The Lords of Salem par pierreAfeu
Rob Zombie n'est pas le premier à subir les humeurs de distributeurs frileux. Si son dernier film ne sort qu'en DVD, on s'en contentera donc avec regrets. Et pourtant, baroque et furieux, infiniment riche, The lords of Salem est un pur film de cinéma.
Récit contemporain sur le retour des sorcières de Salem, The lords of Salem dépeint la transformation d'une femme aux prises avec des forces troubles.
Depuis La maison des 1000 morts et le fantastique The devil's reject, on sait qu'un film de Rob Zombie n'est pas tout à fait un film comme les autres. Lyrique et grotesque, son cinéma s'affranchit des règles pour mieux explorer l'âme, et pousser le spectateur sous de continuelles douches écossaises aussi jouissives que déconcertantes.
À ce titre, The lords of Salem est incontestablement son film le plus abouti. On sent la maîtrise absolue de l'artiste derrière chaque image. La photo est tout simplement somptueuse. Le noir y est travaillé dans toute sa profondeur, contrastant magnifiquement avec les ocres, les rouges sang, les gris épais. On pense au sublime Twixt de Coppola, dont la beauté formelle est tout aussi sidérante.
Film gothique redonnant de l'âme au satanisme, The lords of Salem inverse les codes et place les adorateurs de Satan en icônes religieuses. Les ors des lieux de culte, Le Requiem de Mozart, Le Velvet Underground, les envolées lyriques, tout concourt à l'ivresse : les sens retournés, le spectateur se laisse envoûter par l'ambiance sombre, les décors nocturnes, le rythme lent et la richesse graphique d'un film inclassable.
Le final vertigineux impose l'inclassable talent d'un réalisateur dont la liberté n'a d'égal que la rigueur. The lords of Salem n'est pas un film "barré" mais une œuvre construite, pensée et totalement assumée. On sait qu'on pourra y revenir pour explorer l'une des multiples pistes qu'il ouvre.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est aussi un film incroyablement doux, apaisant, une œuvre qui a quelque-chose à voir avec la pureté.
De là à vendre notre âme au Diable, il n'y a qu'un pas...