The Cleanse, c’est ce genre de petite bobine qui a longtemps tourné dans les festivals avant de sortir de façon très discrète dans son pays d’origine. Bouclé depuis 2016, ce n’est qu’en 2018 qu’il aura eu les honneurs d’être disponible pour le grand public américain. Et encore faut-il s’intéresser un minimum à ce cinéma indépendant pour en avoir ne serait-ce qu’entendu parler. Premier long métrage de Bobby Miller après une tripotée de courts métrages et quelques épisodes de séries, The Cleanse (anciennement The Master Cleanse) ressemble dans son pitch à une autre bobine indé US sortie en 2013, le très bon Bad Milo, dans lequel tous les sentiments négatifs d’une personne vont se retrouver matérialisés en une créature tangible logeant à l’intérieur même de la personne. La ressemblance s’arrête là tant les deux bobines sont au final différentes et, même si bien en deçà de son homologue, The Cleanse est un film à l’ambiance étrange qui s’avère au final plutôt sympathique.


Dans The Cleanse, on va suivre l’expérience de quatre personnes, et plus particulièrement de Paul, jeune homme paumé après une rupture difficile, qui ont décidé de participer à un programme de retraite spirituelle. Une sorte de purification du corps et de l’esprit censée servir de cure à tous les maux intérieurs, cure créée par un écrivain célèbre ayant lui-même vécu ce genre d’expérience. Pris en charge et amenés en pleine montagne dans des chalets reculés, ils vont être soumis à un régime alimentaire très particulier : se nourrir exclusivement lors du premier jour d’une mixture spécialement élaborée pour chacun à partir d’un questionnaire qu’ils ont rempli et d’une prise de sang faite au préalable. Rapidement, les premiers effets vont se faire ressentir. Ils vont être pris de vomissements. Les angoisses intérieures et leur négativité semblent être sorties de leur corps et matérialisées en une sorte de créature à laquelle ils vont rester liés tout le long de leur séjour. Cette créature va évoluer, aussi bien dans son comportement que dans son aspect physique en fonction de ce que va ressentir son propriétaire. Toutes mignonnes lors de leur « naissance », elles pourront se transformer en véritable monstre. On sent rapidement que chez certains protagonistes, ça va dégénérer (comme pour ce couple dont le copain ne prend pas les choses au sérieux), et bien entendu, c’est ce qui arrive.


The Cleanse se laisse très facilement regarder. Le film est court, 1h10 si on enlève le générique de fin de dix minutes, et il possède un côté très attachant. Certes, le film a parfois du mal à être crédible (autant qu’un scénario de ce genre puisse l’être) mais il se dégage une atmosphère assez particulière qui fait qu’on a envie de voir comment tout ça va se terminer. Il faut dire que les personnages sont attachants et que le casting est constamment juste. Johnny Galecki (Leonard de The Big Bang Theory), également producteur, Anna Friel (Marcella, Limitless), Oliver Platt (Chicago Med) ou encore Angelica Huston (La Famille Addams, Isle of Dogs) sont tous très bons et tirent le film vers le haut. Également à souligner, les effets spéciaux. Avec son petit budget, le réalisateur a la bonne idée de passer par des animatronics pour ses créatures plutôt que de succomber aux CGI. Le résultat donne un look bien plus réel et c’est clairement très efficace.
On a par contre parfois l’impression que le réalisateur ne sait pas trop où il veut nous mener. Le film évite de nous évoquer certaines petites choses afin de ne pas s’encombrer d’explications, les personnages embarquent par exemple avec eux leur « mal externalisé » sans se poser de questions sur comment ils vont cacher ça de la vue de tous. En soi, ce n’est pas bien grave car The Cleanse reste malgré tout assez léger et ne tombe jamais ni dans la comédie pure, ni dans l’horreur pure, mais on a malgré tout cette sensation d’inachevé. Et ça le plombe un peu.


Inconnu au bataillon pour une bonne majorité du public, The Cleanse est un film un peu inclassable. Se rapprochant sur certains aspects du Bad Milo (2013) de Jacob Vaughan, il développe pourtant rapidement son univers à lui et s’avère au final plutôt agréable.


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cherycok
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le 19 nov. 2018

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