C'est un peu un lieu commun que de dire que, si certains films n'avaient pas un réalisateur célèbre, ils seraient tombés dans l'oubli. C'est, à mon avis, clairement le cas pour ce Delinquents, premier long métrage de Robert Altman. Certes, on peut facilement se douter que la vision ironique, voire sarcastique qui fera le sel des réalisations d'Altman 15 ans plus tard ne pouvait pas de déployer dans l'Amérique de 1957. Mais de là à livrer une sorte de pensum de bonne morale...


Altman a écrit le scénario de The Dleinquents en une semaine et a fait le tournage en deux semaines pour un budget de 63 000 dollars. On est totalement dans le cadre d'une minuscule production presque familiale entièrement fabriquée par le monde culturel de Kansas City (le producteur était directeur de salles de cinéma dans la ville, et une bonne partie du casting venait des théâtres locaux). Seulement le film est loin d'atteindre le niveau de sympathie que l'on peut développer pour certaines minuscules productions qui s'étaient avérées pleines d'audace ou d'inventivité : ici, tout est rigide et sans surprise.


De par son thème (et même quelques scènes importantes), The Delinquents s'inscrit pleinement dans la mode des films sur la délinquance juvénile à la mode à l'époque, tels que La Fureur de vivre ou Graine de violence, mais sans jamais atteindre le niveau de telles productions. Nous avons un groupe de jeunes qui dévaste une petite ville tranquille et bouleverse le train-train quotidien de cet Amérique prospère et encore très puritaine.


Et nous avons un couple, qui est empêché d'être ensemble car les parents de mademoiselle rejettent le prétendant. Lequel prétendant pense que se confier à un groupe de délinquants va faire avancer son problème.


Le film n'a pas que des points négatifs. Le jeu des acteurs est une réussite. Altman parvient à développer une empathie pour ses personnages. Mais la réalisation est totalement rigide, et le scénario développe les lieux communs de la bonne morale des années 50, annônés en voix off.


En bref, rien qui puisse retenir l'attention ici. Altman réalise un film lambda, totalement oubliable, à la réalisation très télévisuelle (de fait, après, il passera dix ans à travailler pour la télé avant de revenir au cinéma en 67 avec Objectif Lune, un film d'un tout autre calibre).


Pour vous faire une idée, le film est disponible, en VO sans sous-titres, sur Youtube :


https://www.youtube.com/watch?v=E7HYZeQC6Mg

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le 12 juin 2022

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SanFelice

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