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Cette superbe affiche et magnifique bande-annonce promettait le récit de l'initiation du jeu Steven Spielberg, montrant son parcours artistique auprès de ses proches, jusqu'à l'explosion de sa cellule familiale. The Fablemans est à la fois un peu plus que ça, et un peu moins également.

Un peu moins parce qu'il reste très pudique sur son propre personnage. C'est un génie, un artiste, qui va pouvoir s'exprimer par la force de son abnegation, mais aussi parce qu'il a la chance qu'on lui mette très vite une caméra entre les mains, et qu'il soit dans une famille d'artistes, du moins en partie. Le film décrit bien cette fibre et la spécificité de cette sensibilité dans les relations, dans le besoin de se produire et d'avoir un public, de la spécificité de ces égos et de ce qui les nourris. Mais je ne dirais pas que cela constitue le coeur du film, en tout cas pas la partie la plus intéressante - et est même un peu sauvée par l'incursion salvatrice de la figure de l'oncle qui va expliquer à tout le monde ce qui se passe. Sammy/Steven finit par rentrer dans un grand studio, son père faisant l'ultime sacrifice de lui laisser faire ce qu'il aime.

C'est cet aspect du film que j'ai trouvé le plus poignant, le plus intéressant, le plus subtil, le plus réussi et pour moi le coeur de ce film. J'ai pleuré devant ce "The Fabelmans", je trouve que c'est un lettre d'amour très touchante à ses parents, et surtout à sa mère. Si vous êtes une éponge émotionnelle comme je le suis... je me suis branché directement sur le canal de tonton Spielberg et j'ai pris tout en pleine tête: magnifique comme on peut comprendre, digérer, et pardonner ce qui arrive à sa mère, de cette façon - alors que ce qui lui arrive ne fera que détruire cette famille, et surtout son père. Le geste de ce dernier est désarmant, sa réaction et sa façon de gérer la situation est admirable - la façon dont c'est mis en scène est pudique, déchirant. La situation dans laquelle il est à la fin, détruit et isolé de cette vie qu'il a tant aimé, un sacrifice incroyable qui est mis en scène avec beaucoup de subtilité.

J'ai trouvé les acteurs formidables dans cette fable à peine surréaliste. Seth Rogen, sur quelques scènes, en quelques mots, c'est très très fort. Michelle Williams et Paul Dano sont parfaits. Je ne suis pas sûr d'aimer la fin, dont ce clin d'oeil à John Ford et cette conclusion sur le cinéma. C'était compliqué de donner une conclusion à une histoire qui ne fait que commencer (Steven!), alors que l'arc principal était autour de la cellule familiale. Ce film de Spielberg est un hommage à ses parents disparus récemment, une lettre d'amour à sa mère surtout - figure qui n'est pas un thème habituel chez lui et c'est à mon goût pour ça que ce film est important. Lettre d'amour à son père également et EVIDEMMENT, sans doute la fin de sa psychanalyse géante en forme de filmographie sur cette figure paternelle complexe, et essentielle.

"The Fablemans" a un écho bien particulier dans mon histoire personnelle et me renvoie un miroir bien douloureux. Il m'a beaucoup touché et je remercie son illustre auteur de parler ainsi de son histoire familiale, et de montrer un niveau d'empathie et de pardon qui me parle et me sidère en même temps.

Un film que je ne préconiserai pas à tout le monde car imparfait et sur une histoire encore en questionnement, c'est très personnel. Si vous aimez et connaissez bien ce cinéaste (un certain Steven Spielberg si vous n'avez pas suivi), ou si vous aimez ces belles histoires de destins familiaux, bien entendu foncez. Et si vous avez vécu ce genre de drames familiaux, de familles qui se déchirent par fatalité, malgré tout l'amour qui continue d'exister... je ne connais pas beaucoup de films qui en parle aussi bien, et je vous le recommande TRES chaudement.

benkb
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le 1 mars 2023

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benkb

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