ON M'A VOLÉ MON FUSIL !

Habituellement, je suis plutot friand du cinéma de Guillaume Nicloux. Le Poulpe est un de mes films français préférés et mériterait d'obtenir le statut de "film clulte". J'ai également apprécié les trips oniriques que sont Valley of Love et les Confins du Monde. D'ailleurs The End est dans la continuité de ces deux films, puisqu'il y retrouve l'errance, la nature hostile ansi qu'une discrète pointe de surnaturel.

A la tête de cette erance, le gros Gerard Depardieu. Soupirant, gromelant, suffoquant... Sa carcasse m'impressionera toujours, même si l'entendre beugler des "Je suis perdu ! On m'a volé mon fusil !" ou bien des "Putain, mais je suis où, là !" pendant 1h30 à de quoi lasser. Le silence et la respiration bestiale du bonhomme aurait peut-être pu suffire.

Visuellement, c'est très réussi. Nicloux parvient à distiller insidieusement une ambiance d'étrangeté bienvenue avec très peu d'artifice. Un dessin de chateau-fort dans une grotte, un étrange personnage en polo Ben Simon, une femme nue ou un nid de scorpion, suffisent à nous intriguer. Cette forêt est-elle réelle ? Depardieu est-il vraiment perdu ? Est-ce un rêve ? Une hallucination ? Sommes nous dans un monde parrallèle ? On se pose beaucoup de question et on a hâte de découvrir les clés qui vont nous permettre d'expliquer tout ça.

Et c'est bien là que se situe le principal défaut du film. Si tout le film semble maitrisé et réfléchi, on ne peut malheuresement pas en dire autant de la fin. Complètement baclé et sans réelle conclusion, Nicloux ne nous donne quasiment aucune piste pour comprendre son film. C'est frustrant. C'est comme si on passait des jours à lire un bouquin et qu'on s'arretait de lire à 10 pages de la fin.

J'ai le sentiment que même Nicloux ne sait pas où il va. Comme si sa motivation principale était juste de filmer Depardieu dans une forêt. Et pour le reste, on verra plus tard. On improvisera une fin à l'arrache, on s'en fout !

Je n'ai rien contre le mystère dans les films. Lynch fait ça très bien. Mais là, c'est raté. "The End" ne porte pas très bien son nom.

EDIT : Je suis tombé sur cette interview de Nicloux dans télérama et ça explique pas mal de chose. Ca confirme que Nicloux lui même serait bien incapable de rationnaliser son film. Et ça nique ma brillante interprétation !