Le tsunami dévastateur survenu en Thaïlande en 2004 à marqué les esprits, et il aurait été idiot que le cinéma ne s’en inspire pas malgré le côté quelque peu immoral de la chose. Clint Eastwood s’en était chargé il y a quelques années avec Au-Delà ou il parlait de la catastrophe dans un côté plus psychique. Ici The Impossible est clair et concis dès sa première seconde, tout est vrai, à été vécu par une famille lors de la catastrophe et ce film leur est dédié. Le sempiternel exemple du film hommage et qui bien évidemment, sera là pour vous faire pleurer à chaudes larmes.
C’est le principal problème qui se pose quand un scénariste se retrouve à écrire sur un sujet aussi sensible, surtout quand il s’agit de choses vécues par le passé chez certaines personnes. Comment faut-il faire pour ne pas leur manquer de respect ? Comment ne pas jouer sur l’exploitation pure du malheur des autres ? Comment ne pas sombrer dans les clichés ? Surtout quand il s’agit d’une petite famille respectable qui se retrouve plongée dans les enfers. Manque de bol, Sergio G. Sanchez qui s’est retrouvé à bord, n’a apparemment pas beaucoup retenu ses cours tant le film tombe dans les abysses du cliché et de la niaiserie sans nom. Se basant sur une structure narrative éculée depuis des millénaires, le film est exactement ce qu’on doit éviter dans ce genre de production : au départ tout va bien, les oiseaux chantent puis tout capote d’un coup pour laisser la famille décomposée, ce qui permettra à différents membre de celle-ci de prendre sur eux, d’évoluer comme dans le plus simple des récits initiatique pour finalement tous se retrouver après diverses épreuves qui n’auront été un succès que par la force de la volonté.
Il aurait pourtant été plus judicieux de proposer un récit familial faisant face à une situation extraordinaire, nous permettant de voir l’envergure du problème et son côté politique et mondial, plutôt que de se concentrer sur le malheur de quelques uns. C’est d’ailleurs le second, et sans doute le plus gros souci du film. Le réalisateur espagnol, J.A Bayona, à décidé d’opter pour un côté réaliste voire carrément obscène. Usant de codes du cinéma d’horreur, les 40 premières minutes du film et en particulier à partir du tsunami sont véritablement éprouvantes pour le spectateur. Naomi Watts qui tient le rôle de la mère se verra infliger les pires situations possibles, et ce face caméra ce qui impliquera qu’on aura plus envie de tourner de l’œil que de ressentir de la pitié. On se demande même si il n’y a pas là un irrespect profond envers la situation car décider de présenter l’horreur d’une telle catastrophe c’est une chose, mais faire dans le gore et le sensationnel en est une autre. Un film comme Contagion avait réussi à rester dans le thriller sans faire jaillir le sang de part et d’autre alors pourquoi en faire autant ici ?
Malgré tout le côté émotionnel fonctionne même si on sera parfois très limite, le film allant jusqu’à proposer des plans aux références religieuses prononcées. Ce qui reste le plus dommage dans tout ce melting-pot pathos, c’est qu’il manque incroyablement de profondeur. Il y aura bien une séquence entre réfugiés intéressante ou Ewan McGregor nous prend aux tripes mais rien de plus, le film ne cherchant ni à développer ses personnages ni son côté politique. Que se passe t-il autour ? Comment les choses s’organisent ? Aucune idée, les hôpitaux étant eux aussi absents d’écrans de télés ou radios nous permettant de saisir l’évolution de la situation. Tout est à la fois dérangeant et trop simple, comme si tout réussissait à se régler comme par magie alors que dans ce moment là, on aurait tendance à penser que c’est plutôt l’endroit où tous les espoirs meurent. D’ailleurs le réalisateur ne se prive pas, jouant sans cesse avec le spectateur, et surtout, ses personnages jusqu’à l’écœurement dans une scène de retrouvailles à la fois niaise et dénuée de tension.
Bref The Impossible est clairement loin du film auquel on peut s’attendre et fait de nos craintes une réalité. Outrancier et mal écrit, le film s’embourbe dès ses premières minutes par sa volonté à vouloir à tout prix faire pleurer le spectateur. Pas l’espace d’une minute on ne nous épargnera le côté extraordinaire de la situation et le fait que ce qu’a vécu cette famille est un miracle comme on en voit trop peu. Vous n’éviterez d’ailleurs pas la petite photo de famille en fin de générique qui fait bien pleurer dans les chaumières. Au lieu de proposer un véritable fond et d’avoir la volonté d’approfondir son sujet, le film continue à empiler les clichés les uns après les autres. A part les quelques plans larges sur les ravages causés par la catastrophe, vous ne verrez jamais l’envers du décor, le réalisateur étant trop occupé à s’occuper du sort de ces pauvres européens en proie au déchirement. Parfois même vulgaire et beaucoup trop moralisateur, on préfèrera en rire.