personnage même derrière son armure et son masque et étant complètement effacé, voulant presque être invisible lorsqu’il doit jouer Bruce Wayne.


A part d’exceptionnelles apparitions publiques, les seules personnes à côtoyer Bruce sont sa gouvernante et le fidèle Alfred. Pour ce dernier, si le film respecte bien les origines « habituelles » du personnage (fidèle serviteur de la famille, père de substitution pour Bruce, ancien agent secret,…), le choix d’Andy Serkis pour l’interpréter est bien plus discutable. Manquant clairement de ce je-ne-sais-quoi qui donne la « touche british » habituelle d’Alfred, bien loin de Michael Caine, Michael Gough ou même de Sean Pertwee dans Gotham. Le personnage permet d’offrir à Pattinson quelques scènes où la relation entre eux évoluent mais le jeu de Serkis n’est clairement pas au niveau de son partenaire ni des autres personnages importants de l’histoire.


Mais s’il n’y a pas grand chose à reprocher au jeu de Zoë Kravitz, Jeffrey Wright, Colin Farrell et John Turturro, on ne peut pas en dire autant sur la profondeur de leurs personnages. Selina Kyle/Catwoman réussit à éviter le cliché de la demoiselle en détresse mais reste très accessoire et n’apporte pas autant à l’intrigue que ce que les bandes-annonces pourraient le faire croire. Jim Gordon a la chance d’être plus mis en lumière, d’avoir plus de moments où il aide à faire avancer l’histoire et on le voit déjà commencer à évoluer vers un futur Commissaire qui apprécie la collaboration entre Batman et les forces de l’ordre. Quand à notre ami le Pingouin, si on ne peut que souligner le travail fait pour rendre Colin Farrell méconnaissable, il n’est vraiment ici qu’en personnage de support, même si l’on sait déjà qu’une série centrée sur lui est en préparation pour expliquer son ascension dans le monde du crime « post film » et qu’on sait vers quoi on se dirige.


Depuis tout à l’heure on parle surtout de la technique et des personnages, mais nous n’avons pas encore abordé l’histoire et l’antagoniste principal. A nouveau dans un souci de garder la surprise pour les gens qui n’auraient pas encore vu le film, je ne vais ici que rester vague et ne pas dévoiler de points importants. The Batman pose donc The Riddler comme menace principale de son intrigue, marquant le retour du personnage au cinéma après son interprétation (très différente) par Jim Carrey en 1995. Plus inspiré par le « Tueur du Zodiaque » (d’ailleurs … regardez le superbe « Zodiac » de David Fincher !) que par les interprétations plus fantasques habituelles, c’est ici un serial killer qui aime narguer la police et Batman à l’aide d’énigmes et de cryptogrammes et dont le but semble être de prouver que les personnes les plus influentes dans Gotham sont toutes corrompues et de les punir à sa façon. Le film ajoute aussi une touche de modernité dans son intrigue en ne manquant pas de se servir des réseaux sociaux et du fanatisme qui peut s’y trouver pour nourrir son intrigue.


Tout n’est pas parfait au niveau de l’intrigue qui garde quelques points faibles (dont je parlerai plus en détails dans la zone spoilers plus bas) mais qui réussit à tenir le spectateur en haleine pendant les presque 3 heures que durent le film. Et si certains moments sont volontairement plus lents (tels que la mise en place), on ne voit pas du tout le temps passer. Les enjeux sont bien posés, l’évolution de la menace et les avancements dans l’enquête sont logiques et s’il manque quelques éclaircissements, on ne ressort pas de la salle en se disant qu’on ne comprend pas du tout le plan du méchant, on sait où en était Gotham et l’on peut voir en partie vers quoi on se dirige … pour la suite.


Car au vu du succès du film et des petits cailloux déjà semés par le film, on sait que notre homme-chauve souris sera de retour pour affronter d’autres menaces et continuer son combat pour faire de Gotham une ville plus sûre pour ses habitants et d’y ramener la justice, parce qu’on sait tous que le plus fort … c’est Batman !

megabonus
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le 25 mars 2022

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megabonus

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