Ils sont rares et donc précieux ces films qui vous mènent à la fois au bord d'un éclat de rire et aux prémices des larmes, effleurant à chaque plan cette petite corde au fond de vous qui pourra vous faire basculer à tout moment. Ces films-ci vous surprennent à essuyer une goutte salée au coin d'un oeil ou à sourire béatement pendant plusieurs minutes sans raison particulière.
Ces films, ces bijoux de simplicité et de sincérité, n'ont pas besoin de beaucoup de mots. Il suffit d'une ambiance, d'un parfum, d'une lumière ou d'un regard. Le bon acteur dans le bon rôle ou la bonne réplique au bon moment.

Dans le cas de The Lunchbox, il suffit surtout de quelques détails : une galette gonflée de chaleur sur une flamme, un panier suspendu à une corde, un stabilo rose, une poupée aux yeux bandés ou une fenêtre ouverte.

Absolument dépaysant, culinairement envoûtant, The Lunchbox dépeint à merveille la foule solitaire que constituent les habitants de Bombay, serrés les uns contre les autres, massés, voire parqués dans une cité tentaculaire en route vers la modernité avec un peu de retard.
Dans cet univers où même le temps semble parfois avoir perdu ses repères, deux êtres se rencontrent par erreur. Se rencontrent donc. Et cette lunchbox, mauvais train à destination de la bonne gare, leur servira de messager aux fumets d'épices.
Des petits mots pour le dessert, friandise savourée comme une prière.

Sans doute l'une des meilleures "comédies romantiques" de ces dernières années, même s'il ne peut supporter une telle étiquette car il n'est ni vraiment comique, ni totalement romantique, The Lunchbox critique et dénonce autant qu'il loue et célèbre. D'une sensibilité intense et d'une subtilité tellement ténue qu'elle confine parfois au clin d'oeil, le film nous porte entièrement dans son lit, charriant avec lui ses personnages à la fois à l'aube et au crépuscule de leur vie.

Sans doute un des premiers, voire peut-être le premier, film réalisé par un indien qui croise ma route. Et je pense sincèrement que je demanderai du rab. Car n'oubliez jamais qu'il ne faut pas manger pour vivre, mais bien vivre pour manger...déguster...savourer...goûter...et risquer de se tromper de train.

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le 17 janv. 2014

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Before-Sunrise

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