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Spielberg replonge dans son enfance et nous livre ici un grand film.

Et pourtant, à la regarder rapidement, l’histoire familiale qu’il nous raconte ici n’a rien de

spectaculaire : une famille aimante, des sœurs un peu peste, des déménagements pour suivre la

carrière d’ingénieur du père, un mari trompé par son meilleur ami, une dépression de la mère, un divorce, des histoires de racisme à l’école, des flirts au lycée... du banal quoi ... et du banal comme ça, dans les mains d’un cinéaste lambda, ça peut vite déboucher sur une bouse insipide... du banal comme ça, dans la pellicule d’un cinéaste parisien fréquentant Guillaume Canet, Nicolas Bedos ou Louis Garrel, ça donne un téléfilm sans relief . Sauf que là, avec l’ami Steven, ça donne un grand film de Spielberg, et même un grand film tout court. Car il y a aussi dans ce récit, l’éveil du jeune garçon à l’amour du cinéma et à l’envie de fabriquer des films, la naissance d’une vocation quoi. Tout cela donne lieu à une multitude de scènes de vie qui sont très souvent remarquablement mises en scène ; des scènes qui peuvent sembler classiques certes mais toujours formellement impeccables. La plus grande scène du film est sans doute celle-ci : Sammy (Spielberg jeune), assis à sa table de montage, visionne un film de famille. On le voit en plein travail de visionnage d’une séquence de partie de campagne et soudain, il découvre en même temps que nous, spectateurs, l’apparition à l’arrière-plan d’une scène révélant clairement la relation amoureuse existant entre sa mère et l’ami fidèle Bennie.

Cette grande scène est magistralement séquencée et l’air de rien, montée avec sophistication, ce qui confère à ces quelques minutes de cinéma un niveau émotionnel difficilement surpassable. Et, effet garantie, ou alors « cherry on the cake », on entend en fond sonore pendant toute la durée de la scène, l’adagio du concerto BWV 974 du père Bach, interprétée par Mitzi (maman Spielberg) sur le piano familial. La grande classe !!

Un mot sur les acteurs qui sont tous bons et justes. Mention spéciale à Michelle Williams peut être.

Un caméo amusant de David Lynch dans le rôle de John Ford dans une scène véridique puisque

Spielberg, alors âgé de 15ans avait eu droit à un court entretien avec monsieur « western ».

Un film jamais ennuyeux, il faut aussi le dire. 2h30 de « the Fabelmans » passent plus vite qu’une heure de Cameron Avatar ou qu’une heure de Chazelle Babylon et encore bien plus rapidement que 5 minutes de Tchaikovski Serebrennikov.

Certains critiques ont vu dans « the Fabelmans » un film lisse ! Une belle surface lisse renferme

parfois une saveur adorable en profondeur et pour la gouter, il faut rentrer dedans, tout simplement.

Rigoletto-léal

rigoletto-leal
7
Écrit par

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le 2 avr. 2023

Critique lue 27 fois

3 j'aime

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