Mmmh je crois bien que c'est le premier film taïwanais que je regarde.

La première chose qui me vient à l'esprit est que l'on a à faire à un film exigeant,
la rigueur du jeu des acteurs, du cadrage et du montage ne laisse rien au hasard.

Si les plans sont "longs" (selon les critères du cinéma populaire contemporain), ce n'est jamais de trop, et l'on ne s'ennuie pas devant ce film. D'ailleurs les plans "longs" n'ont ici pas pour but de provoquer une sensation étrange de temps qui se rallonge comme cela peut parfois être voulu par certains réalisateurs. Les plans, correspondant (presque ?) toujours à une scène ne sont jamais vains, sont assez marquants et tentent semble-t-il toujours de dire quelque chose sur le déroulement de l'histoire.

Le fond de l'histoire n'a d'ailleurs finalement du coup que peu d'intérêt. Que ce soit le passage à l'an 2000, les soucis de fuites d'eau, d'inondation, de virus, le fameux trou, etc., tout cela est surtout vu par le prisme des médias, les personnages n'en parle pratiquement pas du tout, les rares fois où ils se parlent.
L'isolement (surtout urbain), la solitude, les relations avec les autres, la détresse sociale et la communication sont les vrais thèmes du film, comme on le remarque assez vite. Concernant cela la fin du film est magnifique.

Les cadrages du film m'ont beaucoup plu, ils sont très propres, très symétriques, pas tape-à-l'oeil, mais se remarquent par leur immobilité. Du coup on remarque aussi mieux lorsque la caméra se déplace (rarement) en des lentes panoramiques avant et arrière, juste pour insister sur un point ou intimer de regarder de plus près.
Les cadres sont très droits, souvent pris au travers, de portes, de fenêtres.
De toute façon aucune scène ne se déroule en-dehors de l'immeuble, ce qui donne aussi une force, car l'auteur assume ce qu'il veut faire, et ne s'éparpille pas. Ses cadres renforcent la sensation d'enfermement, même si les personnages sont toujours filmés en plans entiers et dans leur environnement.

Aucune musique dans le film, si ce n'est celle de ces plans un peu surréalistes de cabaret qui tranchent avec le reste du film. Toujours un bruit de fond par contre, parfois on s'en agace, parfois on l'oublie, parfois il se fait poétique, qu'il soit bruit de la pluie (surtout), de machines, etc.

Finalement le film se regarde très bien, et même si l'on ne comprend pas toujours où le réalisateur veut venir, il s'en dégage une sorte de fascination pour ce que l'on regarde.

A mon goût la dernière demi-heure du film tourne un tout petit peu trop à l'absurde, et je ne suis pas certain de l'efficacité des scènes chantées.

En tous cas pour tout ce qui est dit, assez explicitement, sur les thèmes qui traversent le film, par le prisme de cette caméra exigeante et ces acteurs très bons, on a à faire à une œuvre artistique de qualité.
Saugom
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le 22 juil. 2014

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