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The Racket
5.8
The Racket

Film de Lewis Milestone (1928)

La fin des années 20, celle du cinéma muet, mais aussi, aux Etats-Unis, la fin approchante de la Prohibition, drôle d’époque où l’on prive d’ivresse une société qui y semble naturellement soumise. Le jeune cinéaste Lewis Milestone, futur réalisateur de chefs d’œuvre tels qu’A l’Ouest, rien de nouveau, signe dans ce contexte l’un de ses premiers long-métrages, The Racket.


Dans les ruelles de la ville, quand la nuit tombe, ce sont les truands qui font la loi. Ceux qui s’en portent garant, eux, les arpentent sans jamais être véritablement en mesure de pouvoir lutter. Ce n’est jamais qu’en l’interdisant que l’alcool est devenu un business florissant, que l’on produit dans des distilleries cachées et que l’on sert dans des bars clandestins nommés speakeasies. Dans The Racket, le policier est celui qui est supposé être le dépositaire de l’autorité et de la loi, mais celui qu’il affronte s’avère en réalité bien plus puissant que lui, et tout simplement au-dessus des lois.


Le film de Lewis Milestone montre ici l’un des premiers grands paradoxes de la Prohibition, qui consiste en une règlementation sévère visant à cadrer la population, mais qui n’a, en réalité, fait qu’encourager l’illégalité, qui a fait imaginer de nombreux stratagèmes pour la contourner, et qui a donné du pouvoir à ceux qui la bravaient. Le film vient aussi faire en sorte de forcer le policier à embrasser l’univers du gangster, de le pousser à s’y conformer pour mener son enquête mais aussi voir quelle était la réalité d’une frange aisée de la société de l’époque. Nous pourrions ainsi dire qu’il n’y a pas d’ordre sans désordre, comme en témoigne ce film où les manigances se multiplient et où l’étau se resserre autour des protagonistes dans ce cadre des Années Folles où régnait une frénésie enthousiaste et débordante.


Lewis Milestone parvient bien à la mettre en scène, notamment au détour de la scène du speakeasy où McQuigg (le policier) suit Scarsi (le gangster), celle-ci cristallisant toute la tension latente qui règne dans le film. La caméra est agile, mouvante, conférant au film un rythme certain qui permet de s’accorder avec l’esprit de l’époque, mais aussi de rendre cette enquête entraînante et prenante. Cependant, celle-ci n’arrive pas toujours à l’être pleinement, dévoilant et jouant ses atouts principalement pendant ses deux premiers tiers, concédant alors un dernier acte plus poussif et moins convaincant.


The Racket est aussi la promesse d’une confrontation entre deux figures, avec le gangster d’un côté et le policier de l’autre. Et si Thomas Meighan, qui incarne l’officier, a pour lui la mise en avant sur l’affiche du film, c’est bien Louis Wolheim qui livre la prestation la plus intéressante, surclassant assez largement son adversaire à l’écran, qui pâtit aussi d’un personnage plus lisse et moins marquant. C’est aussi un reproche fait aux Nuits de Chicago, où le héros bénéficie d’une aura moindre vis-à-vis de son antagoniste, qui était aussi campé par un acteur bien connu, George Bancroft. Peut-être est-ce dû au fait que la figure du gangster marque aussi davantage, comme en témoigneront les films qui sortiront les années qui suivront, et qui choisiront justement d’en faire les personnages principaux de leurs histoires. Toujours est-il que The Racket reste un film intéressant, qui a ses défauts, mais qui montre déjà, notamment, une idée des talents de Lewis Milestone à la réalisation.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
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le 6 oct. 2021

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