The Lovers
7.7
The Lovers

Film de Tsui Hark (1994)

Je n'irai pas par quatre chemins. The Lovers est le plus beau film de l'histoire du cinéma. L’œuvre qui, à mon sens, surclasse tout, détrône tout, se classe au sommet de tout ce qui a pu être produit et réalisé en matière de pellicule. Une création artistique ultime dont en sort, vidé, lessivé, en larmes, bouleversé, secoué, renversé, anéanti!


The Lovers a été réalisé en 1994 par Tsui Hark, réalisateur hongkongais né au Vietnam, qui a littéralement révolutionné le cinéma asiatique au milieu des années 80. Son œuvre est immense, unique, riche et foisonnante, et on peut dire sans hésiter qu'elle a changé la face du cinéma d'Asie. Tsui hark a abordé tous les genres, de la comédie musicale, au film d'action, du polar au film en costume, du film de chevalerie au cinéma d'arts martiaux... Parfois de manière foutraque mais assumée, souvent avec un génie inégalé, il dynamite littéralement des genres de films dépassés, en perte de vitesse ou oubliés pour les reconstruire sur des bases nouvelles et modernes, conjuguées à un respect de l'histoire et les traditions chinoises. Il a ainsi su remettre au goût du jour les plus grands héros chinois (Détective Dee, Hong Fei Hung...) mais également les plus anciennes légendes traditionnelles, du serpent blanc aux fantômes chinois, sans oublier The butterfly Lovers qui sert de base à ce film unique qu'est The Lovers.


Il s'agit en fait de l'adaptation de La Romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai, qui fait partie du patrimoine intemporel de la Chine et constitue un peu l'équivalent de Roméo et Juliette. Il en existe plusieurs versions, un opéra chinois, un concerto pour violon et orchestre et plusieurs adaptations cinématographiques. The Lovers représente de loin la plus réussie.


Un haut fonctionnaire de la cour impériale rentre pour annoncer à sa femme qu'il compte marier leur fille unique, Chu Ying-tai, à un des héritiers de la famille Ma. Afin d'assurer ce mariage, il fait passer à cette dernière un examen sur l'art, mais il comprend très vite que sa fille est incapable de jouer de la lyre, de rédiger ou de réciter un poème. La mère de Ying-tai décide alors de l'envoyer au collège Sung Yee afin de parfaire son éducation, pendant trois ans, mais pour ce faire, la fille doit se travestir en garçon pour apprendre dans ce collège non-mixte. Après avoir été reçue par la directrice de l'école, elle rejoint la bibliothèque, où elle s'apprête à dormir mais elle fait la rencontre du jeune Liang Shan-po qui ignore que Ying-tai est une fille. Progressivement, une histoire d'amour passionnel va naître lorsque Liang Shan-po comprend l'identité de Ying-tai. Ils promettent de se marier mais la famille de la jeune fille ne le voit pas sous cet angle là.


Tsui construit une œuvre en trois temps. Trois mouvements, trois états, trois parties bien distinctes. La première, légère, humoristique et charmante, conte la rencontre des protagonistes de l'histoire et la naissance de ce que Liang Shan-po pense être une amitié. Une relation solide s'instaure au travers de la solidarité qui lie les deux futurs amants. Tsui Hark nous rend ainsi ainsi les personnages attachants à travers la complicité, puis la solidarité et enfin l'amour des deux personnages principaux. La seconde partie décrit la passion qui unit les deux amants. Ces moments plus graves, s'avèrent également empreints de sensualité et d'érotisme. C'est dans cette partie que les amants se déclarent leur amour. La troisième partie, sans nul doute la plus sombre et la plus bouleversante, plonge dans le drame le plus total pour culminer avec le final dans un maelstrom d'émotions qui emportent le spectateur comme un tsunami incontrôlable.


Tsui Hark, porté par la grâce et soutenu par la célébrissime musique du concerto, remise au goût du jour par James Wong, s'éloignant du cinéma chaotique et hystérique qui fit son succès, livre une œuvre d'une sensibilité extrême, d'un romantisme échevelé, portée par une mise en scène magistrale, tout en élégance et en finesse, en douceur et en sensibilité jusqu'au final apocalyptique.


Les images d'une beauté fulgurante, secondée par une bande musicale bouleversante, reflètent tous les états d'âme des protagonistes. Le cinéma de Tsui hark n'est ici pas psychologique, il est symbolique. Et ce sont les couleurs et les tonalités des images qui reflètent leurs sentiments et leurs émotions.


Les deux acteurs principaux de l'intrigue, Charlie Young et Nicky Wu, portent le film sur leurs épaules et livrent à la fois chacun et ensemble une interprétation bouleversante et magistrale, créant ainsi sur l'écran un de ses couples mythiques au cinéma comme il en existe peu.


On est alors emporté par cette œuvre sublime, ce summum cinématographique, cette avalanche d'émotions qui culminent lors du final et laissent le spectateur dans un état émotionnel rarement atteint auparavant. On en ressort vidé, emporté par des torrents incessants de larmes, secoué, renversé, annihilé, anéanti, subjugué par une telle réussite... et on en redemande!!!

PierreRodiac
10
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Créée

le 5 mars 2017

Critique lue 950 fois

4 j'aime

Pierre Rodiac

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