Sous couvert d'un film d'action sur une partie de la vie de Yip Man, Wong Kar-wai propose à nouveau une relation d'amour contrariée, entre ce maitre en arts martiaux et Gong Er, une jeune femme maitrisant un art martial, mais qu'elle sait condamnée par la maladie.


On voit bien que ce ne sont pas les scènes d'actions en elle-même qui intéressent le réalisateur, car il pousse presque la caricature jusqu'à une forme de stylisation très poussée. Entre le premier combat de Yip Man sous la pluie ou celui sur un quai de gare, où il y a énormément de ralentis, c'est souvent sublime, on voit la décomposition des gestes, les gouttelettes tomber sur le chapeau du maitre, ou la neige se soulever lors d'un coup de pied. Il y a même une technique reprise de films de John Woo (dans sa première période Hong-Kongaise) où l'action accélère et ralentit dans le même plan.


On l'aura compris, il est souvent question du beau dans The Grandmaster, y compris dans la relation entre Yip Man et Gong Er, mais qui reste platonique, où les mots sont plus forts qu'une étreinte. La dernière scène,ou plutôt le monologue de Zhang Ziyi est à ce titre magnifique, ne laissant à Tony Leung que le silence en guise de réponse.
Wong Kar-Waï est ici du côté de la femme, c'est limite si il s'intéresse plus à elle qu'à Yip Man, dans l'évolution de sa destinée, dans ce qu'elle laissera dans l'histoire des arts martiaux. L'aspect politique, l'invasion japonaise, est en fond et est assez peu évoqué.


Après, je n'ai pas vu la trilogie Ip Man, avec Donnie Yen, donc je n'avais pas les clés de compréhension du personnage. Yip Man, qui fut le maitre et mentor de Bruce Lee (qu'on voit tout jeune à la fin du film), est un personnage extrêmement connu à Hong Kong, peut-être est-ce pour cela que Wong Kar-Wai s'est épargné un aspect biographique, il raconte ici un instant de la vie de ce combattant.
Mais il faut tout de même prévenir que les combats ne sont pas le cœur du film, c'est la lutte des sentiments dans une période opprimée qui prime, mais avec un visuel magnifique.

Boubakar
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes attentes 2013 (Cinéma)

Créée

le 10 déc. 2016

Critique lue 228 fois

3 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 228 fois

3

D'autres avis sur The Grandmaster

The Grandmaster
real_folk_blues
3

Wong Kar, why ?

Je ne saurai me montrer plus éloquent que notre bon vieux @Senscritchaiev pour exprimer à quel point le dernier WKW fut une déception. Il semblerait que la fraicheur du réalisateur de Chungking...

le 25 avr. 2013

70 j'aime

32

The Grandmaster
drélium
5

Critique de The Grandmaster par drélium

Bon d'accord, c'est mauvais. Mais rappelons tout de même que "Les Cendres du temps" en 94 était aussi chiant pour beaucoup de monde alors qu'il était aussi martial et romantique et que même en 90,...

le 28 avr. 2013

53 j'aime

31

The Grandmaster
guyness
3

Il bâtit sa légende sur son adresse, Ip

Il existe des spectateurs allergiques au ralenti qui sont capables de rejeter un film pour 10 secondes de slow-motion malheureux. Comment pourraient-ils survivre à un film qui ne présente que 10...

le 5 sept. 2013

47 j'aime

28

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9