The Neon Demon, c’est avant tout une ambiance. Electrique, brillante et explosive dans ce dernier long-métrage, la beauté visuelle des scènes est clairement la marque de fabrique du réalisateur danois Nicolas Winding Refn depuis Le Guerrier silencieux. Trop concentré sur sa plastique, il en ressort une impression générale de nombrilisme emprisonnant The Neon Demon dans un sinistre engourdissement.


L’arrivée de Jesse dans le monde du mannequinat est ce qui s’apparente à une révolution. Eclipsant les autres mannequins dans une candeur insultante, la belle blonde s’attire rapidement l’animosité de ses concurrentes. Une animosité qui, nourrie par la jalousie, s’envenimera de façon surprenante.


La dualité entre la pureté juvénile de Jesse et la démence de la meute de professionnelles est au point de vue scénaristique le seul élément notable. Délice visuel, le film frise souvent le grotesque au niveau du fond, en particulier sur la fin. L’atmosphère onirique, presque hallucinatoire, est sublimée par la musique de Cliff Martinez.


Dressant un portrait au vitriol de la mode, un monde parfait pour que le réalisateur puisse explorer un cinéma féminin et y appliquer son vernis de contemplation esthétique, The Neon Demon est la révélation sensationnelle de l’actrice Elle Fanning qui interprète Jesse. Beauté éblouissante, jeunesse débordante de vitalité et d’innocence, l’actrice fait également preuve d’une grande maturité du haut de ses 18 ans.


Le cinéma n’est pas juste une succession de belles images. L’incroyable travail plastique de Nicolas Winding Refn tend vers une radicalité déroutante. Dans un jeu de lumières et de couleurs hypnotisant, le réalisateur explore un monde où la femme est omniprésente et soumise aux fantasmes de beauté. Un grand écart vertigineux est effectué vis-à-vis de ses films bourrés de testostérones et de héros comme le prisonnier Bronson ou le guerrier One-eye. L’exercice de style est réussi, mais le film possède trop d’inégalité pour passer à la postérité. Qui sait, peut-être qu’en mangeant un bout d’Elle Fanning

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le 23 oct. 2017

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Vincent Ruozzi

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