Un triptyque hypnotique

"The Place Beyond The Pines" est bien plus qu'un film. Captivant, sombre, réaliste et touchant, Derek Cianfrance nous peint un chef d'oeuvre dense en trois tableaux. Le premier dresse le portrait de Luke, un cascadeur à moto interprété non sans nonchalance par Ryan Gosling (qui d'autre après "Drive"?). Celui-ci va devoir endosser ses responsabilités de père aux côtés de Romina (Eva Mendes, touchante et pleine de sensibilité dans ce drame familial). Mais la route qu'il va devoir emprunter le mènera malheureusement à sa perte. On a alors affaire à une course poursuite effrénée du motard blond peroxydé, avec une mise en scène électrique, branlante et dérangeante qui nous mène finalement là où on ne s'attend pas. Et c'est là le premier coup de maître du réalisateur et scénariste américain. S'en suit alors le deuxième tableau, qui insiste sur les conséquences du premier. Bradley Cooper y tient la part belle dans son rôle de flic aspirant au pouvoir, livrant une prestation d'une justesse sans égal. On a alors l'impression de regarder un autre film, avec une atmosphère encore plus lourde et pressante que la première, mais sans les mêmes artifices employés dans le premier tableau, plus électrique. Enfin, survient le troisième et dernier tableau : le choc des générations, 15 ans plus tard. "C’est un film sur le thème de l’héritage et de la transmission. Il y est question des choix que l’on fait et de la manière dont ils affectent plusieurs générations" explique Derek Cianfrance, captivé par les histoires familiales.

A noter également le rôle signifiant de la musique, signée par le musicien de Faith No More, Mike Patton. Tous les signes sont donc réunis pour faire de "The Place Beyond The Pines" une oeuvre atypique et postmoderne, que ce soit dans sa construction narrative que dans sa mise en scène et sa bande originale.