Des buildings à l’Amazonie. Pour la première fois, James Gray quitte les rues de New-York pour la forêt amazonienne, sur les traces de Percy Fawcett, grand explorateur du XXe siècle. Un dépaysement qui n’affecte en rien les thèmes chers au réalisateur. Beaucoup plus qu’un film d’aventures, The Lost City of Z explore les conflits intérieurs de son héros, donnant, au spectateur, l’envie de se perdre dans la jungle.


En 1906, la Société géographique royale d'Angleterre propose au colonel britannique, Percy Fawcett, de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation…


Des images sorties tout droit d’une vieille carte postale. A la manière d’un Jean-Pierre Jeunet et de son Long Dimanche de Fiançailles, c’est par l’image que James Gray nous transporte dans l’Angleterre du début du XXe siècle avec The Lost City of Z. D’une séquence de chasse à cours à un déjeuner sur l’herbe, la couleur des plans vire  au jaune, nous faisant irrémédiablement penser à l’aspect de ces photographies jaunies par le temps. Mais lors des explorations de Percy FAwcett dans la forêt amazonienne, la couleur s’estompe petit à petit pour laisser place à une lumière plus naturelle. Sans doute pour accentuer l’idée que le temps n’a pas d’effet dans cet espace encore vierge et non modifié par la présence  de l’homme Blanc. Ou bien pour retranscrire au mieux le sentiment du personnage principal, obsédé de trouver cette cité perdue, au point de se sentir plus vivant là-bas que, chez lui, auprès de sa femme et ses enfants. 


Car, plutôt que de suivre benoîtement les pérégrinations de l’explorateur dans la jungle sud-américaine, The Lost City of Z préfère se concentrer sur la psychologie de son héros, toujours en contradictions avec lui-même. En désaccord avec la communauté scientifique sur le peu de considération des indigènes, Percy Fawcett est un homme très ouvert pour son époque, sauf quand il refuse à sa femme de l’accompagner dans son voyage. Soldat pragmatique, il croit, de manière quasi spirituelle, à l’existence de cette cité perdue et au destin qui l’y conduira. Père et  mari dévoué, il n’hésite pas à laisser sa famille  pendant de longues années pour apaiser sa soif d’aventures. Ses allers et retour entre l'Amazonie et l'Angleterre amplifient cela. 



50 nuances de Gray



Des contradictions qui font monter à la surface les thèmes récurrents du cinéaste. Ce n'est pas parce que l'action se trouve loin de New-York que James Gray n'oublie pas ses obsessions. Dans The Lost City of Z, la famille est omniprésente comme un remords au loin, un havre de paix au retour. Comme dans La Nuit nous Appartient, l'opposition père/fils est un ressort essentiel de l'intrigue. Jack en veut à son père de ces multiples abandons mais il partira finalement pour l'Amazonie, avec lui. Malgré leurs différences, le sentiment de filiation est plus fort que tout. La condition sociale est également l'un des thèmes forts. Dans The Immigrant, James Gray suivait le parcours d'une immigrée polonaise en quête de rêve américain et d'une vie meilleure. Dans The Lost City of Z, Percy Fawcett cherche à tout prix à intégrer la haute-société britannique. Devenir explorateur lui permettra d'obtenir cette reconnaissance. Mais plus que l'ascenseur social, c'est le rêve de découvrir une civilisation très ancienne qui le fera avancer.


Avec The Lost City of Z, James Gray livre plus qu'un simple film d'aventures. Au final, le cinéaste ne reste que très peu de temps dans la forêt amazonienne, préférant se pencher sur les raisons de son héros à entreprendre autant de voyages. Un héros tiraillé de contradictions mais avec une obsession : découvrir la cité de Z. Un voyage qui mérite un A+. 

claudie_faucand
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le 13 avr. 2017

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