Avec un box-office américain satisfaisant (près de 25 millions de dollars de recettes), The Mist passe inaperçu en France avec une faible promotion. Ceux qui n'ont pas lu le livre apprécieront, les fans de Stephen King peut-être un peu moins. On ne peut pas aller jusqu'à parler de déception ou de ratage complet mais le film laisse un petit goût de trop peu pour parler de grand succès.

Le réalisateur n'arrive pas dans le film de genre avec l'étiquette « Petit nouveau ». Dans ses débuts, Franck Darabont collabore aux scénarios de Freddy 3 (1987), le Blob (1988) ou bien encore la Mouche 2 (1989). Il se révèle au grand public grâce aux Evadés (1994) qui reçoit sept nominations aux Oscars et qui entame sa collaboration avec Stephen King. La deuxième au menu sera La ligne Verte, également un succès critique et commercial.

Avec The Mist, le réalisateur poursuit cette relation basée sur la confiance et la fidélité au matériau de base. Les œuvres de Stephen King ont en effet connu de nombreuses adaptations allant de l'échec total comme Dreamcatcher (2003) au chef d'œuvre comme Shinning (1980). Ici, The Mist est une adaptation de Brume, paru en 1985. Des habitants d'une petite ville de Maine se retrouvent prisonniers d'un centre commercial, entourés par une brume opaque abritant des créatures de cauchemars. Les tentatives de fuite s'avèrent infructueuses et souvent mortelles pour les plus courageux. Le mystère sur la provenance de la brume envenime les relations entre les rescapés et le refuge du centre commercial se transforme peu à peu en piège pour ceux qui restent.

Des acteurs dans le brouillard

Est-il seulement possible de faire du Stephen King au grand écran ? Comme dit précédemment, les adaptations des nouvelles ou romans de l'auteur américain ne manquent pas mais ce sont des adaptations, une vision basée sur une écriture bien particulière. Stephen King, en 20 ou 500 pages, arrive à créer une ambiance visuelle, qui attise l'imagination du lecteur, une atmosphère quasiment impossible à retranscrire à l'écran.
Reste aux différents réalisateurs à s'atteler à une tâche presque perdue d'avance. Pour devenir une bonne adaptation, il ne suffit pas de faire un copier/coller de l'histoire en scénario, bien au contraire. La fidélité se trouve davantage dans le talent de s'imprégner de la substantifique moelle du papier, de l'idée principale du roman et de la faire partager au spectateur. En cela, The Mist surpasse pas mal de films tirés de Stephen King mais déçoit quelque peu par rapport aux autres adaptations réalisées par Franck Darabont. Le film pêche par un manque de profondeur des personnages par un casting bien fade (Thomas « The Punisher » Jane dans le rôle du héros torturé mais toujours courageux) tout juste rehaussé par l'interprétation de Marcia Gray Harden dans le rôle de Madame Carmody, une bigote métamorphosée en prédicatrice populaire. Les effets spéciaux sont rares et la brume, personnage principal dans le livre, reste sous-exploitée.

The Mist, l'éclaircie avant Marche ou Crève

Une fois ces défauts acceptés, The Mist se regarde sans ennui, Franck Darabont ayant compris l'essentiel du livre. Les créatures servent de raison/prétexte aux véritables inclinaisons humaines. Ces instincts primitifs reprennent vite le dessus face à la situation et la survie revêt des aspects beaucoup plus noirs que l'horreur extérieure. The Mist se classe loin du panthéon des meilleurs films d'horreur mais aurait pu se placer dans les meilleures adaptations de Stephen King. Faute peut-être à un manque de cran d'un réalisateur pourtant sur la bonne piste.
Bref, le film ne souffre pas trop de son manque de salles et se rattrapera sûrement en DVD et à la télévision. Stephen King semble s'en contenter vu que les deux hommes ont d'ores et déjà un autre projet en commun : The Long Walk, adaptation de Marche ou crève, un survival road movie dénué de fantastique. Encore un défi qui confirme la dynamique positive autour des œuvres de Stephen King qui se concentre sur la véritable horreur : celle que renferme l'être humain.

Créée

le 10 mai 2010

Critique lue 671 fois

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Engagé-Guignol

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