The Dark Knight Rises par Staircase
22h15. Les lumières s'éteignent enfin et la salle plonge dans un silence presque religieux.
Le logo DC disparaît et le film s'ouvre sur un plan magnifique de l'asile d'Arkham. Damn. Moi qui vient d'user ma manette sur le sompteux Arkham City, je suis aux anges. Mais ce n'est rien comparé à l'excitation qui va me gagner dans quelques instants : la caméra pénètre dans le bâtiment, survole les cellules et s'arrête sur l'une d'entre elles. Serait-ce... non, c'est impossible.
Dans une camisole blanche souillée par la sueur, Heath Ledger s'agite, sans maquillage. Seule l'immonde cicatrice dessinant un sourire sur son visage rappelle à tous que c'est bien le Joker qui se cogne contre les murs capitonnés de sa cellule.
Son petit monologue d'une trentaine de secondes est parfaitement inaudible. Je tente tant bien que mal d'en saisir la teneur, mais c'est sans compter sur le reste de la salle, plongée dans un chaos indescriptible. Des cris de joie fusent, certaines personnes sont debouts, applaudissent, d'autres ont sûrement des orgasmes. J'arbore moi-même un sourire béat, abasourdi par un tel cadeau de tonton Nolan. Sûrement une scène inédite tournée lors de l'épisode précédent... Les effets spéciaux ont fait le reste.
Fondu au noir. Le titre du film apparaît, soutenu comme il se doit par la musique élephantesque du poète Hans Zimmer. La salle est au bord de l'implosion.
Bane entre en scène, dans une prise d'otage en avion impressionnante visuellement. S'il n'a pas vraiment le sens du mouvement, Nolan conserve cette faculté à créer des plans qui s'impriment immédiatement dans la rétine du spectateur. La découverte du visage de Bane, sa descente à l'arrière de l'avion appuyé sur deux sièges... Le choix du super-vilain est parfait : imposant, intelligent, charismatique en diable, et cette voix... Il était de toute façon strictement impossible pour Nolan de faire aussi bien que les 5 premières minutes de The Dark Knight, mais cette entrée en matière est malgré tout une réussite indéniable.
Le plan de Bane est simple : prendre le pouvoir à Gotham par la terreur. Point. Pas de fille de Raz Al Ghul à l'horizon, pas de prison à ciel ouvert, Nolan a semble-t-il concentré son récit sur Bane. Bien vu gros. Son entrée à la bourse de Gotham vaut son pesant d'actions facebook. Je ne sais pas combien de figurants sont à l'écran. Bane veut se faire voir aux yeux de tous, et c'est réussi : Batman, à la retraite depuis 8 ans, est attentif.
Je note que Nolan a retenu les leçons des opus précédents. Le film croule moins sous les dialogues explicatifs et inutiles, les scènes d'action ont visiblement été supervisées par un spécialiste du genre et Batman ne se fait pas voler la vedette par le premier personnage secondaire qui passe à l'écran.
La sortie de la bourse de Bane et ses complices est tout aussi spectaculaire. Pas de plan foireux où on s'échappe en moto en trimballant un otage sur le guidon. Non, on l'a dit, Bane est intelligent, machiavélique. Il choisit de placer une bombe au milieu de la salle et sort tranquillement de la bourse sous le nez de toute la police de Gotham. Chambreur, il demande même les clefs de sa voiture au commissaire Gordon et s'éloigne tranquillement du centre ville... avant de faire exploser les dizaines d'innocents restés dans la salle. Batman se décide à rechausser les Bat-Crampons.
Pendant ce temps, le jeune policier Blake réalise exploits sur exploits, mettant sous les verrous des dizaines de malfrats et s'attirant ainsi la sympathie de Gordon. Heureusement, Nolan ne joue pas les Marcel Beliveau du pauvre et nous comprenons très vite que Blake est destiné à devenir Robin. Le choix de Joseph Gordon Hewitt pour l'incarner relève d'ailleurs du bon sens plus que de l'idée de casting géniale. Non la vraie bonne idée de casting, c'est evidemment Anne Hatthaway en Catwoman. Les lunettes qui se rétractent sur la tête pour ressembler à des oreilles de chat ? Simple. Malin. Bien vu. Et ce cul messieurs dames...
22h20. Mon voisin me met des coups de coude. J'ouvre péniblemment les yeux, juste le temps de voir la pub pour les M&M's se terminer. Le film va bientôt commencer. J'ai un mauvais pressentiment.