Encore une fois ! Oui, encore une fois, un film qui prendrait toute sa mesure sur un écran de cinéma se retrouve en vente (3 ans après sa sortie officielle. Et après on s'étonne du piratage) directement en DvD en France. Même Le Baltringue avec Lagaff (17 entrées sur Paris le 1er jour), sans être sur le gros circuit de distribution se retrouve projeté. J'en ai des ulcères.

The Fall est le deuxième métrage de Tarsem. Vous avez sans doute entendu parler de son premier film, The Cell, un thriller à l'intrigue poussive mais habité par une vraie identité artistique. The Fall c'est The Cell 2.0. L'esthétisme est poussé dans ses derniers retranchements et l'histoire se voit doter d'une véritable densité, remplie d'idées et de passion. Un grand film sur les contes, la narration et sur tout ce que l'imaginaire a de pouvoir sur la réalité et les hommes. Ouep, rien que ça!

Los Angeles, dans les années 20. Un cascadeur cloué au lit dû à un accident de tournage fait la rencontre d'une petite fille hospitalisée. Va naître de ce tête-à-tête un conte aux milles couleurs, de la manipulation et une rédemption.

The Fall entrecroise deux intrigues. La première, se déroulant dans le monde réel, suit la vie et la relation qui unit les deux protagonistes et la deuxième prend part dans le conte raconté de la bouche du cascadeur. Je dis entrecroisé car les deux mondes se rencontrent, se bousculent, ricochent l'un sur l'autre et change la vie des personnages.

On avait déjà pu voir l'approche de Tarsem sur The Cell par rapport à l'esthétisme. Avec The Fall, il va beaucoup plus loin. Chaque plan est une peinture, chaque décor est un monde en lui-même. La précision des couleurs, du placement des personnages, des cadrages vont faire manger leur chapeau à pas mal de réalisateurs. On est dans un univers au carrefour de cultures, d'histoires, d'époques. Mais l'idée générale (et géniale) de ce monde c'est qu'on nous montre qu'il est juste imaginaire et qu'il ne tire sa substance artistique que de la bouche d'un cascadeur baroudeur qui a vu du pays. Ici, l'expression « casser le quatrième mur » prend tout son sens. Les personnages changent de voix parce que la petite fille les préfère comme ça ou font une action car elle a remarqué que le conteur avait oublier quelque chose. Mais ce n'est pas gratuit, au contraire, tous ces changements se font en osmose avec l'humeur des personnages. C'est là que rentre en compte l'aspect presque psychanalyste du film.

Le cascadeur, aigri par la vie, fait refléter dans son histoire sa douleur, qui elle-même fait rendre compréhensible à la petite fille le cœur du personnage. Et c'est par le conte que la guérison se fera. Non par un dialogue entre la petite fille et le cascadeur, mais par l'entremettre de l'imaginaire où ils se sont dévoilés tous les deux à l'autre.

Le film montre que les histoires sont le reflet de celui qui les conte et qu'elles dévoilent beaucoup plus l'homme qu'un dialogue réel.

La scène finale nous le chuchote encore une fois. La fiction peut être plus tangible que la réalité elle-même.
Kariboubou
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le 4 oct. 2010

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Kariboubou

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