The Grand Bizarre
6.1
The Grand Bizarre

Documentaire d'animation de Jodie Mack (2018)

Bizarre, vous avez dit bizarre ?


Un jour, Jodie Mack s'est dit "Tiens, et si je faisais la liste exhaustive de toutes les façons de filmer un morceau de tissu ?". Et puis elle l'a fait. The Grand Bizarre, qui partait déjà bien avec un jeu de mot dérivé du grand bazar, exploite son concept à fond sous toutes les coutures (Ha !) ; Mack filme ou photographie en stop-motion des dizaines, centaines, peut-être même milliers de tissus aux motifs uniques, aux mille et une couleurs, sous toutes leurs formes et sous tous les angles. L'exercice est intriguant, parfois poétique, parfois très peu palpitant, parfois agaçant, parfois magnifique.


Au bout de 10 minutes, on trouve déjà le temps long. On aura vu des tissus posés sur un mur, des tissus accrochés à un fil, des tissus de loin, des tissus de près. Mais bon, plusieurs des images nous ont tout de même marqués, ils étaient bien jolis ces étourneaux, et ces vagues dont l'écume éclaboussait les tapis ! Et puis le film n'est pas si long que ça, autant continuer l'expérience.


Au bout de 30 minutes, alors que l'on s'assoupissait devant notre écran, nous sommes soudain réveillés par une sonnerie familière. Notre mamie nous appelle-t-elle sur Skype pour briser la solitude du confinement ? Que nenni ; c'est la musique du film qui s'amuse à réarranger la sonnerie d'appel de Skype dans une scène plutôt amusante. On enchaîne sur des plans de livres curieux et de cartes du monde dans une grande bibliothèque - notre intérêt est renouvelé, le film nous attire à nouveau.


Au bout de 45 minutes, la moitié des spectateurs est partie en crise d'épilepsie, achevée par les diaporamas psychédéliques beaucoup trop rapides et beaucoup trop colorés de The Grand Bizarre. Les survivants regardent l'ambulance, affublée de son point de croix rouge, emporter leurs camarades dans un linceul bien pâle face aux broderies donc Mack nous inonde. Une fois à l'hôpital, le médecin leur demandera ce qu'ils regardaient, pour les avoir mis dans un état pareil. Ils répondront "Du porno". C'est plus facile à expliquer.


Au bout d'une heure, notre transe prend fin, alors que le générique est lancé par un éternuement tonitruant (Mack avait, sans doute, attrapé le coronavirus avant l'heure). Alors on reste là, on se souvient des quelques images que l'on avait trouvé belles, on se dit que, au moins, la réalisatrice est allée jusqu'au bout de son concept et a suivi sa ligne éditoriale à fond sans s'en détourner. Le geste artistique est admirable. Et puis on se demande pourquoi on vient de passer une heure à regarder ça.


Oui vraiment, pourquoi ?


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le 9 avr. 2020

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