The Killer
6.1
The Killer

Film de David Fincher (2023)

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La première tentative Netflix de Fincher aka Mank m'avait franchement plu sur l'instant avant de ne devenir qu'un vague souvenir distant. Je n'attendais pas forcément du réal l'adaptation d'une BD après son escapade dans l'industrie hollywoodienne des années 40, et la lecture des premiers tomes me laissait présager quelque chose avec lequel je n'allais pas le plus accrocher. Entre une intrigue très chiche en détails et son protagoniste mutique car trop préoccupé à faire des monologues d'ado dans sa tête, la BD démarrait pour ainsi dire pas très bien pour moi, la qualité des cases n'y changeant pas tant que ça. Pour autant, une ironie a fini par pointer le bout de son nez, rendant la lecture de ce perso un peu plus intéressante, partagé entre l'image d'élite du meutre déconnectée de la société qu'il tente de maintenir, et la réalité qui nous rappelle qu'il n'est certainement pas l'être spécial qu'il croit être. Il n'a pas des pensées creuses, il les a parce qu'il EST creux, malgré sa surface de tueur froid. Finalement, je n'ai pas été déçu : pour ma part j'ai vraiment aimé l'approche médicale de Fincher, qui matche très bien le style narratif de la BD. La voix off du tueur m'a occasionnellement saoulé effectivement, mais vu le montage sonore fait tout autour je pardonne, d'autant qu'à mesure que le scénario avance on comprend que ces pensées n'ont pas pour but d'être prises au sérieux. L'exercice a été mieux réalisé par Fincher sur des oeuvres antérieures cependant. J'ai suivi avec plaisir cette quête du début à la fin, satisfait par le perfectionnisme esthétique de Fincher qui empêche l'affreusement maigre intrigue d'être un fardeau. Le maniérisme de Fassbender dans ce rôle colle à merveille à la souplesse visuelle de Fincher, rendant son personnage très magnétique malgré le cachet assez banal qui se dégage de son écriture.La BO et le montage sonore, aussi soignés que le visuel, achèvent de rendre l'expérience très immersive malgré la pauvreté de l'intrigue. J'ai même l'impression que le film a été préparé en étant pensé pour les spectateurs qui le découvriront avec des écouteurs ou un casque, comme pour confirmer que Fincher a pleinement conscience de la façon dont une partie du public peut découvrir les films de nos jours. Je regrette le final cependant, qui me laisse vraiment sur ma fin.Le souci... C'est que j'ai la sensation d'avoir eu ce même état de satisfaction après avoir vu Mank. Pourtant, je n'en retiens aujourd'hui plus grand chose. Je crains hélas que, à moins que Fincher ne se motive à nous offrir une suite dans un honorable délai, The Killer ne finisse rangé sur la même étagère.


Un rapide mot sur la thématique du capitalisme : j'ai aimé sa critique, aux antipodes de celle de Fight Club dont The Killer semble être l'antithèse. Il y a de quoi en discuter mais pour éviter trop de spoil je vais m'arrêter là.

Chernobill
7
Écrit par

Créée

le 13 nov. 2023

Critique lue 19 fois

Chernobill

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