The First Lap
6.2
The First Lap

Film de Kim Dae-Hwan (2017)

S'il y a bien une chose, une qualité indéniable, que l'on peut trouver au film est qu'il donne faim, mais alors vraiment faim. Cela n'a rien a voir avec la suite de cette critique mais il fallait bien que ça sorte, comme pour conjurer le sort. En effet, l'histoire est bien vide de quelque émotion si ce n'est l'envie d'une bonne fringale.


Nous avons deux familles à rencontrer dans cette œuvre qui, il est vrai, est suffisamment particulière pour en parler mais nous reviendrons plus tard sur sa singularité. Su-yeon et Ji-young forment un jeune couple tranquille passant le cap faisant frémir bien des gens : rencontrer les belles familles. Dans la tribu de Ji-young l'ambiance est assez bourgeoise entre un père doux mais peu présent dans les conflits et une mère sans cesse au contact. Leur fille n'étant pas déjà mariée, n'ayant pas déjà de marmot, fait tâche à trente piges. C'est leur conviction et à nos héros de s'y confronter sans pouvoir s'expliquer sereinement. Chez Su-yeon, on est davantage modeste avec un père ouvrier porté sur la boisson et une mère tenancière d'un restaurant de sashimi. Ici, l'atmosphère est tout aussi pesante et l'on subit les remontrances par delà les vapeurs d'alcool.


Dans un cas comme dans l'autre, ça ne communique pas. C'est donc voué à l'échec diront certains.


La particularité de The First Lap puisque nous en parlions plus tôt réside en son format d'enchaînement de longs plans séquence où les dialogues ne fusent guère mais son teintés d'une grande crédibilité. Et cette dernière ne pouvait qu'être totale lorsque l'on sait que le jeu du couple s'est détaché du script de base pour tendre vers de l'improvisation totale. A l'inverse, l'ancienne génération a tenu à se reposer dessus comme à l'accoutumé. Par ce choix assez significatif, on observe très nettement ce conflit de générations entre une plus jeune se lançant dans la vie presque sans filet, laissant de côté les à-priori et les conventions, et une seconde, plus âgée et qui se veut plus structurée, traditionnelle et confortable.


De ce point de vue, le film a vraiment de l'intérêt. Néanmoins, cela va s'arrêter là, sans plus de force ou d'alléchante construction. Car si elle est présente, l'improvisation l'est sans doute un peu trop, ce qui donne malheureusement à quelques scènes un goût de cendre. On s'emmerde alors sur de longs moments en voiture où l'on discute de tout et de n'importe quoi, on s'agace devant d'interminables silences.


The First Lap avait son lot d'originalité. C'est seulement dommage d'en venir à se demander si tout cela n'est pas juste l'expression d'un manque d'inspiration ou de budget.

Fosca

Écrit par

Critique lue 243 fois

3

D'autres avis sur The First Lap

The First Lap
Marius_Jouanny
7

Le geste comme horizon narratif

La cellule familiale est singulièrement traitée par Kim Daehwan dans « The First Lap ». Le postulat narratif initial est pourtant au cœur des problématiques habituelles sur la...

le 1 nov. 2017

3 j'aime

The First Lap
Fosca
6

La famille, c'est lier

S'il y a bien une chose, une qualité indéniable, que l'on peut trouver au film est qu'il donne faim, mais alors vraiment faim. Cela n'a rien a voir avec la suite de cette critique mais il fallait...

le 3 nov. 2017

3 j'aime

The First Lap
anthonyplu
2

De la théorie du périscope

Un jour je ferais une thèse sur les "les œuvres filmées depuis un périscope" et The first lap en sera peut-être la colonne vertébrale. C'est un film qui repose uniquement sur une succession de...

le 19 nov. 2017

1 j'aime

Du même critique

Juste la fin du monde
Fosca
8

Natural Blues

Bien malin celui qui parvient à noter sereinement ce film. Personnellement il ne m'est guère aisé de le glisser au sein d'une échelle de valeur. Dans tous les cas, une note ne pourra s'avérer...

le 22 sept. 2016

190 j'aime

13

Grave
Fosca
8

Deux sœurs pour un doigt

Bien que préparé à recevoir ma dose de barbaque dans le gosier sans passer par la case déglutition, je ne peux qu'être dans un tel état de dégoût et d'excitation à la fin de ce film qu'il me sera...

le 21 févr. 2017

135 j'aime

23

Mother!
Fosca
8

L'Antre de la Folie

Au commencement... Comment commencer à parler de ce film sans en révéler toute l'essence ? C'est bel et bien impossible. Le nouveau venu de chez Aronofsky n'est pas une œuvre dont nous pouvons parler...

le 8 sept. 2017

84 j'aime

18