Je dois dire que celui-ci, je ne l’avais pas vu venir. Alors que trois ans plus tôt, Jarmusch nous proposait une balade au pays de la douceur et de la poésie, le voici avec un film de … zombies. Et ceux qui voudraient retrouver l’ambiance étrangement gothique de Only lovers left alive en seront pour leurs frais. On notera qu’il existe un film du même nom sorti en 1975 mais il n’a pas grand-chose à voir.


Une bourgade paumée, la vie ronronne et la police locale fait face à des situations difficiles quand il s’agit de choisir le parfum des donuts. Et soudain, des zombies.


Chronique d’une Amérique figée, le début du film offre le meilleur de la séance. Quelque part entre l’ambiance absurde des Coen et les palabres sans fin de Jarmusch, ce récit d’un Twin Peaks bis fait l’état des lieux d’une Amérique qui n’a pas vraiment bougé depuis … le premier film de Romero. Les jeunes et les citadins sont des menaces et le rock ‘n’ roll est vraiment une musique de dégénérés. À vrai dire, c’est assez sympa. Les clins d’œil sont nombreux aux films qui sont passés avant autant qu’aux potos de Jim. On y voit Bill Murray, Steve Buscemi, Danny Glover, Adam Driver, Tilda Swinton, Chloë Sevigny, Iggy Pop, Tom Waits. Un vrai séminaire jarmuschien. Bref, on se fait plaisir. Le truc, c’est que le film doit aller de l’avant et raconter son histoire. Et là, ça se corse. Dans la deuxième moitié donc, les scènes ne sont plus crédibles, et les numéros sont même parfois pénibles. Quant à l’humour corrosif de la première moitié, il s’est considérablement alourdi. Au final, cette lutte contre l’apocalypse est sans grand intérêt puisqu’elle a déjà été vue partout et qu’elle n’apporte pas grand-chose en ne profitant pas pleinement de l’ambiance qui avait été créée au début du film.


En clair, c’est probablement à réserver aux curieux et aux fans de Jarmusch qui sauront extraire de cette modeste farce les petites choses qu’ils aiment chez ce bon vieux Jim. Pour ceux qui chercheraient un pur film de zombies, passez votre chemin.


>>> La scène qu’on retiendra ? Steve Buscemi. Il a toujours cette gueule et ses scènes sont les plus drôles.

Konika0
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le 27 avr. 2024

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