The Grand Budapest Hotel par CharlieBrown
Tout comme Jim Jarmusch, Wes Anderson fait partie de ces cinéastes avec lesquels j'aime prendre régulièrement rendez-vous. Comme Jarmusch, Anderson est un styliste, un formaliste, qui s'évertue à insuffler une éthique dans un monde chaotique. Anderson est du côté de l'enfance, toujours. Et du côté du ludique. Il fait des maquettes et il joue aux légo, il construit des châteaux de sable et des cabanes dans les arbres, des maisons de poupées et des théâtres de marionnettes, il joue à cache-cache et à chat perché… Catch me if you can. Du côté des rêves aussi, et de la poésie, faisceaux lumineux qui doivent se frayer un chemin dans l'obscure réalité, même s'ils ne sauvent pas de la réalité.
"The Grand Budapest Hotel" ne déroge pas et pousse même plus loin le formalisme et l'esthétisme du cinéaste. Trop loin ? Oui, peut-être un peu trop loin... Sa tendance ligne claire "tintinesque" se confirme et s'affirme. C'est beau, c'est tiré au cordeau. Un peu trop ? Oui, presque un peu trop… La mécanique narrative est fluide et impeccable, mais je me suis parfois légèrement ennuyé (même si le débit de paroles est ininterrompu et la mise en scène sans temps morts… A la réflexion, c'est peut-être pour ça que je me suis un peu ennuyé, il manque quelques pauses respiratoires salvatrices, les rares pauses du récit ne remplissant pas leur fonction d'équilibre. Sans compter quelques redondances et quelques passages qui auraient pu être abrégés...), et j'ai beaucoup moins ri et souri que dans ses derniers opus. Ça se laisse bien voir et on passe plutôt un bon moment, mais, au final, ça tourne un peu à vide et ça ne laisse pas beaucoup de traces. Beaucoup moins que l'excellent "Moonrise Kingdom" ou le barré "Darjeeling Limited".
J'oserais presque dire qu'avec ce film, je crains pour l'avenir de Wes Anderson, je crains qu'il n'amorce une trajectoire à la Tim Burton, une lente dérive vers le ressassement et la boursoufflure. J'espère que l'avenir me contredira.