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Après une longue période d'absence, Louise et Michael reviennent dans la ferme familiale pour assister leur mère au chevet de leur père mourant. Sur les lieux, ils sont témoins d'événements étranges qui semblent persécuter leurs parents...


On le saisit assez vite grâce au climat quasiment putride que Bryan Bertino distille à l'écran, le malheur ne se limite pas seulement à la condition de ce père malade, il s'est aussi propagé pour contaminer l'ensemble de cette ferme et tout ce qui est susceptible de la sortir de son isolement. D'ailleurs, la première chose que la mère dit à ses enfants c'est qu'ils n'auraient jamais dû revenir. Si ces paroles sonnent d'abord comme un avertissement pour les protéger, elles signifient surtout le fait que Louise et Michael n'ont tout simplement plus leur place dans la demeure de leurs parents. Ils sont partis depuis trop longtemps, ils ont volontairement abandonné leurs aînés à leur triste sort pour se consacrer de manière égoïste à leurs propres existences. Les deux enfants ont beau essayé de raviver artificiellement un peu de chaleur par des gestes maladroits, le lien affectif qui unissait cette famille s'est rompu avec leur absence et a laissé place à des silhouettes désincarnées qui interagissent sous le même toit sans se comprendre. Ce gouffre perceptible entre eux a permis de laisser le champ libre à une entité, du moins, quelque chose qui se nourrissait jusqu'à présent de l'infinie tristesse de ces personnes âgées délaissées mais qui, aujourd'hui, salive à l'idée de s'amuser avec le poids de la culpabilité de leurs enfants...


On peut dire que Bryan Bertino joue un peu de malchance avec un quatrième long-métrage s'aventurant sur des thématiques très similaires à "Relic" sorti il y a à peine quelques mois.
Bien sûr, l'approche entre les deux films n'est pas totalement la même : Bertino préfère visiblement s'appuyer sur la dimension dramatique/psychologique de son intrigue pour privilégier les séquences d'épouvante à l'écran là où le film de Natalie Erika James adoptait une démarche quasiment inverse (l'incarnation du mal y était par exemple à une strate bien plus symbolique), et "The Dark and the Wicked" se concentre en outre surtout sur les remords des enfants, véritables héros du long-métrage passé sa première partie, quand "Relic" construisait son propos autour de plusieurs générations. Toutefois, dans l'ensemble, force est de constater que la comparaison entre les deux films joue en défaveur de celui de Bryan Bertino qui se montre beaucoup moins subtil pour exposer les états d'âmes de Louise et Michael et nous faire comprendre la portée métaphorique de toute son histoire, la faute en grande partie à une écriture qui cherche en permanence à marteler leur mal-être à travers des dialogues si explicites sur le sujet qu'ils en deviennent faciles ou caricaturaux. On ne peut que le regretter car "The Dark and The Wicked" a malgré tout quelques belles idées pour mettre en valeur la véritable nature de la souffrance qui habite ses personnages (le point commun dans la manière qu'ils ont de trépasser est sans doute la meilleure sans trop en dire) mais il semble souvent s'y arrêter pour seulement les décliner, sans avoir autre chose de mieux à proposer.
Enfin, si, en cherchant avant tout à faire ressortir l'effroi dans son récit, Bryan Bertino multiplie de façon exponentielle les manifestations étranges au fil des jours/chapitres du film qui s'égrènent. En bon artisan du genre, le réalisateur parvient même à composer quelques passages inquiétants très efficaces dans cette lenteur ambiante qui scie à ravir aux boulets de désespoir traînés par ses héros (les manipulations perverses dont ils sont les victimes les conduisent souvent à des extrémités tout aussi cruelles). Cependant, si les outils horrifiques sur le devant de la scène sont utilisés avec une vraie dextérité par Bryan Bertino, on ne peut pas dire qu'ils soient hélas toujours inventifs, l'imagerie ou les ressorts convoqués en ce sens nous renvoyant sans cesse à d'autres longs-métrages passés avant lui. Bref, même sur ce point qu'il privilégie, "The Dark and The Wicked" ne propose pas grand chose d'inédit à se mettre sous le dent...


Bien sûr, si vous n'avez pas vu "Relic" ou si l'angle choisi par Bryan Bertino vous séduit plus que celui du film de Natalie Erika James, "The Dark and the Wicked" a beaucoup de chances de vous plaire ! On ne vous en voudra pas, ce nouveau long-métrage de l'auteur de "The Strangers" a clairement des qualités qui, on l'espère, ont été évoquées par cette chronique. Mais, dans le cas contraire, il est fort probable que vous sortiez de ce séjour infernal à la ferme avec le sentiment qu'un premier film australien vous a déjà récemment proposé bien mieux sur un sujet similaire...

RedArrow
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le 10 nov. 2020

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RedArrow

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